Photo : Le chef de l’État béninois, Patrice Talon, sur LCI, ce dimanche 5 mars (Capture d’écran)
La situation sécuritaire en Afrique, la démographie africaine et l’immigration vers l’Europe, le rapport FrançAfrique…, toutes les questions d’actualité mondiale ont été décryptées ce week-end par le président de la République. Patrice Talon était l’invité de notre confrère français, Darius Rochebin, dans l’entretien actualité du Journal Télévisé (JT) de 20H (heure du Bénin et de la France), sur la chaîne de télévision française LCI, ce dimanche 5 mars. Dans un entretien de 18 minutes, l’homme fort de Porto-Novo a su placer les mots avec prudence sur chaque sujet des grands enjeux internationaux du moment, de l’Afrique et du Bénin. Le locataire du Palais de La Marina, à Cotonou, la capitale économique béninoise a partagé sa vision sans langue de bois. La rédaction differenceinfobenin.com et celle du journal quotidien « Différence Info » du Groupe de presse « DIFFÉRENCE », l’ont religieusement suivi. Elles résument l’entretien du dirigeant béninois dans la presse française.
- L’invasion de l’Ukraine par la Russie
« La Russie est l’une des dernières puissances impériales coloniales. »
Emmanuel Macron
À l’entame de l’entretien, le confrère français rappelle que son invité est le président du Bénin, un des chefs d’État de ce continent africain qui est tellement courtisé en ce moment. Il faut noter la visite l’année dernière du président français, Emmanuel Macron ; et celle du ministre des Affaires Étrangères russe, Serguei Lavrov ; de la visite du ministre des Affaires Étrangères chinois, Qin Gang, en janvier dernier. Ce que le journaliste considère, au regard de la guerre en Ukraine, menée par la Russie, comme « un moment africain ». Mais aux yeux du dirigeant béninois, tel n’est totalement pas le cas. « Peut-être, on peut le dire. Ce moment est actuel. Peut-être, c’est un moment africain, cela est flatteur pour nous, plutôt. », nuance Patrice Talon. Lors de la conférence de presse conjointe du locataire de l’Élysée avec son homologue béninois au Palais de La Marina, le mercredi 27 juillet 2022, Emmanuel Macron disait que « la Russie est l’une des dernières puissances impériales coloniales », chargeant ainsi depuis Cotonou, Vladimir Poutine.
« La Russie est un pays ami, un ami du Bénin, de vielle date. Et malgré l’intervention de la Russie en Ukraine, la Russie demeure l’amie du Bénin. »
Patrice Talon
Cette charge du président français contre le président russe n’est pas l’analyse du premier citoyen béninois. « Je ne saurais le dire. Ce n’est pas mon analyse des choses. », a répondu le président béninois au journaliste français qui voudrait savoir si son compatriote auteur de ce propos avait raison ? « Moi, ce qui me préoccupe et qui préoccupe le Bénin, c’est la guerre en Ukraine. Cette guerre, elle est malheureuse ! », affirme Patrice Talon. « La Russie est un pays ami, un ami du Bénin, de vielle date. Et malgré l’intervention de la Russie en Ukraine, la Russie demeure l’amie du Bénin. », a précisé Patrice Talon. « Mais ce n’set pas parce que nous sommes des amis, un peuple ami, qu’il faut se garder de ne pas condamner ce que fait la Russie en Ukraine. », relève l’invité de Darius Rochebin. « Le Bénin condamne ! », s’exclame-t-il. « Parce que l’usage de la force n’est pas à promouvoir. », s’oppose Patrice Talon qui ne cherche pas à savoir la cause réelle du comportement russe. « La cause, est-elle juste ? Ce n’est pas le débat. Il ne faut pas que la force soit le moyen de règlement des conflits. », refuse Patrice Talon. « La Russie est dans une phase difficile. C’est normal qu’elle soit plus active en termes de séduction. », souligne-t-il.
