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Royaume-Uni : rejet du nouvel accord sur le Brexit et potentielles conséquences dans les secteurs de vie 

(La première ministre britannique, Theresa May, face aux députés le 12 mars 2019)

Le 29 mars 2019 est la date fatidique de la sortie ou rien pour le Royaume-Uni de l’Union européenne. Mais l’incertitude la plus totale va-t-elle céder la place au pire ? Car, les députés britanniques ont rejeté mardi 12 mars le nouveau accord de Brexit trouvé entre Londres et Bruxelles le lundi 11 mars 2019 à Strasbourg, en France. Ce nouveau rejet des élus du peuple britannique, renforce la possibilité d’une sortie sans accord du Royaume-Uni de l’Union européenne. Ce non du parlement britannique pousse peu à peu le Royaume-Uni à mettre fin, du jour au lendemain, à 46 ans d’appartenance à l’UE. Le pays de la Reine Elisabeth va ainsi quitter le marché unique et l’union douanière sans période de transition ?

Si oui, quelles seront les conséquences si le Royaume-Uni sortait de l’UE sans aucun accord ? Voici ce qui se passerait après le 29 mars en cas de la consommation du divorce dans plusieurs domaines et sans que les précautions soient prises :

Frais téléphoniques et bancaires

Une des premières conséquences visibles pour les consommateurs britanniques et européens concerne l’itinérance, soit la faculté d’utiliser le réseau d’un opérateur de téléphonie mobile à l’étranger. Le service, actuellement gratuit pour les consommateurs au sein de l’UE, engendrerait en cas de « sans accord » des frais pour les voyageurs franchissant la Manche ou la frontière irlandaise. Idem pour l’usage de cartes de paiement, qui devrait entraîner des frais supplémentaires, tandis que les procédures bancaires seront « plus lentes », d’après Londres. Au sein de l’UE, les clients des banques d’investissement basées au Royaume-Uni ne pourront plus faire appel à leurs services financiers. De nombreux établissements ont mis en place des filiales sur le continent pour éviter les perturbations.

Médicaments et sperme

Pour parer à toute éventualité, le Royaume-Uni, qui dispose de trois mois de stocks de médicaments habituellement, a augmenté ses réserves pour bénéficier de six semaines supplémentaires. Récemment, les britanniques ont fait un stock d’insuline, sur fond d’inquiétudes exprimées par les quelques 3,7 millions de diabétiques que compte le pays. Par ailleurs, le Royaume-Uni quittera l’Agence européenne du médicament mais continuera à reconnaître temporairement les tests et certifications européens pour éviter une double procédure et une rupture de la chaîne d’approvisionnement. Londres ne pourra cependant plus faire appel aux banques de sperme européennes : les établissements britanniques devront développer de nouveaux accords et pourraient faire appel à des importations venues d’ailleurs.

Bonjour la paperasse

Les milliers d’entreprises qui importent ou exportent au Royaume-Uni devraient apprendre à remplir des nouvelles déclarations de douane et pourraient subir de nouvelles taxes. Londres a dit travailler avec l’industrie pour « minimiser les délais et les fardeaux supplémentaires ». Le Royaume-Uni a également annoncé la mise en place d’un système d’indications géographiques protégées pour des produits alimentaires comme le whisky écossais ou le fromage Stilton, jusqu’ici reconnus par des labels européens. Le gouvernement a conseillé aux producteurs de demander l’obtention d’un tel statut protecteur auprès de l’UE.

Les paquets de cigarettes changeront

Il faudra introduire une nouvelle iconographie pour prévenir des risques du tabagisme, les droits des photos utilisées étant la propriété de la Commission européenne.

L’accès à Netflix

Terminé le streaming dans sa forme actuelle ? Le gouvernement britannique a prévenu sa population qu’elle pourrait perdre l’accès à certains services de streaming, comme Netflix ou Spotify, une fois le pays sorti du « marché unique numérique ». Les consommateurs qui achètent en ligne verraient leurs frais augmenter parce que les colis livrés depuis le continent ne pourront plus prétendre à une TVA allégée.

