(Photo : Gilchrist Olympio, suite à l’attentat du 5 mai 1992)
5 mai 1992 – 5 mai 2019. Exactement 27 années que les jours passent et se rappellent de Soudou, au Togo. Non seulement le peuple togolais et surtout la famille Olympio et Gnassingbé s’en souviennent comme si c’était hier, mais également le peuple béninois et ivoirien pour le nom de leur pays resté collé à cette date du 5 mai 1992. Ce jour-là, le président de l’Union des Forces de Changement (UFC), Gilchrist Olympio et quelques cadres du parti dont Dr Marc Atidépé, ainsi que quelques togolais ont été attaqué par des hommes armés à Soudou dans la préfecture d’Assoli. Si le cortège de Gilchrist Olympio en tournée de sensibilisation dans la région septentrionale du pays a raté le coup qui devrait être perpétré par Ernest Gnassingbé à Bassar le 3 mai 1992, lors d’un meeting du parti UFC au stade de la localité, laissant un affrontement nourri de flèches, fusils de chasse et armes modernes entre les frères de Bassar faisant des pertes en vies humaines ainsi que d’importants dégâts matériels, eh bien celui de Soudou 48h après, a été quasiment une réussite.
Ernest Gnassingbé appelé l’« enfant terrible » ou le « Chancelier du septentrion » ou encore « gouverneur de la région septentrionale » du Togo, a passé sans faute l’attentat de Soudou contre le cortège du leader de l’UFC. Cette attaque a été menée par Ernest Gnassingbé, fils aîné du Général Étienne Eyadéma Gnassingbé, ancien président togolais et père de l’actuel chef de l’État, Faure Gnassingbé. Au cours de cet attentat, plusieurs personnes, cadres, militants du l’UFC et autres togolais ont trouvé la mort dont Dr Marc Atidépé. Du côté de Gilchrist Olympio, surnommé « le maréchal », fils du père de l’indépendance togolaise, Sylvanus Olympio, président de l’UFC et opposant au régime dictatorial d’Eyadema Gnassingbé, a été grièvement blessé. Grâce à l’intervention du gouvernement du Bénin d’alors, avec à sa tête le président Nicéphore Dieudonné Soglo, Gilchrist Olympio a survécu après une opération dans un hôpital à Natitingou au nord du Bénin. Cette intervention des autorités béninoises a maintenu en vie l’opposant togolais avant que le président ivoirien, Félix Houphouet Boigny n’affecte un avion depuis Abidjan pour l’évacuer en France de François Mitterrand, où il recevra les soins adéquat pour survivre définitivement à cet attentat du 5 mai 1992 dans son pays.
Gnassingbé et Olympio désormais ensemble mais dans l’impunité
Depuis quelques années, l’UFC est engagée dans un processus de réconciliation et d’apaisement du climat politique au Togo pour, selon lui, favoriser le vivre ensemble de tous et la construction du pays. Aujourd’hui, le parti de Gilchrist Olympio est allié au régime actuel depuis 2010 dans un accord de gouvernement avec le président Faure Gnassingbé, le frère de l’auteur de ces crimes, Ernest Gnassingbé, ce dernier qui semblait être le dauphin désigné de son père. Militaire de carrière, Ernest était l’homme de confiance d’Eyadema Gnassingbé dans les années 90. Face à une opposition requinquée par la chute du mur de Berlin (1989) et le sommet de La Baule (1990), Ernest aidait son père de toutes ses forces à garder le pouvoir par tous les moyens, y compris par la violence. Certains observateurs le citent dans l’affaire des corps repêchés dans la lagune de Bê en 1991 ainsi que dans les répressions sanglantes d’autres manifestations publiques au début du processus démocratique au Togo.
Mais Ernest Gnassingbé n’a jamais été inquiété. Car, faut-il le rappeler, le nom de cet officier (capitaine au moment des faits) a été cité par la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) dans le rapport des enquêtes de la Commission internationale diligentée par la FIDH du 8 au 13 juin 1992, dans l’attentat de Soudou contre Gilchrist Olympio. « L’attentat du 5 mai 1992 survenu vers 12 heures sur la route de Bafilo à Soudou qui fit plusieurs morts parmi lesquels le Docteur Atidépé et plusieurs blessés parmi lesquels Gilchrist Olympio, a vraisemblablement été préparé et exécuté par des militaires […] Que la liberté de mouvement et l’autonomie d’action laissée au capitaine Ernest Gnassingbé permettent à celui-ci de se livrer à un activisme incompatible avec son statut militaire. », avait conclu le rapport de la FIDH. Bien que son nom ait été cité, l’« enfant terrible » ou le « Chancelier du septentrion » ou encore « gouverneur de la région septentrionale » du Togo, Ernest Gnassingbé n’a jamais été entendu par la justice jusqu’à sa mort le 12 novembre 2009, des suites d’une longue maladie, à l’âge de 50 ans environ et au grade du Colonel.
Soyez le premier a laisser un commentaire