Quand on pense aux chatbots romantiques ou sexuels, on évoque souvent Black Mirror et la dystopie qui va avec. Alors imaginer que pour la Saint-Valentin, certains vont aller en date avec un chatbot plutôt qu’un humain, ça nous angoisse (et à juste titre. Pourtant, les « AI Girlfriends » et « AI Boyfriends » sont de plus en plus nombreux et performants) et certains sont même accessibles en France, que ce soit en ligne ou depuis l’App Store. C’est grave ? La « mode » des chatbots a commencé vers la fin des années 2010, avec un regain d’intérêt pendant la crise du Covid-19. Ce n’est pas une coïncidence : qui dit confinement dit solitude, et contrairement à un ami ou à un psy, les chatbots sont disponibles 24 heures/24. En janvier 2024, une étude dans la revue Nature montrait notamment que converser avec le chatbot Replika, dont le nombre d’utilisateurs se compte en millions, pouvait atténuer la solitude et les pensées suicidaires chez les étudiants.
Un journal intime moderne
« Si vous vous faites aider par un humain, vous n’êtes pas toujours dans un safe space, et vous pouvez vous sentir jugé », explique Petter Bae Brandtzaeg, chercheur à l’Université d’Oslo. Ce dernier voit les chatbots comme une version moderne d’un journal intime : un outil d’introspection et mentalisation. Selon Petter, ces bienfaits peuvent aussi se retrouver dans des conversations avec des chatbots spécialisés en amour ou en amitié, comme l’application Replika. « Par rapport à la sexualité, les gens peuvent être timides ou avoir honte, mais grâce à cet espace, ils peuvent faire des expériences. », explique-t-il. « Ce qu’on a aussi remarqué pour l’instant, c’est que les gens qui ont du mal à être sociables dans la vraie vie peuvent s’entraîner à l’être grâce aux chatbots ».
Des limites évidentes
Une « AI Girlfriend », n’a pas de mémoire, une répartie limitée, et les plus populaires ne parlent même pas français. À cause de tous ces obstacles technologiques, les chatbots n’arrivent pas à interpréter le contexte social d’une discussion, et peuvent donner des conseils à côté de la plaque, voire idiots. Pour Laurence Devillers, chercheuse en robotique affective, c’est justement pour cela que l’IA ne peut pas remplacer l’humain. « La machine ne comprend pas ce qui est petit, ce qui est grand, elle peut vous dire que sauter par la fenêtre, c’est pareil que sauter d’un tabouret… C’est la parole sans conscience », résume-t-elle. Une mise en garde qui rappelle le tragique suicide d’un père de famille belge en 2023, suite à plusieurs semaines de conversations avec le chatbot Eliza. Donc si pour la Saint-Valentin, vous prévoyez de tester un date bot, voici quelques conseils pour minimiser les risques, et en tirer le plus de bénéfices. Déjà, attendez d’être majeurs : à ce stade de la vie, c’est plus difficile de différencier la réalité du virtuel. Rappelez-vous également que les discussions ont beau être intimes, elles ne sont pas privées, compte tenu de la récupération des données. Et enfin, essayez de limiter vos conversations dans le temps : la vraie vie, c’est avant tout dehors que ça se passe.
Soyez le premier a laisser un commentaire