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TotalÉnergies : « 455 millions de tonnes » de CO2, Greeanpeace juge que le bilan carbone de la compagnie est 4 fois supérieur à celui affiché

Le géant français du pétrole et du gaz TotalÉnergies pollue beaucoup. Et surtout beaucoup plus qu’il ne veut l’admettre. Selon un nouveau calcul du bilan carbone de l’entreprise rendu public par Greenpeace, ce mercredi 2 novembre, Total émettrait quatre fois plus de gaz à effet de serre que ce qu’il ne déclare. Un chiffrage qui souligne un « manque de transparence évident », pour l’ONG française. L’estimation commandée par Greenpeace au cabinet spécialité Factor-X « trouve un résultat près de quatre fois supérieur à celui que communique la major, soit un total d’émission de 1,6 milliard de tonnes d’équivalent CO2, alors que le groupe indique avoir émis 455 millions de tonnes » sur l’année 2019, annonce l’ONG environnementale. Un bilan publié à quelques jours de la COP27 et d’une réunion à l’Élysée entre le président français, Emmanuel Macron, et les entreprises françaises les plus polluantes.

Greenpeace dénonce « une méthodologie douteuse »

Pour le représentant de Greenpeace François Chartier, les ambitions du groupe d’atteindre la neutralité carbone en 2050 au regard de ces nouvelles estimations apparaissent ainsi « carrément fantaisistes ». La responsabilité de TotalEnergies « dans la crise climatique est bien plus importante que ce qu’elle veut bien reconnaître », dénonce-t-il. La suspicion d’une sous-estimation est renforcée, selon Greenpeace, par la comparaison avec le bilan du britannique Shell, 3,6 fois plus élevé que TotalEnergies alors que sa production de pétrole et gaz est seulement 1,22 fois supérieure et ses ventes de pétrole 1,6 fois plus importantes. « Sans prétendre à une vérité absolue », les méthodologies de bilan carbone étant complexes et discutées, Greenpeace considère que son chiffrage est une « contribution au débat ». Un point de vue que ne partage pas le géant pétrogazier. « Le rapport de Greenpeace suit une méthodologie pour le moins douteuse », a rétorqué TotalEnergies, estimant que l’étude comptabilise « plusieurs fois les émissions liées à la combustion des produits ».

L’autorité des marchés financiers saisie

En effet, le GHG Protocol, norme mondiale la plus utilisée pour établir ces bilans, mais différemment interprétée, distingue les émissions en trois périmètres : les émissions directes de l’activité (dit « scope 1 »), les émissions liées à la consommation d’électricité, de chaleur et de vapeur (« scope2 »), et les émissions indirectes en amont et en aval de la production (« scope 3 »). Ce « scope 3 », qui intègre l’essence consommée par les automobilistes ou le gaz brûlé par la cuisinière, représente l’essentiel des émissions du secteur des énergies fossiles. Pour TotalEnergies, Factor-X évalue ce périmètre à 1,4 milliard de tonnes d’équivalent CO2 (90 % de l’empreinte carbone totale) en 2019 contre 410 millions dans le chiffrage du groupe. « Les émissions calculées par Greenpeace correspondraient à plus de 4 % des émissions mondiales » liées à cette industrie dans le décompte de l’Agence internationale de l’énergie (36 gigatonnes d’équivalent CO2) en 2019, sans équivalence avec « la part de marché de TotalEnergies dans le secteur », « comprise entre 1 et 2 % », souligne le groupe. Greenpeace annonce avoir signalé ces informations à l’Autorité des marchés financiers. En mars, l’ONG a assigné en justice TotalEnergies pour pratiques commerciales trompeuses, pour ses publicités qualifiées de « greenwashing ».

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