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Russie : Vladimir Poutine continue de croire dur comme fer à la victoire malgré la perte de sa « guerre éclair » en Ukraine

Photo : Le président russe, Vladimir Poutine, lors du discours à Veliky Novgorod, en septembre 2022 (ILYA PITALEV / AFP)


Le jeudi 24 février 2022, Vladimir Poutine s’imaginait mettre la main sur Kiev en « trois jours » et renverser le pouvoir en place. Un an plus tard, alors qu’il s’apprête à tirer le bilan de douze mois d’âpres conflits lors de son discours sur l’état de la Nation, ce mardi 21 février, force est de constater que ses objectifs n’ont pas été atteints. Certains observateurs occidentaux, et même la télévision russe, commencent à évoquer la défaite militaire et idéologique du Kremlin dans cette guerre. Mais pour Poutine, rien n’est encore perdu. Lors de son discours mardi, qui aura lieu au Gostiny Dvor, un palais des congrès situé près de la place Rouge de Moscou, le président russe évoquera l’intervention militaire de la Russie en Ukraine et la situation socio-économique en dans son pays, à en croire l’annonce du Kremlin. Une chose est sûre, Vladimir Poutine ne reviendra pas sur l’enlisement de ses troupes, et trouvera même le moyen de s’approprier des victoires militaires, d’après les chercheurs.

Quel était le plan initial de Vladimir Poutine avec l’invasion de Kiev le 24 février 2022 ?

L’objectif de cette « opération spéciale », comme la nomme le Kremlin, était d’abord militaire. Vladimir Poutine désirait conquérir l’Ukraine par sa capitale et destituer son président, Volodymyr Zelensky, jugé trop proche de l’Europe et de l’Otan. « Le but étant de mettre à sa place un dirigeant pro-russe, comme Viktor Ianoukovytch (président de l’Ukraine de 2010 à 2014 NDLR), ce qui faciliterait l’emprise de Moscou sur l’Ukraine », analyse le Directeur de recherche à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), Lukas Aubin. Avec Zelensky à sa tête, Kiev est en effet un territoire « illégitime » aux yeux de Poutine, renchérit Carole Grimaud, professeure en géopolitique de la Russie à l’université de Montpellier, en France. « L’Ukraine n’est pas un État souverain pour le Kremlin qui la considère comme la continuité du territoire russe, comme c’était le cas sous l’Empire russe, et l’Union soviétique. », précise la chercheuse. « Poutine disait aussi le 24 février 2022 vouloir le plus rapidement possible “démilitariser” et “dénazifier” l’Ukraine, un objectif qui reste toujours d’actualité. », continue Lukas Aubin. Sauf que le chef du Kremlin ne s’attendait pas à une telle résistance des troupes ukrainiennes d’une part, et à un soutien aussi massif de l’Occident d’autre part. « Grâce à ce front uni, cette offensive de Kiev a été un échec puisqu’un an plus tard, Poutine n’a toujours pas vaincu l’Ukraine. », juge Lukas Aubin.

Comment Vladimir Poutine a-t-il réagi à l’échec de sa « guerre éclair » ?

Les premières débâcles de Moscou en Ukraine n’ont fait que renforcer ses velléités de domination. « Ne pouvant conquérir le pays, Poutine s’est donc acharné à le détruire. », estime Nicolas Tenzer, directeur de la publication de Desk Russie et enseignant à Sciences-Po, à Paris. À partir du 24 février 2022, c’est une « guerre d’extermination » qui a débuté selon lui, avec pour objectif de « tuer, tuer, tuer », fustige l’expert. Cette détermination n’a pas faibli et ce, même après une année de revers militaires et de contre-offensives ukrainiennes marquée par la victoire symbolique de Kherson. Le chef du Kremlin n’en démord pas, les forces russes se sont emparées récemment de la ville de Soledar, et s’attaquent désormais à sa voisine Bakhmout. Poutine se bat aussi pour conserver notamment une grande partie de la Crimée et du Donbass. « Pour arriver à ses fins, il fait peser une épée de Damoclès constante sur l’Ukraine pour en faire un pays réduit et limité. », considère Nicolas Tenzer. « Il poursuit non seulement son opération spéciale en Ukraine, mais renforce aussi sa guerre politique contre l’Occident réuni. », complète Lukas Aubin. À l’aune de l’arrivée des chars américains et allemands en renfort à Kiev, son discours devient même de plus en plus virulent à l’égard des européens et américains : « Il parle dans ses discours récents de ’désataniser’ l’Occident, citant notamment les lois pro LGBT en vigueur dans ces pays. », note l’auteur de Géopolitique de la Russie (La Découverte 2022).

Un an après le début de l’invasion russe, des experts occidentaux commencent à évoquer une défaite de Poutine en Ukraine, le président l’entend-il de cette oreille ?

La perception de la défaite par Vladimir Poutine n’est pas la même que celle de l’Occident, estime Carole Grimaud. « Dans la vision du Kremlin, les pertes humaines et de territoires ne sont pas un échec. C’est tout au plus des désagréments, des embûches, des changements de plans… », précise la chercheuse. « Il se moque totalement de la vie humaine et s’il faut sacrifier encore un million d’hommes russes pour aller jusqu’au bout, il le fera. Le seul moment où il reconnaîtra sa défaite c’est lorsqu’il sera poussé en dehors du pouvoir. », considère le directeur de Desk Russie. La chercheuse Carole Grimaud ajoute que si Vladimir Poutine reste à la tête du pays après la présidentielle russe de mars 2024, « la guerre va durer encore de nombreuses années ». Un avis partagé par les trois experts, car pour eux, le président russe ne lâchera pas le morceau de sitôt. « L’arme de Vladimir Poutine c’est le temps. », affirme encore Carole Grimaud. D’après la doctorante, le chef du Kremlin présage et espère l’usure des troupes ukrainiennes, un manque de munition occidentale ou encore l’élection en 2024 d’un président américain Républicain à la place de Joe Biden moins enclin à soutenir Kiev. Mais quel que soit le scénario, Poutine restera convaincu que la victoire est encore possible.

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