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Burkina-Faso : le général Djibrill Bassolé réaffirme son innocence dans le putsch manqué de septembre 2015

(Photo : Djibrill Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso – Source : AFP / Ahmed Ouoba)


Ce mardi 20 août, le procès du coup d’État manqué de septembre 2015 au Burkina-Faso a repris. Le général Djibrill Bassolé, est l’un des principaux accusés dans ce procès. Ce mardi, devant le tribunal militaire, l’ancien ministre des Affaires étrangères du gouvernement précédent et déchu en octobre 2014 par la rue, a réaffirmé son innocence dans le putsch manqué. D’entrée, Djibrill Bassolé a dénoncé une procédure engagée contre lui pour des raisons « subjectives et politiciennes ». Du côté de ses avocats, on plaide l’acquittement. « Les graves violations de mes droits et les nombreuses manipulations que mes avocats vous ont exposées au cours des débats de ce procès montrent bien, s’il en était encore besoin, que je suis poursuivi, incarcéré et renvoyé devant votre juridiction pour des raisons subjectives et politiciennes qui s’éloignent complètement du droit et qui le méprisent de manière ahurissante », a avancé Djibrill Bassolé visiblement affaibli à la barre du tribunal militaire. Soulignons que l’accusé a été absent depuis l’ouverture du procès à plusieurs audiences. Une absence qui s’explique par l’ « état de santé » du général de gendarmerie du Burkina-Faso âgé aujourd’hui de 62 ans. Mais il a été présent à l’audience de ce mardi, car il s’est vu forcé d’assister à l’ultime plaidoirie de ses avocats. « Les infractions qui me sont reprochées ne correspondent en rien à la réalité des faits (…) et ne reposent sur aucun fondement, ni en droit, ni dans les faits », a opiné Djibrill Bassolé. L’ancien membre du gouvernement de l’ancien président chassé par la rue fin octobre 2014 après une dictature de près de trois décennies et réfugié en Côte d’Ivoire, Blaise Compaoré, a été arrêté fin septembre 2015. Le général sera ensuite placé en résidence surveillée deux ans plus tard, soit depuis octobre 2017. Djibrill Bassolé est accusé de « meurtres, trahison et complicité d’attentat à la sûreté de l’État ». Il encourt la prison à vie pour ces charges. Il faut rappeler que le 17 juin dernier, lors d’une audience dans ce même procès, le procureur du tribunal militaire avait requis la peine de prison à vie contre lui et un co-accusé, notamment le général Gilbert Diendéré. Précisons que c’est ce dernier qui avait pris la tête du feu de pagne de l’organe dirigeant des putschistes : le Conseil National pour la Démocratie (CND). « Le traitement du dossier judiciaire en ce qui me concerne a été constamment téléguidé de l’extérieur de la Justice dans l’arbitraire, la démesure et la disproportion », a déclaré l’ancien chef de la diplomatie burkinabè de Blaise Compaoré.

Un dossier sans éléments factuels… complot purement politique

Depuis fin semaine dernière, les avocats du général Djibrill Bassolé sont dans une démonstration de défense. Vendredi 16 août dernier, les défenseurs des intérêts de l’ancien patron de la diplomatie burkinabè se sont succédés à la barre pour clamer l’innocence de leur client. Dans leur défense, Ils ont dénoncé un dossier « sans éléments factuels ». Me Dieudonné Bonkoungou, un des avocats, a d’ailleurs remis en question une fois de plus l’authenticité des écoutes de conversations téléphoniques supposées entre son client et l’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, alors N°1 du parlement ivoirien. Il faut noter que dans cet élément d’écoute, il s’y trouve (entendu) une stratégie qu’élaboraient deux interlocuteurs pour déstabiliser le Burkina-Faso déjà alors sous la gouvernance de Roch Marc Christian Kaboré. Pour sa part, Me Mireille Barry, une autre des défenseurs de Djibrill Bassolé, voit également dans ce dossier un « complot purement politique ». À en croire la femme en robe noire, c’est écarter les proches de l’ancien dictateur dans l’animation de la vie politique burkinabè qui est en ligne de mire. « Nous assistons à un jugement politique qui concerne tous ceux qui ont été, à un moment, proches de l’ancien président Blaise Compaoré », a déclaré l’avocate. Il convient de noter en ce sens que la candidature de Djibrill Bassolé, portée par la Nouvelle alliance du Faso (NAFA) à l’élection présidentielle de 2015, avait été invalidée par un texte voté par l’organe législatif de la Transition burkinabè, le CNT (2014-2015). La raison principale évoquée par le CNT était le soutien de Djibrill Bassolé à la modification constitutionnelle qui aurait permis un troisième mandat de Blaise Compaoré.

État de santé au cœur du procès

Hors mis le sujet principal du procès du coup d’État manqué de septembre 2015 au Burkina-Faso, un autre sujet marque et continue d’ailleurs de marquer le procès depuis qu’il est ouvert au tribunal militaire à Ouagadougou. Il s’agit de l’état de santé de Djibrill Bassolé. Ce mardi à la barre au tribunal, le général burkinabè a puisé dans son dernier effort pour exprimer sa « gratitude » au président du tribunal militaire, Seidou Ouédraogo. Et pour cause, « pour les autorisations » que ce dernier a eu la bienveillance de bien vouloir lui accorder. Ceci, selon lui, histoire qu’il « accède, à l’extérieur du Burkina-Faso, aux soins de santé prescrits par ses médecins traitants ». L’ancien ministre des Affairés étrangères aurait vu juste. Car, rappelons-le, il y a quelques mois, soit en mars dernier, sous l’autorisation du président du tribunal militaire, le mis en cause avait bénéficié d’une évacuation en Tunisie. Dans ce pays nord-africain, il avait été soigné pendant deux mois à la polyclinique de Hammamet pour une « tumeur rare » à l’estomac. À la suite de ce traitement, Djibrill Bassolé avait regagné Ouagadougou début mai dernier. Mais à en croire ses avocats, leur client espère toujours une évacuation en Turquie pour y recevoir des soins adéquats. Seulement qu’ils sont depuis dans l’expression « l’espoir est toujours permis ». Puisque depuis son retour de Tunisie, aucune nouvelle sur cette demande de ces derniers pour que leur client soit évacué en Turquie. Et malgré les multiples alertes de l’entourage de Djibrill Bassolé sur son état de santé qui se dégrade de jour en jour, rien n’y fit. Silence cimetière. Par contre, le président du tribunal militaire a accusé réception un courrier daté du 2 août, de la demande d’autorisation de voyage de Djibrill Bassolé. Le général n’a pas hésité à attirer l’attention de ce dernier sur cette deuxième autorisation. « Votre deuxième autorisation [sic] en date du 2 août, suite au dernier rapport médical de mes médecins me permettra, je l’espère vivement, d’accéder enfin à un centre spécialisé dans le traitement de ma pathologie », a émis l’ancien patron de la diplomatie burkinabè. Notons que bien avant cette demande du début d’août, les défenseurs du prévenu souffrant, deux mois plus tôt, avaient déjà adressé un courrier au chef de l’État français Emmanuel Macron. Ils y sollicitaient la diligence de ce dernier afin que leur client puisse être évacué vers l’Hexagone pour y recevoir des soins propices au sujet du traitement de son mal.

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