(Photo : La ex-ministre de l’Économie Christine Lagarde et son Directeur de Cabinet Stéphane Richard en 2010)
Dans l’affaire Adidas-Crédit Lyonnais, le tribunal correctionnel de Paris va rendre ce mardi 9 juillet, son verdict. Mais dans cette affaire de corruption, tout le monde voit le principal accusé, Bernard Tapie risquer le plus. Non. C’est vrai qu’il n’est pas certain que ce dernier soit physiquement présent pendant que le tribunal correctionnel de Paris serait en train de rendre ce mardi 9 juillet son jugement dans l’affaire Adidas-Crédit Lyonnais. En cause, selon la presse française, Bernard Tapie devrait être à l’hôpital pour une séance de chimiothérapie pour traiter la récidive de son double cancer de l’œsophage et de l’estomac.
L’homme d’affaires français contre qui le tribunal correctionnel de Paris avait déjà requis cinq (05) ans de prison ferme, faut-il le rappeler, est poursuivi pour escroquerie et détournement de fonds publics. Il lui est reproché d‘avoir cherché à berner l’État pour récupérer, au milieu des années 2000, plus de quatre cents (400) millions d’euros. Une somme que Bernard Tapie a touchée en 2008 et qu’il doit théoriquement rembourser. Mais dans le jugement que va rendre ce mardi 9 juillet le tribunal correctionnel de Paris, l’ancien président de l’Olympique de Marseille (OM, club de football de Ligue 1 française) à 76 ans, n’est pas seul sur le banc des prévenus et il n’est peut-être pas celui qui risque le plus dans cette le jugement. C’est plutôt l’avenir du patron d’Orange, Stéphane Richard, dont dépend beaucoup le jugement.
Trois ans de prison requis contre Stéphane Richard
Dans la même affaire, aux côtés de Bernard Tapie sur le banc des prévenus, figure l’actuel PDG d’Orange (une entreprise publique française), Stéphane Richard. À l’encontre de ce dernier, il a été requis trois (03) ans de prison dont 18 mois ferme, 100.000 euros d’amende et une interdiction d’exercer toute fonction publique pendant cinq (05) bonne années. Une réquisition sévère qui, si elle venait à être confirmée par les juges, va sérieusement compromettre l’avenir de Stéphane Richard à la tête de l’entreprise publique. Rappelons qu’au moment des faits, Stéphane Richard était le Directeur de Cabinet (DC) de l’ancienne ministre française de l’Économie Christine Lagarde, actuelle patronne du Fonds Monétaire International (FMI) et nouvelle Directrice générale de la Banque Centrale Européenne (BCE). Cette dernière a été condamnée mais dispensée de peine par la Cour de Justice de la République (CJR) pour ne pas avoir fait appel de la décision qui a octroyé les quatre cents (400) millions à Bernard Tapie.
L’ancien DC de Christine Lagarde est poursuivi pour avoir fait à celle-ci, une “présentation tronquée” du litige, lui avoir caché la présence de l’homme d’affaires (Bernard Tapie) lors d’une réunion cruciale à l’Élysée et avoir « usurpé sa signature » pour permettre l’arbitrage. Cela lui vaut d’être poursuivi et pour les charges suivantes : « complicité d’escroquerie » et « complicité de détournement de fonds publics ». Hors mis la situation chez Orange, la décision de justice de ce mardi est cruciale pour l’avenir de Stéphane Richard. Au cas où les réquisitions arrivaient à se confirmer, d’où condamnation lourde, Stéphane Richard démissionnera. C’était ce qu’il a dit récemment au journal français Monde. Si par contre il est condamné à une « décision légère », il devrait demander le soutien du Conseil d’Administration (CA) d’Orange pour poursuivre sa mission.
Et Stéphane Richard a bien réfléchi de compter sur le CA d’Orange. En effet, l’État français n’est pas le seul décideur dans le cas de Stéphane Richard. Seulement, la position de l’État qui est actionnaire semble plus claire. « J’essaye, en général, de ne pas changer d’avis. Nous avons fixé des règles, elles sont claires et elles seront respectées », a fait savoir ce week-end, le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire. Mais le gouvernement français ne qualifie pas les condamnations de lourde ou de légère, comme le pense le PDG d’Orange, Stéphane Richard. Car, s’il faut encore le rappeler, l’actuel ministre français de l’Économie avait dit à ce propos l’année dernière. « Si jamais dans le cours de cette procédure judiciaire il devait y avoir une condamnation, il remettrait immédiatement son mandat et démissionnerait », avait déclaré Bruno Le Maire.
Ce qui nous rappelle la poussé à la sortie de Mathieu Gallet par le gouvernement français à l’époque suite à une condamnation dans de précédentes fonctions. De ce fait, à en croire la règle de Bruno Le Maire, même une petite peine (légère selon Stéphane Richard) vaudrait un départ du N°1 d’Orange. Selon la presse française, plusieurs sources internes à l’entreprise laissent comprendre que le Conseil d’Administration pourrait attendre un éventuel appel du jugement du tribunal correctionnel de ce mardi avant de le démettre de ses fonctions. D’autant que son travail, poursuit les mêmes sources, est salué, y compris par l’État actionnaire, notamment pour avoir « pacifié » les relations sociales. Mais cela n’empêche pas d’autres de lorgner le poste de Stéphane Richard. Car les noms circulent déjà pour lui succéder. Parmi ces noms, on peut citer Fabienne Dulac qui dirige Orange France, bien placée au même titre que son homologue de la branche espagnole Laurent Paillassot. Le N°2 de l’entreprise chargé des Finances, Ramon Fernandez, qui pourrait assurer l’intérim en tant que mandataire social, est également en position.
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