Le pape François entame ce week-end son premier voyage dans un pays à plus de 80% musulman, depuis début février 2019 où le N°1 de l’église catholique a signé avec l’imam d’Al-Azhar la déclaration sur la fraternité à Abou Dhabi. Au Maroc, ce voyage papal est placé sous le signe du dialogue interreligieux et de la migration. Au cours de ce 28ème voyage du pape François, dans un pays où le roi, également « commandeur des croyants », tente un mouvement de réforme de l’islam malékite, la question du dialogue interreligieux sera cruciale. De même, vu que le Maroc est devenu le principal point de passage des migrants vers l’Europe, la question migratoire devrait d’ailleurs être l’autre sujet important de ce voyage.
Il est clair que ce déplacement au Maroc serait donc pour y faire la promotion de la déclaration signée sur la fraternité à Abou Dhabi. Le voyage que le pape François effectue ce samedi 30 et dimanche 31 mars au Maroc, promet d’être court mais intense. Car selon le Vatican, le souverain pontife passera vingt-sept (27) heures sur place et y prononcera cinq (05) discours. « Il est significatif que son premier voyage après la signature de cette déclaration intervienne justement dans un pays musulman », relève Alessandro Gisotti, directeur de la salle de presse du Saint-Siège, insistant sur l’importance que le pape porte à ce texte, a rapporté le journal catholique La Croix.
Visite de l’Institut Mohammed-VI de formation des imams
La première mouture du programme de cet important voyage, a prévu que le pape François fera une visite à l’Institut Mohammed-VI de formation des imams. Au cours de cette visite, il y aura une brève prise de parole du pape. « Plutôt qu’un discours, on a trouvé plus intéressant de donner la parole aux étudiants », a expliqué Alessandro Gisotti. À cette occasion, un Européen et un Africain prendront la parole. « Un moment d’écoute pour le pape », a précisé le porte-parole du pape. Au programme également, François va visiter une des petites Églises au Maroc qu’il affectionne. « Un petit troupeau, mais très dynamique, notamment dans le domaine de l’éducation et dans l’aide aux pauvres. », a résumé Alessandro Gisotti.
Visite d’un centre d’aide aux migrants
Il faut noter que dans le royaume chérifien, la Caritas marocaine aide 4.000 migrants sur les 80 000 que compterait le pays. Il est bien connu du monde et de l’Europe notamment, que le Maroc est devenu le principale porte et point de passage des migrants vers l’Europe. C’est la raison pour laquelle, la question migratoire devrait être l’autre sujet important de ce voyage papal. D’ailleurs, il faut le rappeler, dans l’avion qui le ramenait des Émirats arabes unis, le pape avait d’ailleurs confié qu’il avait voulu lui-même se rendre à la conférence de Marrakech, pour la signature du Pacte mondial sur les migrations, selon le Vatican. Mais du côté du Maroc, le royaume chérifien est très ambigu sur le sujet. En effet, tout en défendant une politique d’accueil « humaniste », le pays est critiqué par les défenseurs des droits de l’homme pour ses arrestations de réfugiés qui sont ensuite refoulés dans le sud du pays, loin du rivage méditerranéen.
Dans son programme sur la terre marocaine, le pontificat doit visiter dimanche matin un centre d’accueil de réfugiés. Pendant que l’Union Européenne suspendait mercredi 27 mars 2019 le déploiement en Méditerranée des navires de sauvetage de migrants au large de la Libye et que des gouvernements bloquent dans les ports les navires d’ONG qui leur viennent en aide, François, lui, s’était moins fait entendre sur le sujet ces derniers mois. Il pourrait revenir à un discours plus incisif au Maroc. Dans cet même optique, le pontife se rendra, début mai dans un camp de réfugiés près de Sofia (Bulgarie), a-t-on appris du côte du Vatican. À en croire le journal catholique La Croix, dans un entretien qui doit être diffusé dimanche soir par la télévision espagnole, au moment même où son avion se posera à Rome, le pape juge d’ailleurs que le blocage par les autorités espagnoles du navire de l’ONG OpenArms dans le port de Barcelone est une injustice. « Arrêter ce navire est une injustice. Pourquoi fait-on cela ? Pour que les migrants se noient ? », s’indigne le premier des fidèles catholiques. Il a pensé même aux conséquences sur les migrants en Méditerranée.
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