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Algérie : clôture sur 2 dossiers de candidature et un probable report de la présidentielle du 4 juillet prochain

(Photo : Des manifestants algériens en mars 2019 au cours des protestations ayant mené à la chute du président Abdelaziz Bouteflika et son clan – Source : Agence française de presse – AFP)

La présidentielle en Algérie est prévue le 4 juillet prochain pour sortir de la crise synonyme de la démission le 2 avril dernier, sous la pression populaire, de l’ex-chef de l’État Abdelaziz Bouteflika, après un règne de deux décennies. En Algérie, la Constitution prévoit une « élection d’un nouveau président dans les 90 jours suivant le début de l’intérim ». Le pays étant entré dans une phase de transition, ainsi conformément à la Constitution, le président de la Chambre haute devient président par intérim. Et pour respecter ce délai constitutionnel de 90 jours, le président par intérim, Abdelkader Bensalah, officiellement entré en fonction le 9 avril dernier, a donc fixé l’élection présidentielle au 4 juillet prochain. À la date du vendredi 24 mai à minuit, date de la clôture du dépôt des dossiers de candidatures, seuls deux dossiers de candidatures ont été enregistrés. Les 76 actes de candidatures que le ministère de l’Intérieur a dit avoir reçu à la date du 20 mai, ont été retirés. Le pouvoir algérien s’accroche à la tenue du scrutin le 4 juillet. Mais critiquée de toutes parts, sans candidat crédible déclaré et sans électeurs annoncés, sa tenue apparaît de plus en plus incertaine.

Probable report du scrutin

Depuis le vendredi 22 février dernier, début du mouvement populaire, les manifestants restent inflexibles et réclament le départ de « tout le système » et, avant tout scrutin, des « structures de transition ad hoc », chargées de démanteler l’appareil hérité de Bouteflika et l’ « élaboration d’une nouvelle loi électorale et d’une nouvelle Constitution », selon la presse locale. De leur côté, l’armée et son chef d’état-major, le général Ahmed Gaïd Salah, redevenus les véritables centres de décision, affichent leur opposition à tout autre processus que celui prévu par la Constitution actuelle. À en croire l’AFP, techniquement, le scrutin peut se tenir le 4 juillet prochain. Mais de nombreux doutes émergent. Du côté du pouvoir algérien, le président Abdelkader Bensalah dit respecter les délais constitutionnels en assurant maintenir le scrutin à la date du 4 juillet. Pour sa part, le général Gaïd Salah a appelé à « accélérer la mise en place de l’instance indépendante chargée de l’organisation et de la supervision du scrutin ». Selon ce dernier, « l’élection présidentielle évitera au pays le piège du vide constitutionnel », cité par le média Algérie Patriotique.

À entendre cela, les partis de l’ex-coalition soutenant l’ex-chef de l’État déchu, l’idée d’un léger report et d’une entorse mineure au cadre constitutionnel est en train de germer, avec une échéance qui s’annonce déjà compliquée à tenir. En n’acceptant pas la transition que demande le mouvement populaire, c’est-à-dire la contestation, le Secrétaire général du Front de Libération Nationale (FLN), Mohamed Djemai (parti majoritaire) du président déchu, a suggéré un report, « mais pas de beaucoup » selon ses termes, le temps notamment de modifier la loi électorale. Le Rassemblement National Démocratique (RND), principal allié du FLN, par la voix de Seddik Chihab, renchérit et indique que  « l’idéal serait un délai de trois mois supplémentaires ou de six mois maximum ».

De ces deux partis, aucune personnalité d’envergure n’a fait publiquement acte de candidature. Ni le FLN ni le RND n’ont désigné pour l’heure de candidat. Selon la presse algérienne, plusieurs figures sollicitées par le pouvoir ont décliné l’offre. L’opposition quant à elle, est aussi pour le report du scrutin, mais avec des durées variables. Par contre, les principaux partis d’opposition n’entendent pas participer. La contestation, elle, refuse même dans l’immédiat de choisir le moindre représentant. Elle a d’ailleurs reçu le soutien des maires de Béjaïa, Boumerdes et Tizi Ouzou, venus manifester à Alger pour dire leur refus d’organiser les élections de 4 Juillet et leur soutien aux revendications populaires. Outre les maires, les magistrats du pays ont annoncé leur refus de prendre part à l’organisation du scrutin, dont ils sont pourtant des maillons importants. Il faut préciser que le président intérimaire, Abdelkader Bensalah, ne peut se présenter en vertu de la Constitution algérienne. Quant au général Gaïd Salah, il a assuré n’avoir aucune ambition politique.

Le scrutin du 4 juillet… le Messie ?

Au vu de tout ce qui précède, la question de savoir si le scrutin peut permettre à l’Algérie de sortie de sa crise, se pose avec insistance. Quand on voit la mobilisation et la détermination du mouvement, l’affluence des électeurs dans les urnes ne devrait pas se constater, ce qui renforcerait la participation chroniquement faible du pays. Faut-il le rappeler, au cours de la présidentielle de 2014, à peine plus de 50% des électeurs s’étaient déplacés, malgré les moyens de pression des autorités de l’époque sur les fonctionnaires, salariés d’entreprises publiques ou bénéficiaires de prestations sociales. Des chiffres en outre gonflés a posteriori, à en croire la presse algérienne. Actuellement, il est bien difficile d’imaginer que la présidentielle à laquelle s’accroche les autorités du pays soit une véritablement la porte de sortie de la crise que traverse l’Algérie depuis plus de trois mois. En cause, si le scrutin arrivait à se tenir le 4 juillet prochain, eh bien « le président qui sera élu n’aura aucune légitimité populaire et je crains (…) que nous entrions dans une spirale qui ferait perdurer la crise. », a déclaré à l’AFP le professeur de sociologie à l’Université d’Alger II, Zoubir Arous.

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