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États-Unis : Le Capitole envahi par des manifestants pro-Trump

Photo : Un manifestant pro-Trump torse nu, posant le poing levé à la tribune de la Chambre des représentants, à Washington, mercredi 6 janvier


On se croyait en Afrique. À Washington, la capitale des États-Unis, le bâtiment fédéral connu sous le nom du « Capitole » a été envahi ce mercredi 6 janvier par des manifestants après de violents affrontements. Ces manifestants, des dizaines de partisans du président sortant américain Donal Trump ont réussi à pénétrer dans ce bâtiment fédéral, y semant le chaos pendant un long moment. Une envahisseuse a été même tuée. Des policiers l’arme dégainée dans le cœur du Congrès des États-Unis, des élus protégés par des masques à gaz, des manifestants brisant des vitres : le Capitole à Washington a sombré hier soir dans un chaos dramatique et des violences inédites dans un lieu si solennel (voir vidéo ci-dessus). Et ce alors que le Parlement américain s’attelait à la certification de l’élection du 46ème président des États-Unis, Joe Biden

Triste image du Dixie Flag

L’image la plus triste de la soirée de ce mercredi 6 janvier est bien la première image dans les images ci-dessous, du Dixie Flag, drapeau des États confédérés, symbole de la suprématie blanche et esclavagiste, sous le dôme du Capitole.

« La plupart des gens ici sont prêts à prendre une balle pour défendre nos libertés. Moi oui »

Bob Cox

La situation a basculé quand des partisans de Donal Trump brandissant des drapeaux bleus à son nom et portant les casquettes rouges de sa campagne électorale, ont envahi le bâtiment trônant sur la célèbre colline de la capitale fédérale. Aux cris de « USA! USA! », ils ont réussi à pénétrer jusque dans les hémicycles des deux chambres, interrompant donc la session parlementaire qui devait confirmer l’élection de Joe Biden. « Ils ne peuvent pas nous stopper tous », a lancé dans un mégaphone un manifestant poussant la foule à forcer les portes du Congrès. Des images du coup de force, prises à l’intérieur du Capitole, temple de la démocratie américaine, révélaient des scènes plutôt dignes d’un coup d’État. À la tension s’est ajouté le tragique quand une femme, une supportrice de Donald et ancienne militaire américaine, Ashli Babbitt, a été grièvement blessée par balle dans des circonstances peu claires. Elle est décédée de ses blessures peu après. Trois autres personnes ont perdu la vie dans le secteur de la colline du Capitole hier, mercredi, mais la police s’abstient pour l’instant de lier directement ces décès aux violences. Si une bonne part des manifestants semblaient relativement pacifiques, d’autres ont fait montre de leur fanatisme, exhortés qu’ils sont depuis des semaines par Donald Trump à refuser de reconnaître la défaite du président sortant. « La plupart des gens ici sont prêts à prendre une balle pour défendre nos libertés. Moi oui », affirme Bob Cox, 56 ans, un partisan de Donald Trump, un drapeau bleu « Trump 2020 » drapé autour de ses épaules.

Bureaux vandalisés

Parmi les nombreuses photos ahurissantes qui sont ressorties de cette journée, celle d’un manifestant torse nu et coiffé d’un casque de viking à cornes, posant le poing levé à la tribune de la Chambre des représentants. Un autre a forcé le bureau de la présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, et se fait immortaliser les pieds sur sa table de travail. Un troisième pose tout sourire emportant un pupitre de l’hémicycle. Des élus ont de leur côté publié des selfies pendant leur évacuation. Ils ont le visage protégé par un masque à gaz car les forces de l’ordre, renforcées progressivement au cours de la journée, tentent d’évacuer le bâtiment à coup de gaz lacrymogènes. Mais les manifestants pénètrent dans le Capitole plus vite que les élus et leurs assistants ne parviennent pas à les en sortir.  « J’étais près de la porte. Ils nous ont gazés. », raconte un manifestant. « Vous vous rendez compte, ils nous ont gazés! »

« On vous aime. Vous êtes uniques »

Donald Trump

Donald Trump avait prévenu qu’il tenterait d’empêcher le Congrès de certifier officiellement ce mercredi la victoire électorale de Joe Biden, qui doit prendre ses fonctions le 20 janvier prochain. Mais il n’avait aucun moyen légal de le faire. Il a bien essayé de menacer le vice-président Mike Pence, qui présidait la séance, mais dont le rôle était strictement protocolaire. Mais Mike Pence a refusé, s’abritant derrière les « contraintes » de la Constitution. Dénonçant des élections « truquées », Donald Trump a donc appelé ses partisans, qu’il avait réunis à Washington le jour même de la confirmation par le Congrès, à manifester au Capitole. Donald Trump avait promis à ses partisans que la journée de ce mercredi serait « folle ». Eh bien, elle l’a été. Après plusieurs heures de chaos, Donald Trump a diffusé une courte vidéo sur Twitter où il a appelé les manifestants à « rentrer à la maison », sans exprimer le moindre regret ni condamner les violences et les dégradations. « On vous aime. Vous êtes uniques », les a-t-il congratulés. Et de répéter, une énième fois et toujours sans apporter la moindre preuve, que l’élection avait été truquée à ses dépens et qu’il aurait dû l’emporter.

Le processus de certification a pu reprendre

En fin d’après-midi d’hier, les forces de sécurité, parmi lesquels les membres de la garde nationale, mobilisés par les autorités locales, avaient repris le contrôle du Capitole, mais la situation restait tendue. Un couvre-feu est entré en vigueur dans la ville à 18 heures locales. Après une coupure de plusieurs heures, le Congrès a repris en soirée à Washington D.C., soit donc au petit matin à Porto-Novo, le processus de certification de la victoire du démocrate, en rejetant, au Sénat puis à la Chambre des représentants, les objections d’élus républicains visant les résultats de la présidentielle dans l’État de l’Arizona. Ils ont également dû plancher sur la question de la Pennsylvanie, les pro-Trump tentant le tout pour le tour pour éviter de devoir concéder la défaite. Dans une brève allocution depuis Willmington, dans l’État du Delaware, le président-élu Joe Biden avait quant à lui dénoncé un climat d’insurrection dans la capitale du pays. Dénonçant une attaque « sans précédent » contre la démocratie américaine, il a appelé Donald Trump à s’exprimer « immédiatement » à la télévision pour réclamer « la fin du siège » du Capitole et de cette « insurrection ». Une cinquantaine de pro-Trump ont par ailleurs attaqué des journalistes regroupés dans une zone protégée par des barrières métalliques pour filmer les évènements à l’extérieur du Congrès, renversant plusieurs caméras en criant « les informations, c’est nous maintenant ». Il est à relever que, venu tout droit de l’Oklahoma pour soutenir Donald Trump, Jordan Shackleford, 25 ans, reste convaincu que les manifestants étaient dans leur droit. « Ils ont truqué les élections », a-t-il déclaré, répétant les théories du complot avancées depuis deux mois par le président républicain qui refuse toujours d’accepter sa défaite deux mois après l’élection.

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