« Si des membres de votre famille ou des amis se trouvent aux États-Unis sans statut légal, encouragez-les à rentrer chez eux ». Fin de citation. Diffusé il y a quelques mois par l’ambassade des États-Unis à Lomé, ce message continue de hanter l’esprit de milliers de togolais installés illégalement sur le sol américain. À l’heure où l’administration Trump s’est engagée dans un durcissement marqué de sa politique migratoire et des visas, l’inquiétude gagne les communautés concernées.
Un avertissement et un signal politique fort
Dans les quartiers de Lomé comme au sein de la diaspora togolaise outre-Atlantique, l’appel diplomatique est perçu à la fois comme un avertissement et comme un signal politique fort. Il rappelle la ligne de fermeté adoptée par Washington sur l’immigration irrégulière, traduite par un renforcement des contrôles, des procédures d’expulsion accélérées et une vigilance accrue lors de la délivrance des visas.
« Chaque jour, on se demande si on pourra rentrer du travail sans problème. »
Un ressortissant togolais installé sur la côte Est
Pour de nombreux togolais arrivés aux États-Unis au fil des années, souvent au terme de parcours longs et coûteux, la situation est devenue plus précaire. Certains travaillent sans statut légal dans la restauration, le bâtiment ou les services, contribuant à l’économie locale tout en vivant dans la crainte permanente d’un contrôle. « Chaque jour, on se demande si on pourra rentrer du travail sans problème. », confie un ressortissant togolais installé sur la côte Est, joint par téléphone. « Le message de l’ambassade a ravivé cette peur. », ajoute-t-il.
« (…) Mais rentrer, pour faire quoi ? »
À Lomé, les familles suivent avec appréhension l’évolution de la situation. Les transferts d’argent envoyés par les proches installés aux États-Unis constituent une source de revenus essentielle pour de nombreux foyers. Un éventuel retour forcé ou volontaire de migrants sans papiers pourrait fragiliser cet équilibre économique déjà précaire. « On comprend le message, mais rentrer, pour faire quoi ? », s’interroge un parent d’émigré, soulignant le manque d’opportunités professionnelles au pays.
Encourager le respect des lois migratoires
Du côté des autorités américaines, le discours est constant : encourager le respect des lois migratoires et dissuader l’immigration illégale. Le message de l’ambassade s’inscrit dans cette logique, en appelant les familles à sensibiliser leurs proches aux risques encourus (arrestations, détentions, expulsions) et aux conséquences d’un séjour irrégulier prolongé, notamment l’interdiction de retour sur le territoire américain. Des observateurs notent toutefois que cette communication intervient dans un contexte diplomatique délicat.
Responsabiliser les États partenaires dans la gestion des flux migratoires
Le Togo, comme d’autres pays africains, entretient des relations étroites avec les États-Unis, tant sur le plan sécuritaire qu’économique. « Ce type de message vise aussi à responsabiliser les États partenaires dans la gestion des flux migratoires. », analyse un spécialiste des relations internationales à Lomé. Face à cette situation, certaines associations de la diaspora appellent à la prudence et à l’information. Elles encouragent les migrants à se renseigner sur leurs droits, à consulter des avocats spécialisés et à éviter toute situation pouvant attirer l’attention des autorités.
Création d’opportunités économiques au pays d’origine
D’autres plaident pour une réflexion plus large sur les voies légales de migration et sur la création d’opportunités économiques au pays d’origine. En attendant, l’avertissement de l’ambassade américaine continue de faire écho. Entre espoir d’une régularisation hypothétique et crainte d’un retour contraint, des milliers de togolais vivent suspendus aux décisions d’une politique migratoire américaine plus restrictive que jamais.


Soyez le premier a laisser un commentaire