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France : Avec majorité relative à l’Assemblée, la Macronie encaisse le choc et attend Emmanuel

Photo : Le président français, Emmanuel Macron, et la Première ministre française, Élisabeth Borne, lors de la commémoration du 18 juin 1940 au Mont Valérien


« Je suis passé de ‘super, j’ai gagné’ à ‘merde, ça va être la galère…‘ ». La confession, d’un député du groupe LREM réélu, dimanche 19 juin, en dit long sur l’état de choc qui a saisi la Macronie, à peine les résultats connus. La gueule de bois s’est emparée du pouvoir et elle n’était pas encore passée, ce lundi 20 juin. Des grognements, des soufflements, des maux de tête, sans doute. Le manque de sommeil n’aidant pas, les sourires n’étaient pas de sortie dans les couloirs d’un pouvoir qui vient de perdre la majorité absolue après un échec cinglant aux élections législatives qui a fait entrer 89 députés du Rassemblement national au Palais-Bourbon.

« Une catastrophe ? C’est le moins que l’on puisse dire… »

Un ancien conseiller du groupe LREM

Il y a d’abord les réalistes : « Une catastrophe ? C’est le moins que l’on puisse dire. Plus de président de l’Assemblée (Richard Ferrand, NDLR), plus de président des groupes MoDem (Patrick Mignola, NDLR) et LREM (Christophe Castaner, NDLR), plus de questeur (Florian Bachelier, NDLR), plus de rapporteur général du budget (Laurent Saint-Martin, NDLR)… », détaille un ancien conseiller parlementaire, reconverti dans le privé. « C’est l’hécatombe chez les cadres et la fin des grognards de 2017 ». Il y a ceux qui dramatisent : « Un tiers de députés extrêmes répartis entre le RN et la NUPES, c’est très inquiétant », pour le premier cercle de l’exécutif. Ceux qui se projettent dans l’avenir : « On a compris le ras-le-bol des français. Maintenant, il faut en tirer les conséquences ». Quelles conséquences justement ? Là est la question. Et l’Élysée se mure dans le silence.

Les chefs de parti reçus aujourd’hui et demain

L’alliance gouvernementale avec LR semble écartée, depuis que le président du parti, Christian Jacob, a répété que son parti se tenait dans « une opposition responsable ». L’exécutif français s’attend donc plutôt à des accords au coup par coup, selon les textes de loi. C’est ainsi qu’Élisabeth Borne « a été mandatée pour trouver des majorités d’action », rappelle un conseiller du pouvoir pour qui « Emmanuel Macron a pris acte de la nouvelle donne politique ». Preuve des tremblements qui surviennent dans les coulisses, le conseil des ministres français prévu, ce mardi 21 juin, a été reporté et le lancement du Conseil national de la refondation tout bonnement annulé. Le chef de l’État français doit recevoir, ce jour, et demain, mercredi 22 juin les chefs de parti pour « dialoguer et échanger pour l’intérêt supérieur de la Nation et bâtir des solutions au service des Français » dès lors « qu’il n’y a pas de majorité alternative », a précisé l’entourage d’Emmanuel Macron.

« Je ne sais pas si Élisabeth Borne sera reconduite, mais elle a fait le job et elle a gagné sa circo. Elle reste combative et elle a en envie d’avancer. »

Une Conseillère de l’exécutif Français

De son côté, la Première ministre française doit envoyer dans les prochaines heures sa démission (de courtoisie, comme le veut la coutume) mais ne sait pas si elle sera reconduite dans ses fonctions. « Elle a fait le job, elle a gagné sa circo. Elle reste combative et elle a en envie d’avancer. », promet une Conseillère de l’exécutif qui « ne sait pas si elle sera reconduite » et qui n’affiche pas la mine des grands jours. Même soutien à l’Assemblée. « Je ne suis pas sûr qu’il faille forcément un fusible et que la Première ministre soit responsable du score. Elle n’a pas eu le temps d’imprimer sa marque à Matignon et on ne peut pas dire qu’elle ait démérité à ses précédents postes. Qu’elle soit victime de son action, je ne le pense pas. Victime d’équilibres politiques en revanche, à voir… », pressent Roland Lescure, réélu dans la 1ère circonscription des français de l’étranger.

« Le sujet c’est : comment le Président de la République compte répondre au vote des français ? »

Un Conseiller ministériel

« Le sort d’Élisabeth Borne, ce n’est pas le sujet. Le sujet c’est comment le président de la République compte répondre au vote des français ? », s’agace un Conseiller ministériel encore sonné par les résultats. Un remaniement d’ampleur ? Une déclaration ? Un ajustement de programme? Ce stratège d’un ministre important n’entend pas trouver la réponse à la place du président mais prévient : « Ce qui compte, c’est que le pays continue à avancer ». Au-delà du destin personnel d’Élisabeth Borne, il y a de toute façon trois postes à pouvoir, après l’échec de trois ministres aux élections législatives : la transition écologique, la Mer et la Santé. Pas de minces portefeuilles. Emmanuel Macron en profitera-t-il pour opérer de nouveaux débauchages individuels et élargir son assise ou pour consolider son gouvernement avec des choix plus politiques ?

« Emmanuel Macron a pris acte de la nouvelle donne politique en mandatant Elisabeth Borne de trouver des majorités d’action »

Un Conseiller du pouvoir

En attendant un signe élyséen, les élus tentent de rester optimistes, en arrivant au Palais-Bourbon, hier, lundi 20 juin, avant les groupes massifs insoumis et RN attendus ce mardi et mercredi. « Il va falloir faire de la dentelle, des accords de texte. », se motive Karl Olive, nouveau député des Yvelines, très proche d’Emmanuel Macron. L’ancien maire de Poissy espère « trouver une concorde nationale » sur certains textes, à commencer par celui sur le pouvoir d’achat très attendu. « Ça va être très très difficile de gouverner, mais ce n’est pas impossible. », pense-t-il. Les stratèges du pouvoir entendent, eux, déjà faire reposer sur l’opposition la responsabilité d’un éventuel blocage du pays. « Soit les oppositions sont dans l’obstruction et le blocage et dans ce cas-là ce sera extrêmement compliqué pour nous ; soit elles pensent à l’intérêt supérieur des Français, au-delà de leur sensibilité et on avance ensemble. », résume un Conseiller de l’exécutif français, sur la défensive, qui entend convaincre des députés sur les sujets « majeurs que sont la santé, l’éducation et l’écologie ».

« Ça va être très très difficile de gouverner, mais ce n’est pas impossible. »

Karl Olive, député LREM des Yvelines

« C’est l’essence d’En Marche! de dépasser les clivages. On va s’y atteler et trouver les personnes volontaires pour avancer et aboutir à une majorité d’intérêt général. », veut croire une Conseillère ministérielle enjouée qui l’assure « ce n’est pas ingouvernable ». Cela reste encore à prouver bien sûr.

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