Photo : Le président de la transition burkinabè, Capitaine Ibrahim Traoré, et le président béninois Patrice Talon, à Ouagadougou, le jeudi 16 février 2023
Seul Dieu sait quand est-ce que l’entente va revenir entre ces pays voisins. Si aujourd’hui, les frontières entre le Niger et le Bénin étaient toujours fermées, eh bien, c’est parce qu’il y a, selon Niamey, la présence de bases militaires françaises sur le territoire béninois. « Nous avons souverainement décidé de garder notre frontière fermée avec le Bénin pour la bonne et simple raison que nos anciens amis, que sont les français, sont revenus sur le territoire béninois après leur départ du Niger. », avait déclaré le premier ministre nigérien, chargé de l’Économie et des Finances, le samedi 11 mai dernier. C’était à l’occasion d’un point de presse diffusé sur les antennes de la télévision nationale du Niger où Ali Mahamane Lamine Zeine affirmait la présence en territoire béninois de « plusieurs camps de l’armée française ».
Un plan de déstabilisation
Malgré le démenti apportés par les autorités de Porto-Novo, Ouagadougou sort avec béret rouge sur la tête pour venir porter main forte à Niamey. En effet, le président du Burkina-Faso affirme que le Bénin abrite bel et bien des bases militaires sur son sol. Le Capitaine Ibrahim Traoré accuse ouvertement Patrice Talon de participer à « un plan de déstabilisation des pays de l’AES (Alliance des États du Sahel NDRL) ». Cette information a fait sortir une fois de plus les autorités béninoises, demandant notamment à leurs homologues nigériennes de venir visiter le pays. C’est par la voix du Secrétaire Général Adjoint du Gouvernement que les deux militaires au pouvoir au Nord du Bénin ont noté que le Bénin n’abrite aucune base militaire française.
Le Porte-Parole du Gouvernement demandait au président putschiste nigérien d’envoyer la presse indépendante de son pays si lui-même ne pouvait pas se déplacer. « Que le Général Tiani envoie tout ce qu’il a comme médias indépendants au Niger. Ils n’ont qu’à venir, on va leur faire visiter le Bénin, depuis Cotonou jusqu’à Malanville, en passant par tous les coins, les axes frontaliers, et ils viendront regarder s’il y a une base ici. », lançait Wilfried Léandre Houngbédji. « Une base militaire, ce n’est pas une aiguille dans une botte de foin quand même. Il peut déployer les moyens satellitaires qu’il veut, avec ses alliés militaires du moment pour venir voir si on a une base ici. », avait contre-attaqué le défenseur des intérêts du gouvernement béninois.
Mais contre toute attente, c’est le président du Faso qui rebelote sur le même sujet de la supposée existence de bases militaires françaises au Bénin. À travers une sortie publique, le Capitaine Ibrahim Traoré, a déclaré que le Bénin appartient à l’existence d’un complot visant à déstabiliser le Burkina-Faso. Le jeune dirigeant militaire affirme dans sa déclaration qu’ « un centre d’opérations basé à Abidjan » en Côte d’Ivoire, voisin du Burkina-Faso, serait au cœur de cette conspiration. « Il y a bel et bien à Abidjan, un centre des opérations pour déstabiliser le Burkina-Faso. », soutient assurément Ibrahim Traoré.
En poursuivant sa déclaration, le jeune ancien élève soldat de l’École des Officiers de Toffo, au Bénin, a également affirmé défier quiconque refuse la présence de bases militaires étrangères dans le pays, en occurrence les bases françaises. « Personne ne peut nous dire qu’au Bénin il n’y a pas de base française. », tape-t-il sur la poitrine. « Il y a bel et bien deux bases françaises au Bénin et nous avons des preuves. », a martelé Ibrahim Traoré, accusant les autorités béninoises de cautionner le plan de certaines puissances étrangères. « Plusieurs puissances refusent de nous vendre certaines armes parce qu’elles détiennent la licence de certaines composantes. », a-t-il déclaré. « Je le dis ici, haut et fort et solennellement, ça va s’arrêter. Nous allons retirer les permis d’exploitation de nos ressources à ceux-là. », a menacé l’homme fort de Ouagadougou.
Face à ces allégations, il urge de réagir. C’est par le canal réseaux sociaux qu’il a plu au Porte-Parole du Gouvernement du Bénin de répondre à nouveau à ces propos. « C’est l’hôpital qui se moque de la charité. », a écrit Wilfried Léandre Houngbédji sur sa page Facebook. « Les attaques terroristes enregistrées par le Bénin à ce jour, dont la grande majorité a été déjouée par nos Forces de défense et de sécurité, sont l’œuvre de gens venant de l’autre côté de nos frontières avec le Burkina-Faso et le Niger. », poursuit-il. « C’est d’ailleurs ce qui a amené le gouvernement du Bénin, dans sa stratégie pour contrer le phénomène, à construire pour compter de 2022, de petits camps militaires appelés bases opérationnelles avancées, dans plusieurs de nos communes frontalières. », a indiqué le Secrétaire Général Adjoint du Gouvernement.
Comment réussir à persuader… ?
Mieux, le patron de la Communication de la Présidence du Bénin a encore fait savoir que ces mesures sécuritaires prises par l’État béninois étaient connues de tous. « Cela, nous ne l’avons pas caché puisque le président de la République lui-même en a parlé devant l’Assemblée nationale dès le 8 décembre 2022. », a expliqué Wilfried Léandre Houngbédji. Au regard de toutes ces clarifications, pendant que Paris est silencieuse, comment Patrice Talon pourra réussir à persuader le Général Abdourahmane Tiani et son Capitaine Ibrahim Traoré de la neutralité du Bénin dans les actes dénoncés ? Grosse question dont la réponse n’est pas à la rédaction differenceinfobenin.com et celle du journal quotidien « Différence Info » du Groupe de presse « DIFFÉRENCE », ici à Porto-Novo. Wait and see dit-on chez le grand et géant voisin de l’Est qui assure la présidence de la CEDEAO dont le Burkina-Faso, le Mali et le Niger ont claqué la porte.
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