Des perturbations dans les transports

Les Britanniques en vacances en Europe pourraient également devoir obtenir un permis de conduire international car les leurs « pourraient ne plus être valables ». Quant au transport d’animaux domestiques, il serait encadré par des règles sanitaires plus strictes.

En cas de « sans accord », les compagnies aériennes britanniques et européennes perdront le droit automatique d’opérer des vols entre l’UE et le Royaume-Uni. Face au risque de chaos dans les aéroports, les autorités britanniques et européennes envisagent d’accorder mutuellement des permissions temporaires aux compagnies pour permettre le maintien des liaisons aériennes. Un arrangement similaire devrait concerner le service de train Eurostar et les autres opérateurs ferroviaires, ainsi que le transport routier. Londres a signé des contrats avec des compagnies de ferry pour renforcer les liaisons avec le continent, espérant ainsi fluidifier le trafic et éviter des embouteillages à proximité des ports, confrontés au rétablissement des contrôles.

Au delà de ces aspects touchant la vie quotidienne, un « sans accord » ne serait pas non plus sans conséquences sur le plan économique. Effondrement de la livre, flambée des prix, exode de grands groupes internationaux. Voici les conséquences possibles sur l’économie du Royaume-Uni.

Croissance

Les économistes s’attendent à ce que l’activité traverse un trou d’air, certains évoquant même une récession à cause du choc sur les dépenses des ménages et l’investissement des entreprises. Le gouverneur de la Banque d’Angleterre (BoE), Mark Carney, n’a pas exclu une contraction temporaire du produit intérieur brut. Dans le pire des cas, la BoE s’attend à une montée en flèche de l’inflation à 6,5% et du chômage à 7,5%, et à un plongeon de 30% des prix de l’immobilier résidentiel.

Marchés financiers

Dans son scénario le plus sombre, la Banque d’Angleterre prévoit un effondrement de la livre sterling de 25%. Face au risque de crise financière, la BoE a demandé aux banques d’augmenter leurs fonds facilement mobilisables, dont le montant dépasse désormais les 1.000 milliards de livres au total.

Droits de douane

Le pays subirait le retour de droits de douanes et des tracasseries administratives aux frontières avec l’UE, avec des échanges commerciaux régis par les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Pour contrer toute incidence économique, le gouvernement britannique réfléchit selon la presse à réduire drastiquement et unilatéralement les droits de douane qu’il impose aux importations. Reste que des queues monstres sont à craindre dans les ports britanniques. Des contrôles plus fermes risquent en outre de créer la pagaille dans la gare londonienne de Saint-Pancras pour les voyages en Eurostar.

Consommation

Les prix de certains biens devraient s’envoler en répercussion de l’instauration de droits douanes et du renchérissement des importations découlant de la chute de la livre. Les rayons des supermarchés pourraient être moins bien garnis du fait de la difficulté de faire venir les produits du continent, notamment les légumes et fruits frais.

Secteur automobile

Le secteur automobile serait le plus exposé à un Brexit sans accord, qui déréglerait les chaînes d’approvisionnement et pourrait pousser au départ de grands constructeurs. Le japonais Nissan a déjà renoncé à produire un Crossover dans le pays. Son concurrent Honda a pris la décision radicale de fermer en 2021 son usine britannique, même s’il n’a pas évoqué le Brexit. Totoya a quant à lui menacé de quitter le Royaume-Uni, tandis que le géant de l’aéronautique Airbus a évoqué des décisions « très douloureuses », avec à la clé des dizaines de milliers d’emplois menacés dans l’industrie.

De toutes ces informations selon la presse internationale et notamment britannique, il urge de prendre les dispositions idoines pour ne pas être surpris au lendemain du 29 mars 2019.

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