Toujours égal à lui-même, il n’a jamais sa langue dans la poche. Très reconnu avec son français timbré, il dit toujours haut ce que d’autres disent tout bas. Sur un aulne de la politique béninoise planté au bord de la législative qui, depuis le dimanche 28 avril 2019, a croisé la démocratie, l’homme de la première circonscription électorale du Bénin a parlé pour qui veut l’entendre. Élu lors des dernières élections législatives sur la liste du parti Bloc Républicain (BR), l’un des deux partis politiques couronnés par le chef de l’État béninois Patrice Talon, l’homme fort de Malanville, ville au nord du pays et frontière avec le Niger, évoque la légitimité du nouveau parlement auquel il appartient et dit ses quatre vérités sur le Palais des Gouverneurs à Porto-Novo, capitale du Bénin. Au regard du faible taux de participation à l’issue des scrutins législatifs les plus controversés au Bénin, les députés de la huitième (8ème) législature à l’Assemblée nationale, ne doivent pas tout de suite clôturer le débat de leur légitimité. Car, des questions ne cessent d’êtres posées et demandent des réponses à l’image de celle-ci : « Comment avoir une minorité de blocage dans un parlement mono-colore ? ». Cette question ne vient pas d’un béninois lambda. En effet, elle a été laissée suspendue au pupitre du perchoir de l’hémicycle béninois lors d’un séminaire organisé les 19 et 20 septembre dernier à Cotonou au profit des députés de la huitième (8ème) législature à l’Assemblée nationale, par un de ces 83 représentants du peuple au Palais des Gouverneur.
L’honorable Nassirou Bako-Arifari, il s’agit bien de lui. À l’occasion donc de ce séminaire, le vétéran parlementaire a, dans son franc-parler légendaire, ébahi puis heurté ses pairs sur cette question de la légitimité du Parlement actuel. L’occasion de s’exprimer lui a été offerte en or au cours dudit séminaire à travers une communication portant sur le thème : « Les défis de la fonction de représentation du parlementaire dans une législature élue avec un faible taux de participation au scrutin ». L’élu du peuple a indiqué sans ambages que le législatif sous la huitième mandature souffre avec acuité d’un déficit de légitimité. « L’élection peut revêtir toute la légalité conformément au code électoral », a d’abord reconnu le député avant d’aller au fond. « (…) Mais dans un contexte de faible taux de participation, elle risque de ne plus apparaître comme un moyen efficace de détermination de la volonté populaire dans un processus de désignation des représentants du peuple. », a précisé le député du Bloc Républicain. Et il détaille sociologiquement avec son français scientifique et timbré. « Il s’agit d’une pathologie politique, une anomie conjoncturelle qui peut biaiser si ce n’est discréditer le statut des représentants du peuple », a expliqué Nassirou Bako-Arifari.
Le parlement est l’institution majeure de la représentation du peuple
L’ancien ministre des Affaires étrangère du gouvernement précédent, n’est pas allé par quatre chemins pour citer en exemple le cas de la législature en cours au Parlement béninois dans son explication. Le professeur fait référence au plus fort taux d’abstention jamais enregistré au Bénin depuis les premières élections législatives du pays. « Est-il acceptable qu’un quart du corps électoral élise les membres d’une représentation nationale dans un pays, quelles que soient les circonstances du moment ? », a laissé entendre comme interrogation devant la conscience de ses collègues députés de la huitième (8ème) législature à l’Assemblée nationale, l’ancien Président de la Commission des Affaires extérieures à l’Assemblée nationale, septième (7ème) législature. Nassirou Bako-Arifari en poursuivant, a jeté de la lumière sur la thèse de l’usurpation électorale qui semble plausible si « l’abstentionnisme est l’expression de l’adhésion des électeurs à la cause des exclus », tout en rappelant que « le parlement est l’institution majeure de la représentation du peuple » et qu’« il doit être l’expression de la diversité d’opinions au sein du peuple ».
L’universitaire voit très problématique l’absence de l’opposition à la gouvernance Talon. « Il est largement admis que le parlement contribue à la pacification de la vie politique », a-t-il souligné avant de conclure sa communication. « (…) D’où la nécessité d’avoir une représentation pluraliste », a relevé Nassirou Bako-Arifari alias « NBA », dans une appellation anglaise bien sûr.
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