Après un mois de bras de fer avec le gouvernement français autour du budget 2023 de la Sécu, les syndicats de biologistes franchissent une nouvelle étape et appellent à une « grève illimitée » des laboratoires d’analyses médicales à partir de ce jour, lundi 14 novembre. La ponction ne passe toujours pas. Depuis l’annonce, fin septembre dernier, des 250 millions d’euros d’économies à réaliser de gré ou de force dans leur secteur, les biologistes libéraux s’alarment d’un « coup de rabot » et s’y opposent par tous les moyens. Redoutant une baisse de tarifs pérenne, ils ont d’abord proposé une « taxe exceptionnelle » du même montant, au titre des profits engrangés grâce aux tests Covid.
« Prendre en otage l’ensemble de la population »
Faute d’accord, ils ont ensuite arrêté de transmettre les résultats de ces dépistages au fichier national SI-DEP, perturbant le suivi de l’épidémie pendant une semaine. Un boycott jugé « inconséquent » et « inadmissible » par le ministre français de la Santé, François Braun, qui les a même accusé de « prendre en otage l’ensemble de la population ». Ce coup de semonce n’a pas fait bouger les lignes : reçus lundi 7 novembre à l’Assurance maladie, les biologistes en sont sortis en dénonçant une « folie austéritaire » et en appelant à la « grève reconductible » à partir de ce lundi 14 novembre. « 90 à 95 % suivent le mouvement, soit près de 3.900 labos de ville sur 4.100 en France. », détaille le président du syndicat national des biologistes médicaux, Lionel Barrand.
Le mouvement, qui devrait durer au moins trois jours, est aussi porté par les grands groupes de laboratoires privés (Biogroup, Cerba, Eurofins, Inovie, Synlab), ainsi que par le réseau des Biologistes indépendants (LBI) dans le pays. Plusieurs syndicats d’autres professions ont également apporté leur soutien aux biologistes, dont les onze organisations regroupées au sein des Libéraux de santé, ainsi que les médecins de l’UFML. Mais l’exécutif français campe sur sa position. « Je maintiens la cible, cela aboutira. », a encore affirmé mardi 8 novembre, François Braun, estimant qu’« avec un excédent brut de 3 milliards, ils peuvent faire un effort de 250 millions ». L’assurance maladie « continue pour sa part à privilégier le dialogue » et « regrette profondément l’appel à la grève », jugeant ses propositions « pleinement soutenables pour le secteur de la biologie ».
Le renfort du Sénat
Les biologistes ont toutefois reçu cette semaine le renfort du Sénat lors de l’examen du projet de budget de la sécurité sociale. Épousant leur revendication, la Haute assemblée a voté un amendement transformant cette « baisse pérenne en contribution exceptionnelle de 250 millions d’euros en 2023 ». « Une main tendue qui rouvre la voie à une solution négociée. », jugent les biologistes libéraux. Au gouvernement Borne et au Parlement français de « se saisir de cette opportunité », ont-ils argué.
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