(Photo : Paul Pogba et Eugénie Le Sommer, respectivement membre de l’équipe de France de football masculine et féminine)
Si femmes et hommes pratiquent le même sport, le football, des différences notables existent pourtant dans cette discipline, qu’elles soient tactiques, comportementales ou physiques. Alors que depuis vendredi 7 juin, la Coupe du Monde féminine de football a débuté en France avec un match d’ouverture entre la France et la Corée du Sud au Parc des Princes à Paris, l’occasion est donc venue de se pencher sur ce qui différencie la pratique du football féminin, non seulement au niveau tactique, mais aussi mental et physique.
D’entrée, 11 joueuses sur un rectangle vert ; des schémas tactiques connus ; des organisations allant du 3-5-2 au 4-3-3 ; 2 fois 45 minutes de temps de jeu ; des sprints et des frappes en lucarne. Bref à la première vue, difficile de dire ce qui sépare le football pratiqué par les hommes de celui des femmes. « C’est le même sport. Il y le même temps de jeu, on essaye de pratiquer les mêmes choses, sur le plan technique comme sur le plan tactique », a reconnu une joueuse de football. À en croire cette dernière, on dirait que c’est effectivement la même chose. Mais pourtant, en fouillant tout petit un peu, il s’avère bien que des différences assez profondes et confortables existent tout de même. On va toujours dire que les femmes font moins de chiqué que les hommes. C’est ce qui ressort quand on pose la question aux gens. « Quand il y a un contact, eh bien OK, on joue. Il y a un côté un peu militant derrière cela pour les footballeuses. Elles se disent que c’est un sport de contacts et qu’on va faire avec, sans se plaindre. C’est le contrecoup d’avoir entendu pendant des années que le football n’est pas un jeu de filles. », nous dit notre footballeuse. « Le jeu des femmes se passe peut-être un peu plus dans la tête », nous ajoute-t-elle. C’est déjà une différence et elle provient de l’approche que les footballeuse ont de leur sport.
On peut aussi parler d’une dimension intellectuelle. Peut-être que le jeu des femmes se passe un peu plus dans la tête que celui des hommes. C’est-à-dire, les hommes vont peut-être aller plus vite, se rentrer plus dedans, aller plus au duel. Parce que c’est moins problématique pour eux. Alors que les femmes vont réfléchir en amont, éviter certains duels, répondre par la tactique. Et notre footballeuse en parle également. « Je me souviens de Patrice Lair (un entraîneur emblématique de l’Olympique lyonnais) qui disait que ça lui faisait drôle parce que quand il donnait des consignes, les hommes appliquaient et basta. Alors qu’avec les femmes, elles cherchaient à comprendre pourquoi elles faisaient ça ». « On était beaucoup à poser des questions, on ne voulait pas faire les choses bêtement, on voulait comprendre ce que l’on faisait. », a-t-elle poursuivi.
À l’en croire, les femmes sont donc dans la « cogite », or ceci a des conséquences très concrètes sur le déroulé d’un match. D’un point de vue statistique, la plus grande différence entre les hommes et les femmes, c’est le temps de jeu effectif. Et il est bien plus important chez les femmes, qui est de 15% de temps de jeu supplémentaire. Ça s’explique. En fait, moins de contacts signifie moins de fautes. D’autant que, un coup chez les garçons, c’est 80 kilos de vice directement sur le genou ou le tibia. Il y a de vraies fautes délibérées, voire méchantes. Il n’y a pas ça chez les filles, ou très peu. Les fautes n’ont pas tout à fait la même intensité, et il n’y a pas non plus de volonté de faire mal chez les femmes.
Pressing haut et appels en profondeur
De ce qui précède, contrairement à leurs homologues masculins, en football féminin, des fautes plus légères, qui causent des interruptions de temps de jeu moindres. Mieux, les footballeuses n’ont apparemment pas tendance à surjouer les blessures ou à enguirlander les officiels. On peut donc estimer qu’il y a un respect de l’arbitrage qui est plus grand que chez les hommes. Et même quand il y a une erreur manifeste, les femmes ne palabrent pas pendant des heures. Elles se replacent et jouent. Dans la fouille, on trouve encore des différences au niveau des considérations tactiques. « Quand on regarde un match de foot féminin, c’est rare qu’il n’y ait pas de pressing à trente mètres de ses buts. Ce qui n’est pas le cas chez les hommes. En effet, hormis sur quelques séquences bien précises, notamment quand un gardien est en difficulté, c’est très rare de voir les footballeuses venir gêner la relance adverse aussi haut sur la pelouse. Tactiquement, on trouve toujours que les femmes étaient plus appliquées, plus respectueuses des conditions tactiques mises en place par leur entraîneur. Par contre chez les hommes, les consignes sont écoutés, mais peuvent partir vite en live ».
Cette donne a pour conséquence une qualité technique extrêmement élevée chez les femmes, de manière générale et en particulier pour ce qui est du toucher de balle, ce qui donne un football généralement propre et appliqué. C’est-à-dire, les footballeuses ont une vision de jeu supérieure. Il faut reconnaître que la gestion de l’espace par les femmes est différente par rapport à celle des hommes. Elles trouvent mieux et vite les joueuses qui partent dans le dos, elles le sentent beaucoup mieux. Clairement, si vous regardez bien le football féminin avec la Coupe du monde qui a débuté depuis le vendredi 7 juin dernier en France, ne vous attendez pas à voir des oppositions physiques entre deux blocs solides avant la finale le 7 juillet prochain. Mais attendez-vous à voir davantage de jeu de passe, de tentatives de débordement, de courses dans le dos des défenseures comme on pouvait le constater depuis le début de la compétition et qui en est déjà à sa phase de carré d’as.
Car, le football féminin à relevé un grand défi. Celui de se fonder d’abord sur les qualités des joueuses pour définir le système, à s’adapter à leurs points forts davantage qu’à une école tactique. Et à ce petit jeu, souffrons qu’il faut féliciter une femme en particulier : la sélectionneuse de l’équipe féminine de football de France, Corinne Diacre. Malgré que son équipe ait été éliminée en quart de finale de la compétition, la Fédération Française de Football (FFF) l’a encore reconduit à la tête des Bleues.
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