Photo : Un gilet de sauvetage flottant après le départ d’une quarantaine de migrants tentant de traverser la Manche près de Wimereux, dans le Pas-de-Calais, ce mercredi 24 novembre
En France, au moins plus d’une trentaine de personnes (38) sont décédées ce mercredi 24 novembre dans le naufrage de leur embarcation dans la Manche, au large de Calais, alors qu’ils tentaient de gagner la Grande-Bretagne, a-t-on appris auprès du ministère français de l’Intérieur. « Vers 14h00, un pêcheur a signalé la découverte d’une quinzaine de corps flottant au large de Calais. Un bâtiment de la Marine nationale a repêché plusieurs corps, dont cinq personnes décédées et cinq inconscientes, selon un bilan provisoire. », a-t-on ajouté de même source. Le bilan s’est ensuite dramatiquement alourdi, pour dépasser les 20 morts, selon la police française. Vers 18h (heure béninoise), le nombre de décès était évalué à 27 puis à 38 dans la soirée autour de 20h.
Le vice-président en charge de la mobilité pour la région Hauts-de-France, Franck Dhersin, a indiqué sur Twitter que « le bateau transportait plus de 50 migrants » et qu’il y avait des survivants. « Le pronostic vital de certains naufragés semble malheureusement engagé. », a cependant précisé la préfecture maritime de la Manche dans un communiqué.
Le ministre français de l’Intérieur s’est rendu sur place. « Forte émotion devant le drame des nombreux morts dû au chavirage d’un bateau de migrants dans la Manche. On ne dira jamais assez le caractère criminel des passeurs qui organisent ces traversées. », a tweeté Gérald Darmanin avant de saluer le travail des sauveteurs.
Le Premier-ministre français Jean Castex a lui déploré « une tragédie » et dénoncé les « passeurs criminels qui exploitent la détresse et la misère » des personnes qui tentent de rallier la Grande-Bretagne.
Le Premier ministre tiendra demain, jeudi 25 novembre, dès les premières heures de la matinée, une réunion interministérielle sur « les traversées de migrants dans la Manche à la suite du naufrage dramatique », a par ailleurs annoncé Matignon. Dans un communiqué publié dans la soirée, le président français, Emmanuel Macron, a de son côté assuré que « la France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière » et demandé « le renforcement immédiat » de Frontex ainsi qu’une réunion européenne « d’urgence ».
31.500 tentatives de départ depuis le début de l’année
Le parquet de Dunkerque a annoncé l’ouverture d’une enquête pour « aide à l’entrée au séjour irrégulier en bande organisée » et « homicide involontaire aggravé ». Selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, trois hélicoptères et trois bateaux participent aux recherches. Vendredi 19 novembre dernier, la préfecture maritime avait comptabilisé 31.500 tentatives de départ vers la Grande-Bretagne et 7800 migrants sauvés, depuis le début de l’année. Ces tentatives de traversée ont causé un total de « sept décès ou disparus » depuis le vendredi 1er janvier, avait-elle ajouté. Le drame de ce mercredi est le plus meurtrier depuis l’envolée en 2018 des traversées migratoires de la Manche, face au verrouillage croissant du port de Calais et d’Eurotunnel emprunté jusque-là par les migrants tentant de rallier l’Angleterre.
Les traversées illégales ont connu une augmentation importante sur l’année 2021 : plus de 22.000 migrants réussi à rejoindre l’Angleterre depuis les côtes françaises entre janvier et novembre, contre 9500 sur l’année 2020. Selon le préfet maritime de la Manche et de la Mer du Nord, les tentatives de traversées migratoires de la Manche à bord de petites embarcations ont doublé ces trois derniers mois. À Calais, les conditions de vie inhumaines des migrants provoquent régulièrement des tensions, entre les ONG humanitaires et la mairie, soutenue par le gouvernement français. Dans une tentative d’apaisement, un médiateur a été envoyé sur place pour tenter d’apporter une solution même temporaire, mais sa proposition a été refusée par la maire LR de la ville. Le sujet est aussi un point de tensions entre la France et le Royaume-Uni, les deux pays se renvoyant la responsabilité mutuelle des traversées. Le gouvernement de Boris Johnson a plusieurs fois menacé de mesures fortes pour empêcher les traversées, allant jusqu’à évoquer la suspension d’un versement promis pour aider à freiner les départs depuis la France. À l’issue d’une réunion entre Gérald Darmanin et son homologue anglaise Priti Patel, il a été convenu de « renforcer encore la coopération opérationnelle” pour “mettre fin aux traversées dangereuses de la Manche », sans davantage de précisions.
Après le drame de ce mercredi, Boris Johnson a convoqué une réunion de crise, a annoncé Downing Street. Le chef du gouvernement britannique s’est dit « choqué, révolté et profondément attristé », assurant vouloir « faire plus » avec la France pour décourager les traversées illégales. « Nous avons eu des difficultés à persuader certains de nos partenaires, en particulier les Français, d’agir à la hauteur de la situation, mais je comprends les difficultés auxquelles tous les pays sont confrontés et ce que nous voulons maintenant, c’est faire plus ensemble. », a déclaré Boris Johnson sur Sky News à l’issue d’une réunion de crise.
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