(Photo : Roger Gbégnonvi, Professeur et écrivain béninois)
Il n’y a jamais de miracle. Et il n’y en eut point le 5 juillet 2019 sous le regard auguste des Pharaons antiques, lorsque David et Goliath s’affrontèrent au pied des pyramides millénaires. Il y eut ce que Churchill promit un jour aux siens en quête de victoire sur l’adversaire : ‘‘…du sang, des peines, des larmes et des sueurs.’’ Hormis le sang et, peut-être aussi, les larmes, il y eut le reste. Et les peines et les sueurs du Onze National conduisirent à la victoire et rejaillirent sur 11 millions de Béninois, notamment sur ceux de Cotonou, rejaillirent sur nous tous en pluie de pur bonheur. Pour la première fois de son histoire, sauf défaillance de la mémoire, le Bénin faisait pays unanime, pays d’une seule âme. Le Bénin, chœur uni et porté par le même hymne d’allégresse. Hymne d’allégresse avec quelques notes disharmoniques relevées par l’INSAE. Mais Rimbaud nous avait prévenus : ‘‘Ô saisons ! ô châteaux ! / Quelle âme est sans défauts ?’’ Pas l’âme béninoise en tout cas. Le château, en l’occurrence, ce fut la devise du Bénin, simplement elle, mais magnifiquement accomplie.
‘‘Fraternité – Justice – Travail’’. Tel fut, en leur âme et conscience, tel fut le foyer irradiant de notre Onze National. Justice leur fut rendue car, par-delà leurs différences de toutes natures, ils ont fait Fraternité. Notre Onze National, lors des interviews rituelles, n’a d’ailleurs cessé de le dire : ‘‘Nous ne partons pas favoris. Mais notre cohésion est notre force.’’ Et il est vrai que David ne pouvait se prévaloir de rien face à Goliath. Et il est vrai qu’on ne peut se prévaloir de rien quand on a toujours été sorti de la course dès le premier tour et qu’on fait deux tours pour se retrouver face à des vétérans, souvent allés au bout de la course et qui, parfois, ont remporté et emporté le trophée. Mais parce que notre Onze National a fait Travail en Fraternité, Justice leur fut rendue. Justice leur fut rendue parce qu’ils ont fait équipe et cohésion. Voici leur entraîneur à la veille du Grand Effort : ‘‘Mon équipe est celle qui se sera le moins reposée, mais nous ferons avec.’’ Et il est vrai qu’il faut toujours faire avec ce que l’on a, travailler avec ce que l’on est, sincèrement, ardemment, la ferveur en étendard. Alors ‘‘le serpent de la haine’’, de la peur et de la discorde se meurt et meurt. Alors les Ecureuils de la Victoire s’élancent, superbes dans leur élan vers l’exploit. Surgis de la mer et de la pierre, venus de l’Atlantique et de l’Atakora, ‘‘tous hommes d’abîme et de grand large’’, notre Onze National a fait Travail de Fraternité, et Justice leur fut rendue.
Or donc, avec la seule ambition de porter haut le Bénin, c’est une fière leçon qu’ont donnée les Ecureuils aux Béninois. Leçon de Fraternité – Justice – Travail. Tout est là, dans notre vie citoyenne, dans notre vie républicaine. Tout est là, dans la mise en musique, ensemble et au quotidien, de notre devise nationale. Notre Cohésion est notre Force. Pour vivre et l’emporter ensemble. Que ne retombe donc pas l’enthousiasme qui nous souleva tous, que ne s’éteigne donc pas la lumière qui nous illumina tous, en cette nuit du 5 juillet 2019, où notre Equipe Nationale, véritablement nationale, transforma par l’effort collectif, transforma en réalité notre rêve républicain de Fraternité – Justice – Travail. Que plus ne s’arrête la cohésion, afin que le crépuscule bel de ce soir de rêve et d’étoiles inspire désormais et toujours le crépuscule de nos matins de soleil et d’effort. Je suis chez vous chez moi. Vous êtes chez moi chez vous. Et il en est ainsi de l’Atlantique à l’Atakora. Et il en est ainsi de l’Atakora à l’Atlantique. Parce que nous habitons le Bénin. Parce que le Bénin nous habite. Parce que nous travaillons main dans la main pour porter haut le Bénin. ‘‘Avec une patience paysanne, j’ai travaillé à la lime des dix-sept heures d’été’’, confie Sedar Senghor, prisonnier de guerre. Nous autres ne sommes prisonniers de rien, nous sommes ‘‘Enfants du Bénin, debout !’’. Et nous travaillons pour le Bénin à la Lumière des Ecureuils de la Victoire.
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