Photo : Illustration (NARINDER NANU / AFP)
L’Inde, premier exportateur mondial de riz, a annoncé, ce vendredi 21 juillet, l’interdiction des exportations de riz blanc non basmati afin de mettre fin à la hausse fulgurante du prix de cette céréale dans le pays. Son prix avait en effet grimpé de 3% en un mois après des pluies de mousson tardives et trop abondantes qui ont causé des dommages importants aux cultures. Cette année, au moins 29 personnes sont décédées dans des inondations et glissements de terrain à cause de la mousson. « Afin d’assurer une disponibilité suffisante de riz blanc non basmati sur le marché indien et d’atténuer la hausse des prix sur le marché intérieur, le gouvernement indien a modifié la politique d’exportation. », a déclaré le ministre indien de l’Alimentation dans un communiqué. La catégorie concernée, le riz blanc non basmati, représente selon le gouvernent indien, un quart des millions de tonnes de riz indien exportés en 2022.
Offre réduite, spéculation, et réactions de panique
Alors que l’Inde est à l’origine de plus de 40% des exportations mondiales de riz, et que les stocks des autres exportateurs sont au plus bas avec la guerre en Ukraine et les aléas climatiques, le prix du riz risque d’exploser au niveau mondial. « L’offre mondiale de riz va se resserrer considérablement. », a déclaré Eve Barre, économiste au sein l’assureur-crédit Coface, au média américain CNBC, ajoutant que le Bangladesh et le Népal seraient les plus durement touchés par l’interdiction, ces deux pays étant des importateurs de premier plan. « Outre une réduction de l’offre mondiale de riz, les réactions de panique et la spéculation sur les marchés mondiaux du riz vont exacerber la hausse des prix. », analyse encore Eva Barre. Les prix atteignent déjà leur plus haut niveau depuis dix ans, car le riz est prisé face à la flambée du prix des autres céréales depuis la guerre en Ukraine. Ceux du blé ont d’ailleurs encore bondi de 10% cette semaine après que la Russie s’est retirée de l’accord sur les céréales de la mer Noire. « Nous nous attendons à une augmentation minimum d’environ 50 dollars [soit 45 euros environ] par tonne, et cela pourrait être 100 dollars ou même plus. », a déclaré à l’agence Reuters un négociant basé à Singapour dans une société de commerce international.
Un aliment de base pour le Bénin
L’interdiction pourrait également exacerber l’insécurité alimentaire dans les pays fortement dépendants du riz. Car comme le souligne CNBC, citant un récent rapport de la société d’analyse agricole Gro Intelligence, « les principales destinations du riz indien sont le Bangladesh, la Chine, le Népal et bien évidemment notre pays, le Bénin. D’autres pays africains importent également une grande quantité de riz indien ». Avec le changement climatique, les moussons gagnent en intensité et cette année, les pluies ont endommagé non seulement les cultures de riz, mais aussi de tomates et d’oignons, entraînant une forte hausse du coût des denrées alimentaires. Comme le rappelle l’agence Reuters, le riz est un aliment de base pour plus de 3 milliards de personnes, et près de 90% de cette culture à forte consommation d’eau est produite en Asie, où la sécheresse provoquée par le phénomène climatique El Niño risque de freiner les approvisionnements. Il est clair que cette décision risque de faire flamber les cours du riz sur le marché mondial et d’exacerber l’insécurité alimentaire. Porto-Novo doit pouvoir répondre si le Bénin était en difficulté suite à cette décision de New Dehli.
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