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Désherbant au glyphosate : Monsanto condamné à payer près de 81 millions de dollars à un malade et 75 millions des dommages punitifs

Bis repetita. Le mercredi 27 mars 2019 est une nouvelle date dans la vie judiciaire du groupe allemand Bayer. Déjà condamné dans un procès similaire en août 2018 aux Etats-Unis, le groupe vient de recevoir un très sérieux revers ce mercredi. En effet, reconnu coupable de négligence par un jury américain et condamné à verser près de 81 millions de dollars à un retraité américain souffrant d’un cancer qu’il attribue au Roundup (photo), le désherbant vedette du groupe, racheté par l’allemand Bayer. En prononcant son verdict, le jury a considéré que Monsanto n’avait pas agi de bonne foi pour prévenir les usagers du risque potentiellement cancérigène de son produit, qui contient du glyphosate. Il est donc considéré comme légalement responsable de la maladie du plaignant, qui a usé du désherbant pendant plus de 25 ans.

Les jurés ont aussi estimé que le Roundup avait un « défaut de conception », qu’il « manquait d’avertissements » sanitaires sur les risques et que Monsanto avait été « négligent ». Monsanto a été également condamné ce mercredi à payer des dommages. Entre autres dommages à payer, 75 millions sont des dommages « punitifs » destinés à punir le groupe pour sa conduite. Il faut dire que la semaine dernière, ce même jury américain avait déjà jugé que le Roundup était un facteur substantiel du cancer d’Edwin Hardeman, ouvrant alors la deuxième phase des débats, consacrée à la responsabilité de Monsanto. Pour les avocates d’Edwin Hardeman, elles ont estimé qu’ « Aujourd’hui, le jury a montré avec éclat que Monsanto devait rendre des comptes pour ses 40 ans de malfaisance d’entreprise et a envoyé à Monsanto le message qu’il est temps de changer la façon de faire affaire », selon leurs déclarations conjointes de Jennifer Moore et Aimee Wagstaff, rapportées par l’AFP.

Bayer toujours dans le viseur

À en croire l’Agence France-Presse (AFP), la condamnation de ce mercredi n’est pas la fin de la saga judiciaire. Au-delà de ce procès, Bayer fait face à quelque 11.200 procédures similaires rien qu’aux États-Unis. Ce dossier « va encourager » d’autres « plaignants potentiels à entamer des poursuites », a expliqué à l’AFP Carl Tobias, professeur de droit à l’Université de Richmond. Il va plus loin en disant que si Bayer perd plusieurs autres procès, « il lui faudra sérieusement réfléchir à un accord » à l’amiable hors tribunaux pour solder les poursuites, a-t-il ajouté. Mais là, cela ne coûtera pas des millions au groupe allemand, mais plutôt pourrait lui coûter des milliards de dollars. Pour rappel, le groupe allemand avait déjà été condamné à verser 289 millions de dollars à un jardinier malade d’un cancer en phase terminale lors d’un procès à San Francisco en août. La somme a ensuite été réduite par une juge à 78,5 millions de dollars. Après le verdict de ce mercredi, le plaignant et ses avocats se sont longuement enlacés dans la salle d’audience, tout sourire.

Mais ce n’est pas le cas du côté de l’américain Monsanto, racheté par le groupe allemand Bayer. Sans surprise, le groupe a annoncé qu’il allait faire appel de ce jugement. Bayer s’est d’ailleurs dit « déçu par la décision du jury » dans un communiqué, mais estime que ce verdict « ne change rien au poids de 40 ans de science et de conclusions d’agences de régulation dans le monde entier qui soutiennent que notre désherbant au glyphosate est sûr et qu’il n’est pas cancérigène ». Le groupe martèle qu’aucune étude, aucun régulateur dans le monde n’a conclu à la dangerosité du glyphosate ou du Roundup entre sa mise sur le marché au milieu des années 70 et 2012, date à laquelle M. Hardeman a cessé de s’en servir. Selon l’une des avocates du plaignant lors des débats, au contraire, « Monsanto a influencé et manipulé la science » en dissimulant certains résultats aux régulateurs ou en payant des scientifiques pour qu’ils signent des articles en fait directement rédigés par le groupe, avait accusé Me Aimee Wagstaff.

Soulignons que l’allemand Bayer a acquis l’américain Monsanto en 2018 pour 63 milliards de dollars. Mais vu comment s’additionnent les procès contre Monsanto aux États-Unis, le coût pourrait s’avérer bien plus élevé pour le groupe allemand, spécialiste des produits phytosanitaires et des semences OGM. En plus, depuis l’acquisition de Monsanto, le cours de Bourse de Bayer a plongé de près de 40%. Malgré l’avalanche de procédures judiciaires contre le Roundup, l’idée du N°1 de Bayer de racheter Monsanto reste une « bonne idée », avait encore estimé dimanche 24 mars le patron du géant allemand de la chimie Werner Baumann, a rapporté l’AFP.

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