Coup d’État manqué : Le cerveau Pascal Tigri en fuite, « Pour ne rien vous cacher… », les explications glaçantes de Patrice Talon

Photo : Illustration Groupe de presse DIFFÉRENCE

---

Le président de la République, Patrice Talon, s’est exprimé, ce jeudi 18 décembre, au Palais de La Marina, à Cotonou, face à la presse sur la tentative de coup d’État survenue le 7 décembre dernier et menée, selon les autorités, par le lieutenant-colonel Pascal Tigri, toujours en cavale. Une sortie médiatique très attendue, au cours de laquelle le chef de l’État a livré des éléments inédits sur le déroulement des événements et la fuite des mutins. Dans un ton grave mais posé, Patrice Talon a confirmé que des échanges directs avaient eu lieu avec le principal suspect au plus fort de la crise.

« Pour ne rien vous cacher, à un moment, nous avons eu Tigri au téléphone… Il a demandé de ne pas les bombarder. »

Patrice Talon

Les explications du chef de l’État sont glaçantes. « Pour ne rien vous cacher, à un moment, nous avons eu Tigri au téléphone. Nous lui avons dit :  »c’est de la folie ce que tu fais ». Il a demandé de ne pas les bombarder. », a expliqué Patrice Talon, laissant entrevoir la tension extrême qui a marqué les heures décisives de la mutinerie. Selon le chef de l’État, la désorganisation qui a suivi l’échec du putsch a permis à plusieurs mutins de tenter de se fondre dans la population. « Certains mutins se sont mis en civil, à moto, pour s’enfuir. Tigri est parti du camp de Togbin en civil, en voiture. », a précisé le locataire du Palais de La Marina, confirmant que le cerveau présumé de l’opération a réussi à échapper au dispositif de sécurisation immédiat.

De nombreuses interrogations…

Ces révélations suscitent de nombreuses interrogations au sein de l’opinion publique béninoise. Comment l’armée républicaine, après avoir repris le contrôle des installations stratégiques et maîtrisé la mutinerie, a-t-elle pu laisser filer le principal instigateur ? Par quels moyens le lieutenant-colonel Tigri aurait-il quitté la zone militaire, puis, éventuellement, le territoire national ? Et vers quelle destination ? Autant de questions auxquelles les autorités n’apportent, pour l’heure, que des réponses partielles.

L’arrestation de Pascal Tigri, un enjeu central…

Une chose est rassurante : les enquêtes se poursuivent activement. Plusieurs arrestations ont déjà été opérées, aussi bien dans les rangs de l’armée que parmi des civils soupçonnés de complicité, d’apologie ou d’aide à la fuite. Le président a réaffirmé la détermination de l’État à faire toute la lumière sur cette tentative de déstabilisation et à traduire tous les responsables devant la justice. « L’armée républicaine a tenu bon. », a insisté Patrice Talon en substance, soulignant la loyauté de la majorité des Forces de Défense et de Sécurité. Alors que le pays tente de tourner la page de cet épisode inédit depuis le retour au pluralisme politique, l’arrestation de Pascal Tigri apparaît désormais comme un enjeu central, tant pour la manifestation de la vérité que pour la confiance durable des citoyens dans leurs institutions.