Photo : Le président Patrice Talon et le ministre d’État, candidat de la mouvance à la présidentielle 2026, Romuald Wadagni
Porto-Novo a servi, ce mardi 23 décembre, de théâtre à un moment institutionnel majeur. Conformément aux dispositions de l’article 72 de la Loi n° 2025-20 du 17 décembre 2025, modifiant et complétant la loi n° 90-32 du 11 décembre 1990 portant Constitution de la République du Bénin, telle que révisée par la loi n° 2019-40 du 7 novembre 2019, le président de la République, Patrice Talon, s’est présenté devant la Représentation nationale pour délivrer son traditionnel message sur l’état de la Nation.
« Pour nous diriger au Bénin, nous protéger, assurer notre développement et notre bien-être, il faut en être capable et le mériter politiquement. »
Patrice Talon
Un exercice solennel, mais cette fois chargé d’une portée particulière : il s’agissait du dernier message du chef de l’État dans le cadre de son deuxième et ultime mandat à la tête du pays. Face aux députés réunis à l’Assemblée nationale, à Porto-Novo, Patrice Talon a dressé un bilan de gouvernance marqué par les réformes structurelles, la modernisation de l’administration publique et les ambitions de transformation économique du Bénin. Mais au-delà du bilan, une phrase a retenu l’attention et alimenté les commentaires dans les milieux politiques : « Pour nous diriger au Bénin, nous protéger, assurer notre développement et notre bien-être, il faut en être capable et le mériter politiquement. »
Simple rappel des exigences de la fonction présidentielle ou…
Prononcée avec gravité, cette déclaration a immédiatement suscité des interrogations. S’agit-il d’un simple rappel des exigences de la fonction présidentielle ou d’un message codé à l’endroit de la classe politique, à quelques mois de l’élection présidentielle d’avril 2026 ? La réponse n’est pas à la rédaction differenceinfobenin.com et celle du journal quotidien « Différence Info » du Groupe de presse « DIFFÉRENCE », ici à Porto-Novo. Dans les cercles de la mouvance présidentielle, certains observateurs y voient un signal adressé au dauphin du chef de l’État : le ministre d’État chargé de l’Économie, des Finances et de la Coopération, Romuald Wadagni, investi comme candidat de la majorité pour la course au Palais de La Marina l’année prochaine.
Un profil technocratique, rompu à la gestion des dossiers économiques
La référence au « mérite politique » et à la « capacité à diriger » est perçue par plusieurs analystes comme une manière de légitimer un profil technocratique, rompu à la gestion des dossiers économiques et financiers, au cœur de l’action gouvernementale depuis 2016. D’autres voix, plus prudentes, estiment cependant que Patrice Talon s’est gardé de toute consigne explicite. Fidèle à sa posture de respect strict des institutions, le président aurait surtout voulu rappeler que la succession à la tête de l’État doit s’inscrire dans les principes de compétence, de légitimité démocratique et de responsabilité, sans désigner ouvertement un héritier politique.
Le débat sur le « mérite politique »
Quoi qu’il en soit, ce dernier message sur l’état de la Nation marque une étape symbolique dans la vie politique béninoise. Il ouvre de facto la séquence de l’après-Talon, dans un contexte où les spéculations vont bon train et où chaque mot du président sortant est scruté, décortiqué et interprété. À quatre mois de la présidentielle de 2026, une certitude demeure : le débat sur le « mérite politique » et la capacité à gouverner est désormais lancé, et il pèsera lourd dans la bataille pour la succession au sommet de l’État.


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