Photo : L’ancien président américain, Donald Trump, ici lors de la soirée des midterms dans sa demeure floridienne de Mar-a-Lago
Alors qu’il voulait faire des élections de mi-mandat un tremplin pour sa candidature à la Maison Blanche en 2024, l’ancien président a rapidement déchanté. L’ancien président américain n’a pas connu le triomphe qu’il escomptait lors de ces élections de mi-mandat. Il s’y voyait déjà : un succès triomphal lors des midterms de ce mardi 8 novembre, une dynamique favorable et l’annonce en grande pompe, une semaine plus tard, d’une nouvelle candidature à la Maison Blanche pour 2024. Sauf que tout ne s’est pas déroulé comme prévu pour Donald Trump durant les élections de mi-mandat. Alors que nombre de scrutins locaux n’ont pas encore rendu leur verdict, un mot d’ordre s’impose tout de même sur les plateaux de télévision et dans les colonnes des journaux américains : l’ancien président est « le grand perdant » des midterms. Même Fox News, qui fut un temps entièrement dévouée à la cause du milliardaire, a largement relayé cette première grande conclusion d’une journée de vote encore difficile à lire. Et pour cause : plusieurs éléments viennent d’ores et déjà accréditer cette idée d’un revers majeur pour Donald Trump. Ils sont quatre.
Des figures du Trumpisme battues ou en ballottage défavorable
Et l’on peut commencer par évoquer un signal fort : les nombreux revers de personnalités soutenues par l’ancien locataire de la Maison Blanche. Dans l’État-clé de Pennsylvanie, le médecin controversé et médiatique, Mehmet Öz, qui ambitionnait de devenir sénateur, a été battu par son rival démocrate, John Fetterman. Même chose pour quatre candidats à la Chambre des Représentants soutenus par Trump : Madison Gesiotti Gilbert et Steve Chabot dans l’Ohio, un autre État décisif, ainsi que pour Bo Hines en Caroline du Nord et John Gibbs dans le Michigan. Et on peut ajouter à la liste Tim Michels (Wisconsin), Tudor Dixon (Michigan) et Doug Mastriano (Pennsylvanie), trois aspirants gouverneurs qui avaient fait du refus de reconnaître la victoire de Joe Biden lors de la dernière élection présidentielle un argument phare de leur campagne et qui ont tous été vaincus. Une succession de noms qui pourrait encore s’allonger à mesure que les votes continueront d’être comptabilisés ces prochains jours. L’ancienne journaliste de Fox, Kari Lake, et l’ex-footballeur, Herschel Walker, pourraient tout particulièrement aggraver le cas de Donald Trump s’ils venaient à s’incliner dans leur élection respective, la première comme gouverneure de l’Arizona, le second comme sénateur de Georgie.
Des ténors républicains reconnaissent l’absence de « vague rouge »
Forcément, partant du postulat de cette accumulation de revers (et même si des Trumpistes engagés dans des scrutins bien plus favorables se sont tout de même imposés) et au vu des résultats au niveau national, difficile de parler de triomphe des républicains lors de ces midterms. C’est ce qu’ont reconnu deux ténors du parti à l’éléphant : Ted Cruz, le principal rival de Donald Trump lors de la primaire de 2016, et le puissant sénateur Lindsey Graham. Dans leurs prises de parole, les deux hommes ont admis l’absence de la « déferlante rouge » promise par Donald Trump. « Il y a un certain nombre de scrutins serrés qui ont basculé contre nous. », a par exemple déclaré Ted Cruz, reconnaissant que les résultats n’étaient pas à la hauteur de ce qu’il espérait. Et Lindsey Graham d’aller beaucoup plus loin au micro de NBC News : « Ce n’est clairement pas une vague républicaine, ça c’est certain ». De quoi mettre à mal la rhétorique triomphaliste de Donald Trump, qui s’était empressé de prendre la parole depuis sa résidence floridienne de Mar-a-Lago dès que de premières victoires de ses proches ont été officialisées pour vanter une victoire de ses idées.
Le rival de Trump, lui, sort largement renforcé
En réalité, si un homme sort conforté dans ses positions, c’est le principal rival de Donald Trump en vue d’une éventuelle primaire pour 2024 : Ron DeSantis. Le jeune (44 ans) gouverneur de Floride a été très largement réélu à son poste avec près de 60% des voix. De quoi se positionner comme une alternative crédible à l’ancien président américain, surtout au sortir d’une soirée où les idées trumpistes, on le répète, ont été loin de rallier le soutien populaire. « Pour moi, le combat ne fait que commencer. », a d’ailleurs lancé Ron DeSantis dans son discours de victoire, alors même qu’il n’a encore jamais officiellement confirmé ses ambitions présidentielles. Par cette victoire, Ron DeSantis va, quoi qu’il arrive, pouvoir se positionner comme l’un des hommes forts du renouveau des conservateurs après la victoire de Joe Biden en 2020. En effet, celle-ci cimente encore un peu plus l’ancrage du parti républicain dans un État qui, traditionnellement, fait partie des faiseurs de roi lors des élections présidentielle. Et voilà un argument de campagne tout trouvé pour le challenger numéro 1 de Trump, déjà présenté comme le « futur » par la presse conservatrice.
Des divisions émergent dans les rangs trumpistes
Dernier revers pour Donald Trump : la réaction de ses troupes aux résultats. Car si l’unité aurait évidemment été plus facile à maintenir en cas de large victoire, les différentes défaites et incertitudes qui planent semblent avoir fragilisé l’union autour de la figure de l’ancien président. Un exemple parmi d’autres : l’ancienne conseillère de Donald Trump, Kellyanne Conway, ne s’est pas privée de tacler la décision d’avoir investi Doug Mastriano pour viser le poste de gouverneur dans le swing state qu’est la Pennsylvanie. Un homme pour qui Trump a pourtant fait campagne et qui s’est au final incliné dans les grandes largeurs. Et que dire des candidats trumpistes qui, à l’image de Don Bolduc dans le New Hampshire, ont simplement décidé de reconnaître leur défaite et pris leurs distances avec la rhétorique de l’ancien président américain sur les élections soi-disant truquées ? Eux ne font qu’affaiblir, au grand dam de l’intéressé, le message que veut convoyer Donald Trump en vue de reprendre le contrôle du pays à Joe Biden.
Quoi qu’il en soit, Donald Trump s’était de toute façon ménagé une porte de sortie. En interview au cours de la soirée, il avait ainsi déclaré : « Si les républicains l’emportent ce soir, tout le mérite me revient. Et s’ils perdent, ne m’en faites pas le reproche ». Une manière de dire qu’en dépit de ses revers du jour, il ne compte aucunement reconnaître une défaite et encore moins laisser la place à ses rivaux, que ce soit dans son camp ou côté démocrates.
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