(Photo : Un soldat malien au sein de la coalition G5 Sahel, en mai 2018 – Source : Agence française de presse – AFP)
Depuis le tout premier jour de ce mois de mai, le Bénin a vécu deux évènements inédits dans son histoire. L’un à Cotonou (Sud) et l’autre au parc national de la Pendjari (Nord). Le pays s’est empêtré au Sud avec des contestations sociales sans précédent liées aux dernières élections législatives tenues sans la participation de l’opposition. Au Nord, plus précisément au Nord-Est, le pays est la nouvelle victime de la contagion djihadiste. L’arrivée de groupes djihadistes sur la frontière du Bénin avec le Burkina-Faso était un synopsis appréhendé depuis plusieurs mois par la France.
Le mercredi 1er mai 2019, dans le parc national de la Pendjari dans la partie septentrionale du Bénin, les ravisseurs ont enlevé deux touristes français et tué leur guide béninois le même jour sur place dans le parc. Les deux ex-otages n’ont été libérés que dix (10) jours plus tard par une intervention du Commandement des Opérations Spéciales (COS) français. L’opération de leur libération a coûté la vie à deux soldats du COS au Burkina-Faso voisin du Bénin où les ravisseurs s’apprêtaient à emmener leurs otages au Mali, un autre terrain morcelé par les groupes djihadistes. C’est la dimension inédite de ces menaces.
Depuis ces événements, le chef de l’État béninois, Patrice Talon fait face à l’accroissement de la menace terroriste dans son pays. Il est désormais plongé à son tour dans le piège terroriste. Selon les sources proches de Paris, dès juin 2018, la Direction du Renseignement Militaire (DRM) ainsi que la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE) avaient rédigé plusieurs notes faisant état du risque de « propagation de la menace à l’extrême nord du Bénin ». Plusieurs services de renseignements des pays voisins du Bénin avaient même alerté les autorités du pays sur un « phénomène de repli » de djihadistes opérant au Burkina-Faso. Quand bien même qu’aucun groupe djihadiste n’a encore revendiqué l’enlèvement des deux ex-otages français, Paris a longtemps privilégié l’hypothèse d’une prise d’otage téléguidée par le groupe djihadiste État Islamique dans le Grand Sahara (EIGS).
Comme quoi, le Bénin peut considérer que c’est le groupe djihadiste EIGS qui est à sa porte ou sur son territoire. Pour mieux combattre cette nouvelle situation sécuritaire, le chef de l’État béninois, Patrice Talon a souhaité se rapprocher du G5 Sahel présidé par son homologue voisin, Roch Marc Christian Kaboré. À en croire au compte rendu du Conseil des Ministres du mercredi 22 mai du gouvernement du Bénin, à travers « la prolongation du séjour au Mali de la quatrième unité constituées de Police (FPU4) engagée dans les opérations de soutien à la Paix (MINUSMA) sous l’égide des Nations-Unies, au titre de l’année 2018, permettant d’organiser au mieux sa relève et de préparer convenablement la formation de pré-déploiement et la mise en route de la prochaine unité FPU5 », le mécanisme de rapprochement de Porto-Novo avec le G5 Sahel via Ouagadougou prend forme. Il est à préciser que bien avant le Compte rendu du Conseil des Ministres, le chef de l’État béninois, Patrice Talon a par ailleurs sollicité les conseils de plusieurs officiers généraux français à la retraite pour faire face à cette situation.
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