Photo : Le président français, Emmanuel Macron
En pleine gronde après le déclenchement de l’article 49-3 par la Première ministre française, Élisabeth Borne, le président français devra tôt ou tard choisir entre la dissolution de l’Assemblée nationale, le remaniement ou l’accord de gouvernement. À moins de rester face au blocage. Reculer, casser le mur ou l’aménager… Voilà, à gros traits, à quoi ressemblent les options d’Emmanuel Macron, pris dans l’impasse de la réforme des retraites, après son adoption au 49-3 et la motion de censure transpartisane qui n’est passée qu’à neuf voix de faire tomber son gouvernement. S’il refusait de parler de « défaite », le locataire de l’Élysée est tout de même au pied du mur. Il a prévu de s’exprimer face aux français aujourd’hui, mercredi 22 mars, lors des JT de 13 heures de TF1 et de France 2.
Reculer ou avancer ? Trois options
La contestation sociale n’est pas terminée : les organisations syndicales unies appellent à une 9ème journée de mobilisation, jeudi 23 mars prochain, et les rassemblements spontanés se multiplient dans les rues de France depuis le déclenchement de l’article 49-3. Ajoutez à cela l’échec de l’accord avec LR pour l’adoption du texte et une majorité échaudée par la séquence, l’assise nécessaire pour gouverner n’en finit plus de se rétrécir pour le chef de l’État, qui n’a même pas encore passé la première année de son second quinquennat. Quelles options lui reste-t-il en poche ? Nous en dénombrons trois :
- la première, la plus facile : le retrait. Reculer pour sortir de l’impasse en s’asseyant sur sa réforme phare ou alors en accélérant en marche arrière par une dissolution qui conduirait à de nouvelles élections législatives. Les sondages (dont il convient de se méfier tant les dissolutions sont imprévisibles) donnent une Assemblée nationale à peu près identique. Pas sûr qu’on soit plus avancé.
- seconde option : s’accommoder de l’impasse. C’est celle qui tient la corde si l’on en croit les fuites de la réunion de la majorité à l’Élysée, ce mardi 21 mars, au cours de laquelle le président a exclu à ce stade tout « remaniement, référendum ou dissolution ». Cela reviendrait à conserver la situation politique telle quelle, tout en proposant des changements de façade : un remaniement, un changement de Première ministre ou tout simplement de nouveaux projets de loi ou une conférence sociale. Là encore, si le président français s’arrête à une annonce de posture, ou à un « changement de méthode » déjà promis à maintes reprises, pas sûr que cela suffise à calmer les esprits dans son pays.
- disruptif ou conservateur ? Enfin la dernière option, la plus surprenante et donc la plus disruptive, qui reviendrait à revenir aux fondamentaux du macronisme : continuer à casser la gauche et la droite pour aller au bout de sa logique du « en même temps ». Cela pourrait passer par un accord de gouvernement, souhaité par une partie de LR comme Rachida Dati ou Jean-François Copé et donc potentiellement la nomination de l’un d’entre eux à Matignon. Parmi les LR qui n’ont pas voté la motion de censure (42 députés) se trouve une sacrée réserve de voix pour la majorité relative.
Essuyer des refus pour Matignon
Enfin, et c’est le scénario le moins probable, renverser la table et gouverner désormais sur sa gauche : avec un Premier ministre écologiste par exemple, qui mettrait en œuvre le programme de planification écologiste promis par Emmanuel Macron pendant sa campagne d’entre-deux-tours de la présidentielle 2022 afin de séduire l’électorat de gauche face à sa rivale, Marine Le Pen. Yannick Jadot pourrait être sur la liste. L’ancien candidat à la dernière présidentielle a refusé en mai dernier d’entrer au gouvernement français, mais avec les mains libres et un poste de Premier ministre, sa position pourrait-elle évoluer ? Le dirigeant français avait en tout cas à l’époque déjà essuyé des refus pour Matignon, comme celui de la députée socialiste, Valérie Rabault…
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