Du 29 avril au 3 mai dernier, s’est tenu à Tunis, le quatrième round des négociations de l’Accord de Libre Echange Complet et Approfondi (ALECA) entre l’Union Européenne (UE) et la Tunisie. Cet accord vient après celui signé en 1995. Seulement que le nouveau s’étend en particulier sur les domaines de l’agriculture et de l’alimentation. Ce projet de l’ALECA entre l’Union Européenne (UE) et la Tunisie qui est en cours a vu la participation de la société civile tunisienne à ce quatrième round. Car, le projet semble pouvoir porter atteinte à la souveraineté économique du pays d’Afrique du Nord. Et ceci est la preuve que « l’ALECA renforcera la dépendance de la Tunisie ».
Un accord déjà sous l’ombre de critiques
En Tunisie, un collectif de huit associations qui lutte pour la protection des ressources naturelles du pays dénommé « Block Aleca » ne parle pas de la même langue que les autorités du pays. Il affiche déjà son opposition à l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) actuellement en négociation entre la Tunisie et l’Union Européenne. « Block Aleca » qualifie l’accord de « colonialiste ». Il soutient également que c’est « dangereux » pour l’économie nationale. Le collectif « Block Aleca », selon lui, s’insurge notamment contre les risques pour l’économie nationale, dans un contexte de déséquilibre de développement entre les deux parties, à savoir l’Union Européenne (UE) et la Tunisie. Le président de « Khadra », une des huit associations, et l’un des responsables du collectif « Block Aleca », Salem Ben Yahia, assure qu’une coalition plus large est en train de se constituer avec des acteurs importants signataires d’un manifeste contre l’ALECA, dont le principal syndicat du pays, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT).
Que reprochent-ils au gouvernement ?
À en croire Salem Ben Yahia, l’État ne les rassure pas. « (…) Nous reprochons aux autorités le fait que les négociations débutées en 2016 se soient poursuivies sans transparence entre le ministre tunisien du Commerce et des représentants de l’UE. », a-t-il déclaré. « Le gouvernement a fait participer des associations que nous pensons triées sur le volet pour leurs positions majoritairement pro-Aleca, en mettant de côté celles qui avaient leur mot à dire, comme le syndicat UGTT. », a dénoncé le président de Khadra.
Dans les colonnes de Jeune Afrique, Salem Ben Yahia a expliqué le regard colonialiste que le collectif a de l’accord. « Depuis la signature en 1995 par la Tunisie d’un accord concernant les seuls produits industriels, son impact n’a pas encore été officiellement évalué par le gouvernement tunisien. Or, des études académiques constatent que 300 000 postes de travail ont été éliminés dans ce secteur en Tunisie et que 3 200 PME ont disparu du fait du démantèlement des barrières douanières. C’était prévisible dans la mesure où des entreprises avec un petit capital se sont retrouvées face à des géants européens en concurrence sur un petit marché. », a-t-il fait savoir. « La négociation ne se fait pas d’égal à égal dans le sens d’intérêts communs, c’est pour cela que nous parlons de colonialisme. Il en va de même pour la mobilité des travailleurs : les Tunisiens ont par exemple besoin d’un visa pour exercer une profession libérale en Europe ; à l’inverse, les Européens n’en ont pas besoin. », a affirmé Salem Ben Yahia avant d’ajouter que de jours bien mouvementés attendent le gouvernement dans le pays. « Nous avons signé tous ensemble un accord le 3 mai dernier. Ce n’est plus qu’une question de jours. », a conclu le membre du collectif « Block Aleca ».
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