Photo : L’ancien premier ministre britannique, Boris Johnson, ici lors d’un déplacement de campagne en novembre 2019
Can I comeback ? Sa réputation de phénix capable de renaître de ses cendres pourrait se vérifier une nouvelle fois. Après la démission de la Première ministre britannique, Liz Truss, ce jeudi 20 octobre, les rangs conservateurs s’agitent pour lui trouver un remplaçant certains regards pointent déjà vers son prédécesseur, Boris Johnson. Parti il y a à peine deux mois, l’ancien locataire du 10 Downing Street pourrait faire le choix d’entrer dans la course à la succession. Selon des décomptes qui circulent dans la presse britannique, plusieurs dizaines de députés seraient déjà prêts à lui apporter leur soutien, sur les 100 nécessaires d’ici la fin du week-end pour se présenter. L’ancien ministre britannique, Jacob Rees-Mogg, a déjà appelé ouvertement à son retour, alors que l’ancien ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, a déjà exclu de se présenter dans la course pour laisser la place à BoJo. De quoi faire de ce dernier un sérieux challenger face à l’ancienne ministre britannique, Penny Mordaunt, et déjà candidate, ou Rishi Sunak finaliste face à Liz Truss.
Et BoJo ?
Qu’en pense l’intéressé ? Pour le moment aucune déclaration officielle de la part de Boris Johnson. Interrogé sur son retour, son père, Stanley Johnson, a laissé entendre que son fils était « dans l’avion », de retour de vacances à l’étranger, et qu’il aurait a priori son soutien. Les médias britanniques évoquent en effet son atterrissage à Londres, ce jour, samedi 22 octobre, en milieu de journée. Un tel comeback n’aurait rien de surprenant. « Johnson a un ego aussi gros que la Terre, donc il est aisé d’imaginer qu’il pense pouvoir faire son retour, comme d’autres hommes politiques à l’ego aussi gros que la Terre, Silvio Berlusconi et Donald Trump. », ironisait alors politologue à l’université Queen Mary de Londres, Tim Bale.
La réputation de Johnson le précède
Si cela est possible, est-ce pour autant une bonne idée ? La situation du parti conservateur a rarement été aussi catastrophique. Comme l’expliquait le Directeur d’étude à l’Ipsos, les Tories ont perdu depuis de nombreux mois leur crédibilité à gouverner. « Même les sondages qui plaçaient Rishi Sunak comme solide se sont effondrés ces derniers mois. Cette débâcle entraîne tout le monde avec elle. », expliquait Mathieu Gallard. Outre que la situation économique du pays est désastreuse, confrontée à une inflation redoutable, le manège au 10 Downing Street écorne un peu plus l’image des Tories, déjà bien abîmé par Boris Johnson lui-même. Désavoué il y a deux mois à peine par une soixantaine de responsables politique, l’ancien Premier ministre britannique a aussi été mis en cause pour avoir participé à des fêtes en plein confinement, et est toujours sous le coup d’une enquête parlementaire laquelle pourrait tout simplement le voir être suspendu du Parlement.
L’opposition réclame…, Conservateurs divisés…
Autant d’éléments qui ont participé à son départ forcé et que ne manque pas de rappeler l’opposition. Cette dernière réclame à cor et à cri des élections générales anticipées (les prochaines doivent en théorie avoir lieu d’ici janvier 2025) lesquelles donneraient lieu à un raz-de-marée travailliste. « Voici à quoi ressemblerait la nouvelle carte électorale du Royaume-Uni si des élections générales avaient lieu aujourd’hui, selon le dernier sondage de People Polling ». Si l’image d’un BoJo héros des élections de 2019 (et dont il tire toujours sa légitimité), capable d’empêcher la déroute, met encore des étoiles dans les yeux de certains, elle n’est pourtant plus d’actualité. « Il est plébiscité par une partie des adhérents et des électeurs conservateurs, mais il a perdu le soutien de beaucoup d’électeurs de 2019 (…) Ce n’est donc pas le meilleur candidat, mais encore une fois il illustre le clivage adhérents – électeurs. Rishi Sunak me semble le seul à pouvoir rassurer les électeurs ’flottants’. », résume pour le professeur de civilisation britannique à la Sorbonne Nouvelle-Paris 3, David Fée. Loin de faire l’unanimité, la candidature d’un Boris Johnson semble même être susceptible d’attiser des divisions dans les rangs conservateurs. Interrogé par Skynews, le député Tory, Jesse Norman, a qualifié ce potentiel de retour de « décision absolument catastrophique ». Son collège, Roger Gale, a même menacé de démissionner si ce retour se confirmait. Ils ne sont pas seuls, sous couvert d’anonymat plusieurs membres éminents du parti conservateurs ont expliqué à nos confrères de Politico que le seuil, assez haut, de 100 parrainages a été vu comme une manière de ralentir son retour. Suffisant ? Ici à Porto-Novo comme à Londres, c’est wait and see. Réponse lundi 24 octobre prochain.
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