(Photo : Sébastien Ajavon, lors du Congrès constitutif de son parti Union Sociale Libérale)
Suite à la découverte, en octobre 2016, de 18 kg de cocaïne dans un conteneur destiné à l’une de ses sociétés, l’opposant et homme d’affaires béninois, Sébastien Ajavon avait été relaxé au bénéfice du doute et pour absence de preuve par le parquet à Cotonou. Mais le faiseur du roi en 2016 pensait sans doute en avoir terminé avec cette affaire, mais malheureusement pour lui, la Cour de Répression des Infractions Économiques et Terroristes (CRIET), juste après avoir été mise en place fin août 2018, a repris le dossier de l’affaire dite de 18 kg de cocaïne. Dans un verdict rendu par la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET) à Porto-Novo, le magnat de la volaille au Bénin, écope de la peine maximale, 20 ans d’emprisonnement et cinq millions de francs CFA d’amende pour trafic de drogue. L’homme arrivé en troisième position lors de la dernière élection présidentielle, a ainsi été reconnu coupable de « trafic international de cocaïne à haut risque ».
Sébastien Ajavon, de son côté, vu qu’il a été lourdement condamné par la justice de son pays, n’a jamais cessé de clamer son innocence et dénonce une affaire politique, un « coup monté » destiné à le faire tomber. Raison pour laquelle il a pris le chemin de l’exil. Posant ses valises en Europe, il prend ses quartiers en France. Dans le pays de Macron, l’opposant béninois est libre de ses mouvements. À Paris, il y circule librement, y mène librement ses activités et y réside à une adresse bien connue du Gouvernement béninois.
Mais dans le lien de la coopération entre le Bénin et la France, la justice béninoise a un protocole d’accord d’extradition en belle et due forme avec la France. Le constat ici et sans appel est que, Porto-Novo ne fait rien, ou pas grand-chose pour se faire envoyer « son fugitif » par Paris. Or, dans un passé encore vivant pour les béninois, au vu et au su de tous, le même État béninois a réclamé un « fugitif » du nom de l’homme d’affaire au moment des faits, Patrice Talon, avec zèle et détermination à ce même État français. Une vraie curieuse attitude ambivalente, qui nous amène à savoir pour l’extradition de Sébastien Ajavon, si c’est Paris qui ne veut pas ou c’est Porto-Novo qui fait semblant ?
Peut-être pour l’État béninois, vouloir demander à extrader l’homme qui a donné ses voix lors du deuxième tour de la présidentielle de 2016 à celles de l’actuel chef d’État béninois, Patrice Talon, serait risqué. Eh bien, si le protocole d’accord d’extradition est actionné, il y aura une sorte de procès qui sera indubitablement ouvert à Paris pour statuer sur la demande d’extradition. Car, se rappelant du régime de Yayi, où Porto-Novo a demandé à Paris, l’extradition de l’homme d’affaire Patrice Talon, dans l’affaire dite de « tentative d’empoisonnement du chef de l’État », le monde entier a entendu et a compris beaucoup de choses qui ressort du secret de Boni Yayi, chef de l’État d’alors et de Patrice Talon, homme d’affaire et ami intime de Boni Yayi. Alors, dans le cas précis, si l’État béninois demandait l’extradition de l’opposant béninois, Sébastien Ajavon, les béninois vont vivre peut-être la même histoire. Car les dessous de l’affaire seront dévoilés à Paris.
À chacun son point de vue. Un béninois rencontré dans les rues de Porto-Novo donne le sien. « (…) Cette affaire qui sent tellement le soufre dès qu’on l’ouvre, est comme une boîte de Pandore qui pend au nez des autorités béninoises qui se gardent de l’ouvrir surtout en France. », opinne Yves G. Un autre béninois réagit. « Et pourtant ce n’est pas l’envie de coincer Sébastien Ajavon et de le serrer entre 4 murs qui manque au Gouvernement Talon. Surtout à la veille d’une élection législative pour laquelle ASG et sa formation politique entendent faire gagner l’opposition. », selon la compréhension de Rafiou R.
De tout ceci, tout porte à croire qu’à la Marina, on semble comprendre qu’il y a des choses dont on a envie mais il y a bien également des raisons encore plus grandes de ne pas céder à cette envie. Alors, si tel est bien le cas, c’est comme si Dieu serait du côté d’un camp.
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