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30 novembre 1975 : Quand un décret redessinait la carte politique de l’Afrique de l’Ouest, il y a 50 ans, le Dahomey tournait la page pour devenir le Bénin

Photo : Les deux drapeaux du Dahomey à 1975 (G);et du Bénin de 1975 à aujourd’hui (D)


Dimanche 30 novembre 1975 – Dimanche 30 novembre 2025. Il y a exactement un demi-siècle jour pour jour, un décret historique redessinait la carte identitaire de l’Afrique de l’Ouest : la République du Dahomey changeait officiellement de nom pour devenir la République Populaire du Bénin (RPB). Un geste politique fort, aux retombées symboliques durables, qui marque encore profondément la mémoire nationale.

Un nom neuf pour un pays en quête d’unité

À l’époque, le Dahomey traverse une période d’instabilité politique rythmée par les coups d’État successifs. Le régime militaire dirigé par le lieutenant-colonel Mathieu Tchaa Kérékou cherchait alors à rompre avec cet héritage de divisions internes. Le changement de nom s’inscrit dans une volonté affichée de rassembler les différentes composantes du pays autour d’une identité nouvelle, non associée aux anciens royaumes et à leurs rivalités. Le choix du terme Bénin n’est pas anodin : il renvoie à la baie du même nom, vaste espace géographique dépassant les frontières nationales et évoquant une histoire partagée par plusieurs peuples du golfe de Guinée. Ce glissement sémantique vise à affirmer une appartenance régionale tout en tournant la page d’un passé jugé fragmenté.

Un tournant idéologique

Le changement d’appellation s’accompagne d’une nouvelle orientation politique. En adoptant le nom de République Populaire du Bénin, le pays s’engage dans une voie inspirée du marxisme-léninisme, qui dominera la vie nationale jusqu’au tournant démocratique de février 1990. Le nouveau nom devient ainsi l’étendard d’un projet révolutionnaire, portée à la fois identitaire et idéologique.

Cinquante ans plus tard : que reste-t-il de cette rupture ?

Aujourd’hui, le Bénin n’est plus une république populaire, mais l’État a conservé ce nom devenu symbole de stabilité politique et d’ouverture internationale. Les générations nées bien après 1975 n’ont connu que cette identité-là, souvent perçue comme un marqueur de modernité et de continuité institutionnelle. Pour les historiens, l’année 1975 demeure l’un des moments fondateurs de l’histoire contemporaine du pays. Elle marque à la fois un acte de souveraineté, une tentative de réconciliation nationale et une étape décisive dans la construction d’un État moderne. Au-delà du geste politique, c’est une nouvelle narration qui a été offerte à tout un peuple.

Un anniversaire chargé de sens

L’occasion de ce cinquantième anniversaire permet de se rappeler non seulement le contexte du changement de nom, mais aussi les espoirs, les interrogations et parfois les résistances qu’il avait suscitées en 1975. Dans les établissements scolaires, il faut reconnaître aujourd’hui que des programmes spéciaux retracent la transition du Dahomey au Bénin, offrant aux plus jeunes l’occasion de comprendre comment une décision politique peut façonner durablement l’imaginaire collectif. Du côté des anciens responsables politiques, témoins de l’époque et chercheurs, analysent l’impact de ce tournant sur la trajectoire nationale. Cette commémoration devrait donnent également lieu à une réflexion plus large sur l’identité béninoise contemporaine. Cinquante ans après, le pays continue de se penser et de se projeter à travers ce nom qui, bien qu’adopté dans un contexte révolutionnaire, a fini par transcender le régime qui l’avait instauré. Le « Bénin » d’aujourd’hui n’est plus celui de 1975, mais il lui doit une part essentielle de son unité symbolique.

Un héritage qui se réinvente

Alors que le pays célèbre cette date marquante, de nombreux observateurs soulignent que l’héritage du 30 novembre 1975 n’est pas figé. Il s’inscrit dans une dynamique de continuité et de renouveau : continuité, parce que le nom Bénin fait désormais pleinement corps avec l’identité nationale ; renouveau, parce que chaque génération le réinterprète à la lumière de ses propres aspirations. Cinquante ans après le décret qui a rebaptisé le Dahomey, l’anniversaire n’a rien d’une simple commémoration. Il interroge la mémoire, éclaire le présent et ouvre des perspectives sur l’avenir. En célébrant cette date, le pays se rappelle que sa cohésion s’est aussi construite par des choix symboliques forts et que, parfois, un nom peut porter en lui toute une vision. Au Bénin, le 30 novembre reste ainsi plus qu’une page d’histoire : une clé de lecture de la nation et un rappel que les identités se bâtissent, se transforment et se réinventent au fil du temps.

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