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Pérou : Pedro Castillo, président du pays, destitué et placé en détention

Photo : L’ancien président péruvien, Pédro Castillo, escorté par la police, ce mercredi 7 décembre


Le président péruvien a été la cible, hier, mercredi 7 décembre, d’une procédure de destitution après avoir tenté de dissoudre le Parlement, qui tentait de le faire tomber en raison d’accusations de corruption. Ce jour, il n’est plus libre de ses mouvements. Pedro Castillo se trouve en détention, ce jeudi 8 décembre, au lendemain de sa destitution et de son arrestation pour avoir tenté de dissoudre le Parlement. La Vice-présidente Dina Boluarte a été investie à la tête du pays latino-américain, coutumier des crises politiques. C’est finalement la troisième procédure de destitution à l’encontre du chef d’État du Pérou qui aura eu raison du président de gauche. Pedro Castillo a tenté son va-tout en annonçant la dissolution du Parlement qui tentait de le faire destituer, une manœuvre immédiatement qualifiée de « coup d’État » par de nombreuses personnalités.

15 jours

Arrivé au pouvoir en juillet 2021, Pedro Castillo, 53 ans, a été « placé en état d’arrestation », a annoncé la procureure Marita Barreto. Des images ont montré le président déchu assis dans un fauteuil, entouré de procureurs et de policiers. Selon les médias péruviens, le chef de l’État a ensuite été transféré par hélicoptère vers une base des forces spéciales de la police, à Lima, la capitale péruvienne, où il devrait être détenu pour une durée maximale de 15 jours. Le parquet a effectué par ailleurs dans la soirée de mercredi, des perquisitions au palais présidentiel. Une source judiciaire a précisé qu’une enquête pour « rébellion » avait été ouverte contre Pedro Castillo, qui n’aura dirigé le pays que dix-sept (17) mois. Elle vient s’ajouter aux six autres enquêtes pour corruption ou trafic d’influence le visant, infractions dont sont également accusés des membres de sa famille et de son entourage politique. Sa destitution pour « incapacité morale », retransmise en direct à la télévision, a été approuvée par 101 des 130 parlementaires péruviens, dont 80 dans l’opposition.

« C’est un auto-coup d’État. »

Augusto Alvarez

Dans un effort de dernière minute pour sauver son poste, l’ancien président avait annoncé la dissolution du Parlement quelques heures seulement avant que ce dernier ne se réunisse pour statuer sur son sort. Il avait également annoncé la mise en place d’un « gouvernement d’urgence exceptionnel » et dit vouloir « convoquer dans les plus brefs délais un nouveau Congrès doté de pouvoirs constituants ». Une manœuvre ignorée par le Parlement et largement dénoncée par la classe politique. Selon la police péruvienne, après l’échec de sa tentative de dissolution, Pedro Castillo avait l’intention de se réfugier à l’ambassade du Mexique et de demander l’asile, mais il a été arrêté avant. « Aujourd’hui, il y a eu un coup d’État dans le plus pur style du XXe siècle. », a dénoncé le président de la Cour constitutionnelle, Francisco Morales, estimant que « personne ne doit obéissance à un gouvernement usurpateur ». L’analyste politique indépendant Augusto Alvarez estime que le président déchu a « violé l’article 117 de la Constitution péruvienne et est dans l’illégalité. C’est un auto-coup d’État ».

« Nous sommes fatigués de ce gouvernement corrompu, de ce gouvernement qui (nous) vole depuis le premier jour. »

Johana Salazar

Lors d’une cérémonie d’investiture devant le Parlement où elle a été ceinte de l’écharpe présidentielle pour devenir la première femme présidente du Pérou, Dina Boluarte, a elle aussi répété qu’il y avait « eu une tentative de coup d’État promue par Pedro Castillo qui n’a trouvé aucun écho dans les institutions de la démocratie ni dans la rue ». « J’assume (le pouvoir) conformément à la Constitution du Pérou, à partir de ce moment » et jusqu’en « juillet 2026 », lorsque devait prendre fin le mandat de Pedro Castillo, a dit l’avocate de 60 ans issue du même parti d’inspiration marxiste (Peru libre) que lui. Des centaines de manifestants se sont rassemblés dans le calme devant le Parlement. « Nous sommes fatigués de ce gouvernement corrompu, de ce gouvernement qui (nous) vole depuis le premier jour. », a déclaré Johana Salazar, une ouvrière de 51 ans. D’autres ont pris la défense de l’ancien président et appelé « au respect du vote du peuple », comme Sissy, une employée municipale de 50 ans, estimant que « depuis que le président est arrivé, ils l’ont humilié, ils n’ont pas accepté un président issu des provinces », en référence à l’ex-instituteur en zone rurale pendant 24 ans, novice en politique.

« Nous rejetterons catégoriquement tout acte qui contrevient (…) à toute Constitution, tout acte qui sape la démocratie. »

Ned Price

Les États-Unis ont immédiatement fait savoir qu’ils ne considéraient plus Pedro Castillo comme le président du pays en exercice. « Nous rejetterons catégoriquement tout acte qui contrevient (…) à toute Constitution, tout acte qui sape la démocratie. », a déclaré le porte-parole du département d’État, Ned Price. Le président élu du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, a indiqué trouver « toujours regrettable qu’un président démocratiquement élu subisse un tel sort », mais il s’est félicité que « tout a été mené dans le cadre constitutionnel ». Le gouvernement espagnol et le Secrétaire général de l’Organisation des États Américains (OEA), Luis Almagro, ont dénoncé une « rupture de l’ordre constitutionnel » dans les tentatives de Pedro Castillo, Madrid se félicitant « du rétablissement de la normalité démocratique ». Rappelons que Pedro Castillo avait déjà échappé à deux motions de destitution pour « incapacité morale », dont la dernière en 2022. Il lui était notamment reproché des crises ministérielles à répétition et la formation de quatre gouvernements en huit mois, fait inédit au Pérou. Cette procédure avait auparavant fait chuter deux présidents en exercice, Pedro Pablo Kuczynski (droite) en 2018 et Martin Vizcarra (centre) en 2020.

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