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Algérie – France : Massacre du 17 octobre 1961, des notes prouvent que Charles de Gaulle savait

Photo : Des passants regardent les chaussures d’Algériens victimes de la répression le mardi 17 octobre 1961, à Paris


Mardi 17 octobre 1961 – lundi 17 octobre 2022. Exactement 61 ans que quelque 30.000 algériens avaient manifesté pacifiquement à l’appel du FLN contre le couvre-feu qui leur était imposé. La répression avait été extrêmement brutale, et le nombre officiel de morts n’a jamais été connu. Plus d’un demi-siècle après, des révélations viennent éclairer le massacre du mardi 17 octobre 1961. Selon les des archives déclassifiées, la mort de plusieurs dizaines d’algériens avait été rapporté au chef de l’État français d’alors, feu Charles de Gaulle, qui a pourtant maintenu en poste le préfet Maurice Papon et les ministres responsables. La présidence française a reconnu en octobre 2021 pour la première fois que « près de 12.000 algériens furent arrêtés et transférés dans des centres de tri au stade de Coubertin, au Palais des sports et dans d’autres lieux. Outre de nombreux blessés, plusieurs dizaines furent tués, leurs corps jetés dans la Seine ».

« Des crimes inexcusables. »

Emmanuel Macron

Le samedi 16 octobre 2021, à l’occasion d’une cérémonie pour le cinquantième anniversaire du massacre, l’actuel président français, Emmanuel Macron, avait reconnu, dans un communiqué, « des crimes inexcusables » commis « sous l’autorité de Maurice Papon ». Dans les archives déclassifiées, y retrouve une note datée du samedi 28 octobre 1961, rédigée par le conseiller du général De Gaulle pour les affaires algériennes, Bernard Tricot. Il indique à son président de la République qu’« il y aurait 54 morts ». « Les uns auraient été noyés, les autres étranglés, d’autres encore abattus par balles. Les instructions judiciaires ont été ouvertes. Il est malheureusement probable que ces enquêtes pourront aboutir à mettre en cause certains fonctionnaires de police. », explique le haut fonctionnaire français.

Des cadavres de musulmans algériens

Dans une seconde note datée du lundi 6 novembre 1961, Bernard Tricot parle de « la découverte dans la région parisienne, depuis le 22 octobre, des cadavres d’un certain nombre de musulmans algériens ». Puis, il expose à Charles de Gaulle une « question d’ordre gouvernemental » : « savoir si on se bornera à laisser les affaires suivre leur cours, auquel cas il est probable qu’elles s’enliseront, ou si le ministre de la Justice [Bernard Chenot, NDLR] ainsi que le ministre de l’Intérieur [Roger Frey, NDLR] doivent faire savoir aux magistrats et officiers de la police judiciaire compétente que le Gouvernement tient à ce que la lumière soit faite ». « Il importe beaucoup, semble-t-il, que le gouvernement prenne dans cette affaire une position qui, tout en cherchant à éviter le plus possible le scandale, montre à tous les intéressés que certaines choses ne doivent pas être faites et qu’on ne les laisse pas faire. », poursuit-il.

Déclassification partielle des archives en décembre 2021

La note, retrouvée aux Archives nationales françaises après sa déclassification en décembre dernier, porte la réponse manuscrite du général De Gaulle : « Il faut faire la lumière et poursuivre les coupables » et « il faut que le ministre de l’Intérieur prenne vis-à-vis de la police une attitude d″autorité’, qu’il ne prend pas ». Aucune procédure à l’encontre de policiers n’a jamais été lancée. Les ministres français de l’Intérieur Roger Frey et de la Justice Bernard Chenot ont été confirmés dans leurs fonctions, de même que Maurice Papon, qui a toujours nié quelque violence policière. Il convient de noter que Maurice Papon a été condamné en 1998 pour complicité de crimes contre l’humanité pour son rôle dans la déportation de juifs entre 1942 et 1944.

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