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Israël : Benjamin Netanyahou et sa réforme judiciaire provoquent des manifestations monstres

Photo : Manifestations des israéliens, à Tel Aviv, ce jeudi 9 mars (JACK GUEZ / AFP)

« Démocratie » et « liberté », scandent-ils. À Jérusalem, Tel Aviv ou Haïfa, des milliers d’Israéliens manifestent depuis le début de l’année contre le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, le plus à droite jamais constitué dans l’histoire du pays. Ce jeudi 9 mars, ils étaient encore plus de 65.000 dans les rues à la mi-journée, selon une estimation de la chaîne 13, une télévision privée, pour protester lors d’une nouvelle « journée nationale de résistance contre la dictature ». Ce chiffre témoigne d’une forte mobilisation à l’échelle de la population (9 millions d’habitants).

« Le droit d’expression n’est pas la porte ouverte à l’anarchie et ne doit pas perturber la vie des citoyens. »

Itamar Ben Gvir

Benjamin Netanyahou, en partance pour une visite officielle à Rome, en Italie, a dû rallier l’aéroport international Ben-Gourion, près de Tel Aviv, à bord d’un hélicoptère à cause du blocage des routes par des centaines de voitures. Les protestations ont également contraint le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, à écourter sa visite en Israël. « Le droit d’expression n’est pas la porte ouverte à l’anarchie et ne doit pas perturber la vie des citoyens. », a réagi le ministre israélien de la Sécurité nationale, l’ultranationaliste Itamar Ben Gvir, chantre de l’extrême droite et l’une des personnalités les plus controversées du gouvernement. « Il est interdit de bloquer les axes de circulation principaux. », a-t-il prévenu.

Deux issues : une « catastrophe » ou une « solution »

Ces manifestations monstres visent plus particulièrement la réforme judiciaire menée par l’exécutif. Elle permettrait au Premier ministre de nommer les juges et au Parlement de renverser les décisions prises par la Cour suprême du pays avec une majorité simple. Ses opposants estiment être témoins d’un véritable affront à la démocratie. Le gouvernement affirme de son côté que la réforme est nécessaire pour rétablir un rapport de force équilibré entre les élus et une justice « indépendante », mais pas « omnipotente », selon les mots de Benjamin Netanyahou, qui accuse la Cour suprême d’être politisée. Ironie de l’histoire : le Premier ministre étant poursuivi pour corruption dans plusieurs affaires, il pourrait se servir de sa réforme pour casser un éventuel jugement venant à le condamner. Habituellement cantonné à un rôle de représentation, même le président israélien, Isaac Herzog, est intervenu, jeudi, soir, pour exprimer son opposition à cette loi. Il a appelé à stopper le processus législatif du texte, le qualifiant de « menace sur les fondements de la démocratie ». Selon lui, il y a seulement deux issues à cette crise politique : une « catastrophe » ou une « solution ».

Les réservistes rejoignent la lutte

En tout cas pour l’instant, la crise s’enlise. Le mercredi 1er mars, la police a utilisé la force avec des grenades assourdissantes et des canons à eaux pour disperser les manifestants à Tel Aviv, une première depuis janvier, a rapporté l’agence Associated Press. Une vidéo de Reuters montre les fortes tensions entre les policiers à cheval face à la foule en colère dans cette ville qui borde la mer Méditerranée.

Le même jour, Sara Netanyahou, la femme du Premier ministre israélien, a dû être évacuée d’un salon de coiffure devant lequel des manifestants s’étaient rassemblés. Le chef du gouvernement a posté dans la soirée une photo de lui enlaçant sa femme avec une phrase : « L’anarchie doit prendre fin. Cela peut engendrer des morts ».

Un nouveau tournant a eu lieu plus tôt cette semaine. Lundi, 37 des 40 pilotes d’élite du 69e escadron de l’armée de l’air ont menacé de ne pas participer à un entraînement obligatoire. Dans une lettre parue dans les médias du pays, les grévistes expliquaient ne pas vouloir servir « un régime dictatorial »« Ils ont finalement accepté de suspendre leur boycott et de participer à une discussion avec leurs commandants. », rapporte la BBC. Des appels de réservistes, nombreux dans ce pays où le service militaire est obligatoire, à refuser de servir se sont multipliés ces dernières semaines. À tel point que 10 anciens chefs de l’armée de l’air ont demandé à Benjamin Natanyahou d’« arrêter et trouver une solution » à cette crise. « Nous craignons les conséquences de ce processus, et le danger sérieux et tangible que cela cause à la sécurité nationale de l’État d’Israël. », ont-ils écrit dans une lettre ouverte.

Risque de rester durablement divisé

Le chef du gouvernement israélien a répondu à ces affronts avec une photo d’identité en noir et blanc du temps où il était lui-même dans l’armée, en 1967. « Lorsque les réservistes sont appelés, nous nous présentons toujours. Nous sommes une nation. », a écrit Benjamin Netanyahou pour accompagner ce cliché.

Après dix semaines de contestation, manifestants et gouvernement campent chacun sur leurs positions. Dans un édito paru dans le journal Ha’Aretz et relayé par Courrier international, le journaliste politique, Anshel Pfeffer, a essayé d’anticiper la suite de cette crise avec différents scénarios, et il n’est pas optimiste. Scénario un, la réforme passe malgré la contestation de la rue « mais Israël risque de rester durablement divisé, avec des conséquences désastreuses pour l’avenir »« Ou bien des concessions sont accordées par le gouvernement, mais chaque camp reste mécontent et les manifestations s’intensifient. », poursuit-il. 

Un risque d’« anarchie totale »

Le gouvernement pourrait également faire une pause et gagner du temps face aux condamnations internationales, notamment celle des États-Unis. Le ministre de la Défense Llyod Austin a en effet rappelé lors de sa visite éclair l’importance d’une « justice indépendante ». Scénario quatre, la Cour suprême rejette la réforme et Benyamin Netanyahou est forcé de quitter ses fonctions en raison de ses affaires judiciaires. « Israël n’ayant pas de véritable Constitution, il n’existe aucun manuel prévoyant la suite […]. Autrement dit, ce serait l’anarchie totale », prévient Anshel Pfeffer. Enfin, le journaliste craint une crise économique avec la fuite des entreprises, voire une troisième intifada dans ce contexte tendu où les violences se multiplient entre les colons israéliens les plus extrémistes et les palestiniens depuis l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir. Se dirige-t-on vers une « catastrophe » ? La réponse n’est pas à la rédaction differenceinfobenin.com et celle du journal quotidien « Différence Info » du Groupe de presse « DIFFÉRENCE », ici à Porto-Novo.

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