Photo : Le président du PPA-CI, Laurent Gbagbo, à Abidjan, ce dimanche 17 octobre
Annoncé et en consultation prénatale politique, il est finalement né. Laurent Gbagbo a donné naissance au Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI). Comme on peut bien le lire, sa terre natale est la Côte d’Ivoire, lieu de naissance est Abidjan, la capitale économique ivoirienne avec pour jour, le dimanche 17 octobre. Mais il est un citoyen africain. C’est la première sortie politique de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, qui concrétise ainsi son retour au premier plan sur la scène politique du pays après une décennie d’absence suite à un braquage politico-judiciaire sur son chemin politique en 2011. « Nous allons reprendre ensemble notre chemin. », a déclaré Laurent Gbagbo. C’était en présence non seulement de plusieurs centaines de cadres et militants ivoirien, mais aussi et surtout de plusieurs délégations politiques de plus d’une dizaine de pays africains comme le Ghana où sa mère avait été réfugiée avant de répondre à l’appel de Dieu en cours de chemin du retour à son village natal. « Donc ces pays-là qui nous ont offert l’hospitalité, il faut que j’envoie des délégations les saluer et les remercier, au Ghana, au Togo, au Liberia, au Bénin. », a lancé Laurent Gbagbo. Il tenait ces propos à travers son premier discours ce week-end pour le congrès de lancement du parti devant une audience de cette envergure depuis son retour en Côte d’Ivoire, en juin dernier. Dans une allocution de plus d’une heure de démonstration de carrière politique ondulé de prouesse et d’équité, remplie d’anecdotes, l’ex-dirigeant ivoirien est longuement revenu sur ses années d’incarcération à La Haye (2011-2019) et les poursuites pour crime contre l’humanité engagées par la Cour Pénale Internationale (CPI), dont il a été finalement acquitté en 2020. Une seule absence était cependant remarquée ce week-end : celle de Simone Gbagbo, ex-Première Dame dont Laurent Gbagbo a récemment demandé le divorce, qui donne également de la voix politique.
L’ancien chef de l’État ivoirien, âgé de 76 ans, est encore vivant politiquement et semble visiblement être inarretable sur le chemin de la politique. « Je ferai de la politique jusqu’à ma mort ! », a assuré Laurent Gbagbo, sous une ovation nourrit des participants au congrès de son nouveau mouvement politique qui n’appartient pas uniquement aux ivoiriens seuls, mais aux africains. En effet, le logo du PPA-CI en dit long : les doigts des deux mains entrelacées dans une carte de l’Afrique. N’est-ce pas un symbole de la vision panafricaine de ce nouveau parti et de son leader ? Toute chose qui a été minutieusement possible grâce à la maturité politique de l’ancien patron du parti Front Populaire Ivoirien (FPI) désormais aux mains de son ex-Premier ministre Pascal Affi N’Guessan. « Regardez le monde et voyez quels sont les puissants. Ce sont les pays grands de taille, la Chine, les États-Unis, la Russie, le Canada. Tant que nous sommes dans des micro-États, nous ne sommes rien. Il faut que les États africains s’unissent ! », a affirmé Laurent Gbagbo, faisant allusion aux USA (United States of Africa) version africaine (États-Unis d’Afrique). Inutile de rappeler que c’est un concept décennal porté par les dirigeants africains depuis l’indépendance à nos jours, à l’image de l’ancien chef de l’État du Burkina-Faso, Thomas Sankara, assassiné le 15 octobre 1987, maintes fois évoqué et dont la concrétisation peine. Au cours d’un congrès qui a pris fin tardivement dans la nuit du samedi 16 à dimanche 17 octobre, Laurent Gbagbo, figure centrale de ce parti, avait, sans surprise, été élu à la tête du PPA-CI par une acclamation des quelque 1 600 congressistes présents dans la capitale économique ivoirienne, ce dimanche. « On s’est demandé : qui va diriger le parti ? On a cherché… et on a trouvé. », a ironisé le président du congrès, Sébastien Dano Djédjé.
Malgré ses 10 ans de combat judiciaire loin de son pays, la Côte d’Ivoire, il a toujours son sens de partage de bonne humeur. « Une fois on a amené un témoin de l’accusation, une dame. Elle dit j’ai été violée. Le Président du Tribunal lui a demandé : vous avez été violée par cet homme là ? Elle dit : Non, je ne le connais pas (rires). », a partagé Laurent Gbagbo expliquant qu’« en droit, on cherche celui qui a posé l’acte délictueux ». « Comment moi Gbagbo, me mettre dans mon dossier d’accusation, viol ? (stoppé par des applaudissements) Enfin. », s’est-il interrogé. « Les ivoiriens disent quand même ! Même si on dit. (cris et applaudissements dans la salle). », a ajouté Laurent Gbagbo. C’était en présence du N°2 de l’administration Ouattara, Adama Bictogo, présent à la tribune du congrès du PPA-CI, un nouveau parti, qui d’ores et déjà est vu comme l’une des principales forces d’opposition, avec le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ex-président ivoirien Henri Konan Bédié. Le parti au Pouvoir voir dans la naissance du PPA-CI, le renforcement à l’animation de la vie politique ivoirienne dans la démocratie du pays. « Ce nouveau parti qui va naître viendra renforcer la vitalité démocratique. », a déclaré Adama Bictogo, samedi 16 octobre, la veille du lancement du parti de Laurent Gbagbo.
PPA-CI, né avec les dents, mentionne le « recul évident des acquis démocratiques dans le pays » et critique notamment « la dépendance financière » aux puissances étrangères. Alors, la présidentielle de 2025 en Côte d’Ivoire est donc sérieusement attendue de pied ferme au sein du PPA-CI. Mais, son président a laissé planer le suspens sur ses intentions, ce jour. « Les gens disent : il ne va plus faire de politique. Mais pourquoi vous voulez m’imposer, maintenant que j’ai 76 ans, un calendrier politique dans ma vie ? Moi Gbagbo ? Je ne comprends pas les gens. Ce que vous n’avez pas fait, vous voulez le défaire. Vous ne connaissez même pas l’homme qui est devant vous, et vous voulez lui imposer un calendrier. Est-ce qu’il vous a demandé un chemin ? Il ne vous a rien demandé, où-est donc votre problème ? », a brièvement déclaré Laurent Gbagbo. Il convient de noter que le gouvernement ivoirien est en pleine réforme constitutionnelle sur l’introduction de la limite d’âge à 75 ans pour être candidat à l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Une réforme qui fait couler déjà beaucoup d’encre et de salive au sujet de la prochaine présidentielle de 2025 dans le pays. En cause, si cette réforme était arrivée à être concrétisée, eh bien, l’actuel chef de l’État, Alassane Dramane Ouattara (79 ans) qui est à son troisième mandat de cinq ans consécutif, et ses prédécesseurs, Laurent Gbagbo, et Henri Konan Bédié (87 ans), seraient alors empêchés de concourir. Wait and see ! Avec la Côte d’Ivoire, tout est possible !
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