Photo : Le Commandant de la Garde républicaine de la Garde Républicaine, le Colonel Dieudonné Tévoédjè
Sur les antennes de RFI, le Commandant de la Garde Républicaine est revenu en détail sur les événements qui ont secoué le pays la nuit du samedi 6 au dimanche 7 décembre. Une nuit que le Colonel Dieudonné Tévoédjrè décrit comme « un véritable assaut contre la sûreté de l’État ». Son témoignage, précis et sommaire, retrace ce qu’il appelle lui-même « un film d’une rare intensité ».
2h10 : le premier appel et la prise de conscience
Tout commence en pleine nuit. À 2h10, le téléphone du Colonel Tévoédjrè sonne. À l’autre bout du fil, le Général de Corps d’Armée, Bertin Bada, Directeur du Cabinet Militaire du Président de la République, l’alerte : son domicile est la cible d’une attaque menée par « des hommes cagoulés ». Quelques instants plus tard, c’est le Général Abou Issa, Chef d’État-Major de l’Armée de Terre, qui signale être lui aussi visé. Très vite, Tévoédjrè comprend qu’il ne s’agit pas de faits isolés, mais d’une opération coordonnée visant l’appareil d’État. « J’ai immédiatement compris que ce n’était pas un acte de délinquance, mais une tentative d’atteinte à la sûreté de l’État. », affirme le Colonel Dieudonné Tévoédjè.
Riposte immédiate et déplacement sur le terrain
Responsable de la sécurité des institutions, le Commandant de la Garde Républicaine déclenche l’alerte générale dans son unité. Il décide ensuite de se rendre lui-même sur le terrain. « Je me suis moi-même rendu immédiatement afin de défendre la patrie. », a fait savoir Colonel Dieudonné Tévoédjè. Ce choix s’avérera décisif, car les événements s’enchaînent rapidement.
5h passées : l’assaut contre la résidence présidentielle
Aux premières lueurs du jour, les putschistes tentent de frapper au cœur de l’État. Vers 5h, ils lancent un assaut contre la résidence du Président de la République. Tévoédjrè est déjà sur place, où il organise personnellement la défense. Lorsque la « horde d’assaillants » se présente, les forces loyalistes opposent une riposte « surprenante » par son intensité. « Les assaillants ont été visiblement surpris par la détermination de mes hommes, et c’est cette surprise qui les a mis en déroute. », explique-t-il.
45 minutes d’affrontements violents
Selon le colonel, l’échange de feu dure près de 45 minutes. Les mutins engagent l’assaut avec des engins blindés, mais trouvent en face d’eux des troupes équipées elles aussi de véhicules blindés. Ils tentent ensuite de s’infiltrer par les ruelles adjacentes, sans succès : « Ces accès étaient fermement tenus par nos troupes ». Mise en échec, la colonne rebelle se replie en direction de la base de Togbin.
Encerclement de la base et décision stratégique
Les forces gouvernementales encerclent immédiatement le site. L’intention première est de donner l’assaut. Mais la localisation de la base en pleine zone habitée, incite à la prudence. « Il fallait éviter des dommages collatéraux. Nous avons décidé de ne pas recourir à cette extrémité ». À 18h, la décision est prise de solliciter l’appui de la CEDEAO.
Intervention ciblée et déroute finale
Le Nigéria répond favorablement à l’appel. Des frappes « ciblées et chirurgicales » sont alors menées, visant à neutraliser les engins stationnés dans la base et susceptibles de servir à de nouvelles attaques, notamment contre l’aéroport ou d’autres sites stratégiques. Ces frappes provoquent la fuite des occupants de la base, mettant fin à la tentative de déstabilisation.
« Un combat pour la République »
En concluant son récit, le Colonel Dieudonné Tévoédjrè souligne la détermination de ses hommes et la coordination des forces loyalistes :
« Nous avons défendu la patrie. »
Son témoignage dresse le tableau d’une nuit où le pays a frôlé l’instabilité, mais où les institutions ont tenu, grâce à une réaction jugée rapide et structurée.


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