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États-Unis : Voici celui qui détient entre ses mains l’avenir de Donald Trump qui pourrait devenir le premier chef de l’État américain inculpé

Photo : Le procureur de l’État de New York, parquet de Manhattan, Alvin Bragg, ici ce mercredi 22 mars (SCOTT OLSON / GETTY IMAGES VIA AFP)


Va-t-il à nouveau marquer l’Histoire des États-Unis ? Tout premier magistrat afro-américain élu à la tête du parquet de Manhattan, le procureur de l’État de New York, Alvin Bragg, pourrait rendre son nom encore un peu plus célèbre s’il devient le premier procureur à inculper un ancien président américain, en l’occurrence Donald Trump. L’homme de 49 ans, membre du parti démocrate élu, en novembre 2021, procureur de l’État de New York pour la juridiction de Manhattan a effectivement repris un dossier explosif : une enquête au pénal contre Donald Trump pour un paiement de 130.000 dollars (environ 120.000 euros) effectué à une ancienne actrice de films X, Stormy Daniels. Et cela pour garder secrète la liaison qu’ils auraient eue.

Inculpé et « arrêté »

La justice new-yorkaise cherche ainsi à déterminer si Donald Trump est coupable de fausses déclarations, une infraction, voire de manquement aux lois sur le financement électoral, un délit pénal, en ayant versé de l’argent à Stephanie Clifford, le vrai nom de Stormy Daniels, pour la faire taire juste avant l’élection présidentielle de 2016. Donald Trump, qui se dit victime d’extorsion dans cette affaire, et qui espère être réélu à la Maison-Blanche en 2024, a lui-même déclenché une tempête médiatique et politique, ce samedi 18 mars, en écrivant en majuscules sur son réseau Truth Social qu’il serait inculpé et « arrêté » mardi 21 mars. Sauf que le procureur Bragg est resté mutique et que rien ne s’est passé comme l’avait annoncé l’ancien chef d’État. La réunion du grand jury prévue mercredi a finalement été annulée, et de toute façon, même inculpé, Donald Trump n’aurait pas été immédiatement arrêté. Si cela arrivait à un moment de la procédure, il faudrait attendre plusieurs jours avant qu’il comparaisse à Manhattan.

« En plus d’être le premier procureur noir, je pense que je suis le premier qui a été visé par une arme, le premier qui a eu une victime d’homicide devant sa porte, le premier qui a eu une arme semi-automatique pointée sur lui, le premier qui a vu un proche revenir de prison. »

Alvin Bragg

C’est dans le Nord de cet arrondissement de New York, à Harlem, qu’Alvin Bragg est né. Il y a grandi dans les années 1980 et 1990, au moment de « l’épidémie » de crack, ce qui l’a profondément marqué. « En plus d’être le premier procureur noir, je pense que je suis le premier qui a été visé par une arme, le premier qui a eu une victime d’homicide devant sa porte, le premier qui a eu une arme semi-automatique pointée sur lui, le premier qui a vu un proche revenir de prison. », a-t-il clamé lors de son discours de victoire, rappelle CNN.

Un procureur progressiste

En poste depuis le 1er janvier 2022, en remplacement de Cyrus Vance, Alvin Bragg s’est tout de suite fait connaître pour ses positions progressistes en matière de politique pénale et répressive. Dans une mégapole de 8,5 millions d’habitants, réputée pour ses inégalités socio-économiques et son histoire violente, le magistrat s’est engagé à requérir des peines adoucies et des alternatives à la prison pour certaines infractions. Et considère que l’incarcération doit être un dernier recours. Mais ces prises de position ne font pas l’unanimité. Alvin Bragg a par exemple dû s’excuser après la publication d’un mémo, juste après son élection, dans lequel il écrivait ne pas vouloir traduire en justice les coupables de délits mineurs liés à la marijuana, au non-paiement des titres de transport, ou encore à la prostitution. Un texte qui a fait bondir les syndicats de policiers et le maire de New York, Eric Adams, lui-même ancien capitaine de police. Car l’édile afro-américain se veut à poigne et qu’il a été élu fin 2021 en faisant campagne sur la lutte contre la criminalité par arme à feu.

Lutter contre la criminalité en col blanc

Avant d’être procureur, Alvin Bragg a travaillé pour le procureur général de l’État de New York (équivalent d’un ministre local de la Justice, ndlr) ainsi que pour le parquet fédéral. Parmi ses faits d’armes, il a représenté la famille d’Eric Garner, un Afro-Américain mort lors de son arrestation par la police en 2014, dans son procès au civil contre la ville de New York. En outre, Alvin Bragg est connu pour sa volonté de réprimer la criminalité en col blanc et la délinquance financière. D’ailleurs, la première rencontre judiciaire entre Donald Trump et Alvin Bragg est bien antérieure à l’affaire Stormy Daniels : le procureur se vante même d’avoir poursuivi l’administration Trump au moins 100 fois. Il a notamment travaillé sur un dossier concernant la Donald J. Trump Foundation, qui a conduit à sa dissolution en 2018. 

« Raciste » et « gauchiste »

En janvier dernier, il a également réussi à faire condamner la Trump Organization à 1,6 million de dollars d’amende pour fraudes financières et fiscales, une première au pénal pour le groupe. Donald Trump n’était pas poursuivi personnellement dans cette affaire, mais il a régulièrement traité Alvin Bragg de « raciste » et de « gauchiste ». Sur le dossier Stormy Daniels, l’ex-président a accusé samedi le procureur d’être « corrompu, très politisé », et d’être à la botte de George Soros, le milliardaire américain pro-démocrate haï par les conservateurs. Des accusations reprises en chœur par les soutiens du 45ème président des États-Unis d’Amérique. Mais Alvin Bragg a prévenu : ces « tentatives d’intimidation de nos services et de menace contre l’État de droit à New York ne seront pas tolérées ».

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