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Coronavirus : À quand un vaccin contre le virus ?

Le Bénin compte officiellement à la datte de ce jour, samedi 25 avril, 54 cas infectés et 01 décès liés au Coronavirus. Avec au moins 170 000 décès occasionnés par le virus et des milliards de personnes appelées à limiter leurs déplacements de Porto-Novo à Dehli en passant par Washington, il est bien important d’imaginer que les scientifiques du monde entier travaillent d’arrache-pied pour trouver un traitement pour guérir le Covid-19 et le moyen d’immuniser la population contre le Sars-CoV-2. Ah oui ! Selon le décompte actualisé chaque semaine par une université publique londonienne, en Angleterre, au moins 119 projets de vaccins sont engagés dans cette course contre la montre. Forcément, tous ne sont pas au même stade. L’écrasante majorité des prototypes, dont ceux élaborés en France par le laboratoire Sanofi et l’Institut Pasteur, sont en phase dite préclinique. « C’est lors de cette étape que l’on met au point un prototype en fonction du type de réaction immunitaire que l’on souhaite induire dans l’organisme. », a détaillé la spécialiste membre du Comité Analyse Recherche et Expertise (CARE), Marie-Paule Kieny, qui conseille le gouvernement français sur les traitements et les tests. Il faut noter qu’une fois que le concept est trouvé, on fait des tests sur des petits animaux, souvent des souris, et on produit un lot de vaccins qui répond à toutes les normes en usages cliniques et passe tous les contrôles réglementaires pour être administré à l’homme. « Cette seule étape prend plusieurs mois, deux au minimum. », précise-t-elle. En France, il faut indiquer que certains laboratoires sont toutefois déjà en phase d’essais cliniques. C’est le cas de l’Américain Moderna, aidé financièrement par une agence sanitaire gouvernementale et qui a débuté le 16 mars à Seattle les essais de son vaccin baptisé mRNA-1273 sur trois cohortes de volontaires en bonne santé âgés de 18 à 55 ans. Trois dosages différents leur ont été administrés et la réaction de leur système immunitaire est scrutée de près par les chercheurs. Mais il y ressort que trouver un vaccin contre le Coronavirus relève davantage de la course de fond que du sprint. « Moderna travaille sur un vaccin facile à produire, et qui a été réorienté pour le Sars-CoV-2, ce qui a séduit les autorités américaines. Mais il s’agit d’un pari immense, car la technologie de vaccin sur laquelle ils travaillent n’a pour l’instant jamais été mise sur le marché, ou même établie comme efficace. », pointe le directeur de l’Institut de recherche vaccinale (VRI), Dr Yves Lévy, qui planche également sur un vaccin contre le Coronavirus.

Quelles sont les difficultés rencontrées par les chercheurs

Dans cette course contre la montre, les scientifiques partent avec un handicap de taille. En effet, aucun vaccin n’a jamais été développé contre un virus de la famille des Coronavirus. Sur son site internet, l’Institut Pasteur rappelle ainsi qu’il avait inventé en 2004 un candidat-vaccin contre un autre Coronavirus, le Sars-CoV-1, mais que celui-ci n’avait jamais été « expérimenté chez l’homme car, quand il était prêt, l’épidémie était heureusement terminée, et il n’y avait plus de patients sur lesquels proposer de le tester ». À noter que le savoir-faire développé à l’époque est toutefois « actuellement appliqué par les scientifiques concernés pour un projet en cours de vaccin potentiel ». Aussi, un autre sujet préoccupe grandement les scientifiques qui planchent sur l’élaboration d’un vaccin. Il s’agit de la durée de l’immunité conférée par le contact avec la maladie. À la date de ce jour, l’on ignore encore si les vaccins en cours de développement protègeront à coup sûr la population contre les épidémies à venir. « Il semble pour l’instant que certaines personnes qui ont contracté le Covid-19 bénéficient d’une immunité naturelle de courte durée, ce qui n’est pas un signe très encourageant. », a reconnu Marie-Paule Kieny. Dans une telle situation, la solution pourrait consister à vacciner la population régulièrement contre l’épidémie du coronavirus, à l’image de ce que de nombreux béninois connaissent avec le paludisme. Cette spécialiste précise toutefois qu’il n’est pas exclu que l’immunité induite par un vaccin puisse être plus durable que celle provoquée naturellement par la maladie. Un dernier obstacle, mais non des moindres, provoque de vives inquiétudes. En cause, dans certains cas, la réaction de l’organisme au vaccin peut entraîner des effets délétères et aggraver la maladie qu’il est censé prévenir. L’ancien PDG de l’Inserm, Dr Yves Lévy, cite ainsi le cas de singes utilisés pour tester un modèle de vaccin contre le Covid-19, dont l’organisme a moins bien réagi après infection que leurs congénères qui n’avaient pas subi d’injection. Un effet dit « facilitateur » déjà observé dans des maladies telles que la dengue.

Alors, quand peut-on s’attendre à voir arriver ce vaccin ?

Les chercheurs du monde entier font de leur mieux, mais tous s’accordent sur un point : il ne faut pas s’attendre à ce qu’une injection miracle contre la maladie soit disponible d’ici à la fin de l’année. « Personne n’imagine qu’on ait un vaccin en France avant 12 ou 18 mois. », a déclaré sur une chaîne française, l’ancien Directeur général de la Santé en France, l’épidémiologiste William Dab. À en croire ce spécialiste reconnu, la longueur de ce processus ne s’explique pas tant par la recherche que par « l’industrialisation du vaccin » à venir. William Dab redoute en outre des inégalités entre pays au moment de la production massive de ce vaccin. « Il faudra construire des usines et, espérons-le, sous gouvernance internationale. Quand on pense à l’avenir, la pire des choses, c’est que les pays riches trouvent les moyens de se protéger et que les pays pauvres soient sacrifiés. Il faut penser à une solution mondiale. », a-t-il prévenu. Cette préoccupation est partagée au plus haut niveau. Lundi 20 avril, les 193 membres de l’Assemblée générale de l’ONU ont adopté par consensus une résolution réclamant un « accès équitable » aux « futurs vaccins » contre le Covid-19 et soulignant le « rôle dirigeant crucial de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) », à l’heure où cette institution est mise en cause par le président américain Donald Trump.

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