(Photo : le président rd-congolais Félix Tshisekedi en présence d’une délégation diplomatico-militaire belge – Source : Agence congolaise de Presse)
Suspendue depuis deux années, la coopération militaire entre la République Démocratique du Congo (RDC) et la Belgique vient d’entamer un processus de normalisation. C’est ce qu’on peut retenir de l’annonce de Kinshasa ce mardi 14 mai. « L’heure est à la reprise bilatérale multisectorielle, singulièrement dans le domaine militaire », a assuré la présidence rd-congolaise dans un communiqué. C’était à l’occasion de la visite d’une délégation diplomatico-militaire belge qui a été sanctionnée par une audience du président rd-congolais Félix Tshisekedi accordée aux membres de la délégation composée de l’envoyé spécial belge pour la région des Grands Lacs, Renier Nijskens, et de l’adjoint du Chef d’état-major de la défense belge, le général-major Philippe Boucké.
« Moi et mon équipe de militaires, nous sommes ici pour redémarrer la coopération militaire entre la RDC et la Belgique », a déclaré à la presse locale, le chef de la délégation belge, le général-major Philippe Boucké à la sortie de l’audience avec le chef de l’État rd-congolais. « Nous sommes ici à l’écoute. Nous allons graduellement redynamiser cette coopération, nous allons prendre le tout à Bruxelles, étudier et certainement revenir avec un message positif pour démarrer cette coopération militaire qui est très ancienne”, a ajouté le belge. À en croire l’ambassade de Belgique à Kinshasa dans un communiqué, la délégation veut identifier les domaines où la Belgique pourrait soutenir les efforts de réforme et de changement annoncés par les autorités au bénéfice de la population congolaise. « Dans les domaines de la coopération militaire bilatérale, de la coopération au développement et de la coopération économique, la Belgique a exprimé le souhait de soutenir des actions porteuses d’espoir et de progrès pour la population congolaise », a indiqué le communiqué de l’ambassade. Des « contacts fréquents » auront lieu dans les mois à venir afin de renforcer le dialogue entre les deux États, a précisé le même document.
C’était quoi la pomme de discorde ?
D’un regard dans le rétroviseur rd-congolais, on voit qu’en avril 2017, Bruxelles annonçait « une révision fondamentale » de sa coopération avec Kinshasa jusqu’à « l’organisation d’élections crédibles » en RDC. Bonjour la pomme de discorde. Les relations entre la RDC et la Belgique se sont alors sur le coup sérieusement détériorées. C’était sous le gouvernement de l’ex-chef de l’État rd-congolais, Joseph Kabila. Tout au long des deux dernières années, les critiques virulentes de Bruxelles sur la répression des manifestations de l’opposition et de la société civile contre Kabila n’étaient pas du goût de Kinshasa. Pour répliquer, la RDC avait annoncé en avril 2017 la suspension de sa coopération militaire avec Belgique. Puis en janvier 2018, le pays dirigé à l’époque par Joseph Kabila avait annoncé la fermeture de la Maison Schengen, un consulat européen géré par Bruxelles. Kinshasa avait dans la même foulée, mis fin aux activités de l’Agence Belge de Développement (ENABEL). Dans le domaine du transport, le gouvernement défunt avait réduit la fréquence des vols de Brussels Airlines entre les deux pays. À l’allure des choses, Bruxelles et Kinshasa avaient rappelé leurs ambassadeurs. Dans cette ambiance délétère, la RDC, plus grand pays francophone du monde, avait pris la décision de fermer non seulement son consulat à Angers mais aussi avait exigé la fermeture du consulat belge de Lubumbashi au Sud-est de la RDC.
Table rase sur les deux années
Avec la reprise des relations entre la Belgique et la République Démocratique du Congo (RDC), tout porte à croire que les deux nations font désormais table rase sur les événements passés. Dans son communiqué, la Belgique annonce « qu’un échange d’ambassadeurs pourra intervenir prochainement ». Bruxelles s’est réjouit de voir le Centre européen des visas (Ex-maison Schengen) « fonctionner en pleine capacité » depuis sa réouverture, en février dernier à Kinshasa. Dans le même document, la Belgique a salué « la restauration des fréquences normales du vol Bruxelles-Kinshasa de Brussels SN Airlines ». Bruxelles attend la formation d’un gouvernement par Félix Tshisekedi, c’est-à-dire un Chef du gouvernement, avant la normalisation des relations dans les autres domaines de coopération.
Car, faut-il le rappeler, plus de cent (100) après sa prise de pouvoir, le chef de l’État rd-congolais, Félix Tshisekedi, n’a toujours pas encore nommé un Premier ministre. Et ceci pourrait se comprendre. En effet, le successeur de Joseph Kabila ne dispose d’aucune majorité ni à l’Assemblée nationale, ni au Sénat, moins encore dans les provinces. Et gouverner dans une telle situation sera une gouvernance sans précédent. Il faut retenir que l’ombre de l’ex-chef de l’État, Joseph Kabila plane toujours sur le destin de la RDC. En cause, le Premier ministre et la majorité des membres du gouvernement qui sera formé, seront issus de la coalition du prédécesseur de Félix Tshisekedi. Ce qui est synonyme d’une main mise, après près de deux décennies, soit 17 ans ( 2001 – 2018) de règne, sur la gestion du pays.
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