Photo : Le président français, Emmanuel Macron, et la Première ministre, Elisabeth Borne
Où est passé Emmanuel Macron ? La réponse n’est pas à la rédaction differenceinfobenin.com et celle du journal quotidien « Différence Info » du Groupe de presse « DIFFÉRENCE », ici à Porto-Novo. Mais plutôt à Paris. Bien silencieux depuis plusieurs semaines, le chef de l’État français passe le week-end de l’Ascension au fort de Brégançon, comme chaque année. Un « repos studieux », selon ses proches. Emmanuel Macron s’accorde une pause après sa campagne présidentielle et se consacre aux dossiers internationaux. Ce jeudi 26 mai, pendant une heure, le président français s’est entretenu avec son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, sur les questions de la guerre en Ukraine et de l’adhésion à l’Otan de la Finlande et la Suède.
À distance de la scène nationale
Le président de la République, qui n’a pas fait de déplacement intérieur depuis le vendredi 29 avril dans les Hautes-Pyrénées et le mardi 10 mai, lors de la cérémonie de commémoration de l’abolition de l’esclavage, se tient à distance de la scène nationale, laissant sa nouvelle Première ministre, Élisabeth Borne, en première ligne. En coulisses, le président a bien sûr procédé à la nomination de sa Première ministre et de la constitution du gouvernement, annoncée il y a une semaine, vendredi 20 mai. Mais, depuis, l’affaire Damien Abad, ministre des Solidarités accusé de viol, est venue polluer les premiers pas de la nouvelle équipe.
Contrairement aux précédentes affaires et accusations touchant un des ministres en poste, comme celles ayant visé Nicolas Hulot et Gérald Darmanin, Emmanuel Macron n’a laissé fuiter aucun commentaire sur un sujet. « Il n’est pas anormal que ce ne soit pas lui qui s’exprime sur Damien Abad. », relativise un conseiller de l’Élysée. « C’est vrai qu’il a pris le temps de la concertation avant de nommer le gouvernement et ce week-end, c’est l’Ascension. Mais vous allez le revoir sur le terrain très bientôt ! », prédit la même source. Dès lundi 30 mai prochain, le chef de l’État français sera au Conseil européen à Bruxelles pour deux jours. Des déplacements nationaux sont aussi à prévoir, mais rien n’est encore annoncé à ce stade. Son entourage n’exclut pas de choisir des départements qui pourraient s’apparenter à des soutiens à des candidats aux législatives, même le président se tient par définition à distance de ces élections, menées par la Première ministre, cheffe de la majorité.
Borne prend la lumière
C’est donc Élisabeth Borne qui prend la lumière sur le plan intérieur depuis sa nomination, comme dans un retour classique aux prérogatives constitutionnelles qui prévoient que le gouvernement « détermine et conduit la politique de la nation ». Demain, vendredi 27 mai, la Première ministre française convoque l’ensemble de son gouvernement dès 8h30 (9h30 ici au Bénin) à Matignon pour une réunion de travail. « L’objectif est de fixer la feuille de route des ministres et de lancer les premiers chantiers prévus dans le programme du président : la santé, l’éducation, l’écologie et le pouvoir d’achat. », décrypte Matignon. Selon nos informations, ces réunions ont vocation à devenir mensuelles.
La porte-parole rétropédale
Les ministres, tenus par la période de réserve qui s’impose à quelques semaines des législatives, sont aussi bien discrets. Leurs biographies et missions ne sont toujours pas mises à jour sur le site du gouvernement, comme si ce dernier prenait son temps. Sur le fond, le premier projet de loi du quinquennat Macron 2, consacré au pouvoir d’achat et le montant du chèque alimentation, très attendu, ne seront pas révélés avant la fin des élections législatives. La nouvelle porte-parole du gouvernement français, Olivia Grégoire, avait d’abord annoncé le contraire, lors du premier compte-rendu du premier Conseil des ministres français de la nouvelle équipe exécutive, avant de rétropédaler.
Vers un recul sur les retraites ?
Aucune grande mesure, notamment écologique, n’est encore annoncée et la réforme des retraites, promesse phare du vainqueur de la présidentielle française d’avril 2022 pendant sa campagne, ne sera pas enclenchée avant le mois de septembre prochain, pour une période de concertation. Le ministre français du Travail, Olivier Dussopt, qui en aura la charge, a déjà rencontré les syndicats cette semaine et poursuivra ces rendez-vous la semaine prochaine. À pas feutrés et pour ne pas brusquer, l’âge légal de départ à 65 ans, voulu par Emmanuel Macron ne semble plus être un totem, selon une enquête de l’Opinion, le 25 mai. Elisabeth Borne a elle aussi reçu les partenaires sociaux cette semaine et revendique une méthode qui consiste « à la fois à aller vite et concerter », ce qui peut sembler paradoxal.
Encore 75 jours
Rien n’a non plus encore été rendu public concernant la fameuse consultation en vue de la réforme des institutions, promise par Emmanuel Macron pendant sa campagne et présentée comme une « urgence ». Un flottement qui laisse beaucoup de place à l’affaire Abad et qui grignote du temps précieux de début de mandat. Une forme de prudence, aussi, pour éviter la moindre erreur à l’approche des élections législatives et obtenir la majorité la plus large possible le dimanche 19 juin prochain. Mais sur les fameux « cent jours » connus pour être déterminants dans l’action présidentielle au démarrage d’un quinquennat… il n’en reste que 75.
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