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Canada : le premier ministre, Justin Trudeau, dans le viseur de la justice pour ingérence politique dans une affaire de l’institution

Le chef du gouvernement canadien est dans de mauvais draps. Fin de cette semaine, de nouveaux documents ont relancé les allégations d’ingérence contre Justin Trudeau. En effet, son ancienne ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, a transmis vendredi 29 mars de nouveaux documents appuyant les accusations de pressions du Premier ministre canadien, Justin Trudeau, pour noyer un procès visant la société canadienne SNC-Lavalin. L’ancienne ministre du gouvernement Trudeau a fourni à une commission parlementaire chargée d’enquêter sur l’affaire, une quarantaine de pages de documents. Parmi ces documents se trouve une conversation téléphonique de l’ancienne ministre avec le plus haut fonctionnaire du Canada, que cette dernière a enregistrée à l’insu de son premier ministre.

L’étau se resserre autour de Justin Trudeau

Dans l’enregistrement que l’ancienne Garde des Sceaux canadienne a remis à la commission d’enquête et qui a été rendu public, le chef des fonctionnaires Michael Wernick, proche du Premier ministre Trudeau, a rassuré qu’il « va vouloir parvenir à ses fins d’une façon ou d’une autre », selon une retranscription de la conversation. Celui-ci « veut que le gouvernement fasse tout en son pouvoir pour éviter la perte de 9.000 emplois à l’effectif canadien du géant du BTP. », a-t-il précisé. Pour Jody Wilson-Raybould la conversation « est absolument inappropriée et que cela constitue de l’ingérence politique ».

Des menaces voilées

Le 27 février 2019, l’ancienne ministre canadienne de la Justice, Jody Wilson-Raybould, avait déjà cité des extraits de cette conversation téléphonique lors d’une dépositiaon d’une durée de quatre heures de temps qu’elle avait faite devant cette même commission parlementaire d’enquête. L’ancienne ministre accuse le chef du gouvernement canadien d’avoir exercé sur elle des pressions « inappropriées » et des « menaces voilées » pour éviter un procès à SNC-Lavalin, poursuivi pour corruption en Libye. Depuis près de deux mois, le Premier ministre et son entourage sont confrontés à une grave crise politique. « Il ne s’agit pas de sauver des emplois, il s’agit de faire ingérence dans les affaires d’une de nos institutions fondamentales… cela revient à violer le principe constitutionnel de l’indépendance judiciaire », a dénoncé l’ancienne Garde des Sceaux canadienne.

Selon l’Agence France Presse (AFP), Jody Wilson-Raybould, qui parle avec assurance et éloquence dans l’enregistrement d’une durée de 17 minutes, a précisé dans une note adjointe que celui-ci ne devait lui servir que « d’aide-mémoire » en l’absence d’un employé pour prendre des notes de la conversation. Ces révélations ne sont pas restés sans conséquences pour l’ancienne ministre canadienne de la Justice. Suite à ces faits, elle a été rétrogradée au poste de ministre des Anciens combattants lors d’un remaniement début janvier, avant de démissionner mi-février. Elle estime que cette rétrogradation est la conséquence de son refus de céder aux pressions présumées du Premier ministre.

Des défections en série

Pour sa part, le chef du gouvernement canadien, ne reconnait pas ces accusations. Justin Trudeau a démenti être intervenu de manière « inappropriée » auprès de son ancienne ministre de la Justice mais a admis avoir de « nombreuses leçons à tirer » de l’affaire SNC-Lavalin. Le Premier ministre du Canada a assuré avoir seulement demandé à son ancienne Garde des Sceaux de « chercher un avis juridique externe sur l’opportunité de conclure avec SNC-Lavalin un accord à l’amiable, comme la loi l’y autorise, afin de lui éviter une condamnation pénale qui compromettrait son avenir ». Mais l’encourage du chef de l’exécutif canadien semble ne pas apprécier l’acte du plus haut fonctionnaire de l’État canadien. Car, en l’espace de quelques semaines, quatre proches du Premier ministre dont deux ministres ont démissionné. En premier bien évidemment, la ministre de la Justice, puis sa collègue du Budget. Les deux autres sont Michael Wernick qui a annoncé prendre sa retraite, et un proche conseiller de Justin Trudeau.

Il est important de préciser que cette crise politique qui secoue le gouvernement Trudeau survient à quelques mois d’élections législatives, prévues en octobre 2019 au Canada. Mais la victoire s’annonce incertaine pour le parti Libéral actuellement au pouvoir. D’ailleurs, un sondage publié jeudi 21 mars dernier, place le parti de Justin Trudeau, crédité de 28% d’intentions de vote, près de 10 points derrière l’opposition conservatrice (37% d’intentions de vote), selon l’institut Angus Reid. Face à la crise, l’opposition n’est pas resté sans commentaires. « Ces documents et enregistrements sont des preuves concrètes qui démontrent que Justin Trudeau a mené une campagne pour faire de l’ingérence politique dans la poursuite criminelle de SNC-Lavalin », a réagi le chef du parti Conservateur, Andrew Scheer, avant d’ajouter que « le Premier ministre a perdu l’autorité morale de gouverner et il doit démissionner ».

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