- La situation sécuritaire en Afrique
L’appel de la Paris à l’endroit des pays africains pour la soutenir à lutter contre le groupe de sécurité privée russe, Wagner, n’set pas bien reçut par Porto-Novo. « Le Bénin n’a pas à aider un pays contre un autre. Nous ne pouvons être un allié de la France contre la Russie. », a fait savoir Patrice Talon. La situation sécuritaire sur le continent a été bien évoquée par le journaliste et son invité de ce dimanche, où le groupe de sécurité privée russe Wagner, présent en Afrique, a été au cœur de l’entretien. « La situation sécuritaire en Afrique, aujourd’hui, empêche qu’on nettoie le passé », selon le chef de l’exécutif béninois. « L’Afrique est confrontée à un problème sécuritaire grave. », signale Patrice Talon. « Si la mission de Wagner était purement sécuritaire, sur le principe, ce n’est pas condamnable. », a soutenu le président de la République. « Si c’était pour servir un régime pour des exactions, cela est condamnable. », précise-t-il. « Dans le quotidien des Africains aujourd’hui, on voit des armes circuler, au détriment de la paix, et l’un des facteurs déterminants de cette situation est l’explosion de la Libye et donc la chute de Kadhafi. », estime Patrice Talon.
- FrançAfrique
Au sujet de la relation entre la France et l’Afrique communément appelée la FrançAfrique, sur son évolution, le chef du gouvernement béninois avoue qu’une partie de la population africaine évolue. Pour le N°1 de la Rupture et du Nouveau Départ au Bénin, cette partie de la population africaine n’est pas accrochée au passé. « Ce qui est d’ailleurs un handicap au développement quand on n’arrive pas à recenser le passé. », indique Patrice Talon. « Le président Macron est un président jeune, qui dit les choses tel qu’il les sent. », qualifie-t-il. « Il a un esprit assez ouvert, il est jeune. C’est un avantage pour voir les choses différemment. Et cela, beaucoup d’africains l’apprécient. », ajoute le chef de l’État. Selon le digne fils de Ouidah, bon nombre d’africains perçoivent encore l’effet du paternalisme à travers certains propos, certains fats. « Il faut faire l’effort de les gommer. », demande Patrice Talon. « Il est nécessaire que la France affiche davantage son sentiment d’égalité avec les pays africains. », observe le dirigeant béninois.
- L’immigration
Sur la voie de Porto-Novo – Cotonou ou celle d’Abomey-Calavi – Cotonou, l’embouteillage que les voisins de l’Est (Nigeria) appellent « Go Slow » observé chaque matin et soir sur les carrefours La Béninoise et Cica-Toyota expose les effets de la démographie africaine. Inutile de le rappeler que c’est aussi le cas un peu partout sur le continent. La démographie africaine est forte plus que celle européenne. Quelle logique historique pourrait expliquer cela ? Le phénomène de l’immigration vers l’Europe n’est pas à oublier. « Il ne faut pas que l’immigration ou la nécessite de combler le déficit démographique en Occident, en Europe, conditionne les politiques africaines en termes de développement, de démographie. », a dit Patrice Talon. « Nous sommes confrontés aujourd’hui à un drame. Le taux de la croissance démographique est trop élevé et en décalage avec notre capacité à investir dans l’infrastructure, l’éducation, la santé, dans la création d’emplois. Donc, il faut impérativement contrôler ce taux de progression de la démographie. », a pointé Patrice Talon. « Il faut contrôler les naissances. Il faut que les dirigeants africains que nous sommes, nous œuvrons pour le bien-être de nos concitoyens aujourd’hui et de demain. », soutient-il.
- La Chine
Le progrès de la Chine sur la conquête du marché africain n’a pas échappé à l’entretien de l’actualité de ce dimanche entre Darius Rochebin et son invité béninois. « La Chine, c’est déjà le présent. Elle est une puissance incontournable. Elle donne exemple de ce qu’on peut partir de rien pour se développer et devenir une puissance. », a fait savoir Patrice Talon. « La Chine m’inspire beaucoup. Le modèle chinois, l’effort sur soi, la bonne gouvernance, sont les éléments qui devraient inspirer tous les pays sous-développés. », avance Patrice Talon. La dernière phrase aux yeux du média béninois que le chef de l’État a prononcé est très mesurée. « Je suis dans la charge. Je puis vous dire combien, parfois, la bonne gouvernance peut heurter en apparence, la promotion de la démocratie ou de la liberté. Parfois, c’est très difficile quand on a des mauvaises habitudes communautaires. », a conclu Patrice Talon en insistant sur le travail dès le présent, car « personne ne peut prédit ce que sera l’humanité dans mille ans », prévient-il.
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