Ce vendredi 6 décembre, les diplomaties allemande, britannique, française, chinoise, russe et bien évidemment iranienne vont se retrouver, à Vienne. Rappelons que c’est dans cette ville capitale de l’Autriche qu’a été signé, en 2015, l’accord historique plaçant le programme nucléaire de Téhéran sous contrôle. Dans un contexte tendu, Iraniens et Européens se rencontrent pour faire le point sur la diversification des activités nucléaires de Téhéran, le pays étant moins enclin à respecter ses engagements internationaux depuis que les États-Unis l’ont placé sous sanctions. Entre l’Iran et les Européens, le ton monte. La République islamique a en effet multiplié les entorses aux règles encadrant ses activités nucléaires depuis que Washington a replacé le pays sous sanctions. Le retrait unilatéral des États-Unis de cet accord, jugé trop souple par le président américain Donald Trump, a ouvert en 2018 une nouvelle période de tensions avec l’Iran, que Washington veut placer sous « pression maximale ». En représailles aux sanctions économiques rétablies par Donald Trump qui asphyxient son économie, l’Iran a, depuis le mois de mai dernier, intensifié ses activités nucléaires. Dans ce contexte, les échanges entre les Européens et l’Iran se durcissent et la réunion de Vienne, entre hauts fonctionnaires des différents pays, s’annonce crispée. À la veille de la rencontre, sous égide de l’Union Européenne (UE), la République islamique a reçu un nouvel avertissement. Berlin, Londres et Paris lui ont reproché de développer des « missiles balistiques à capacité nucléaire », en violation d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations-Unies. Ce message des trois pays est « un mensonge désespéré pour dissimuler leur misérable incompétence dans l’accomplissement du strict minimum de leurs propres obligations », a réagi sur Twitter le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif.
L’Iran menace l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA)
En novembre dernier, pour la première fois, la diplomatie européenne a mis sur la table la possibilité de déclencher un mécanisme inclus dans l’accord de 2015. Un mécanisme pouvant mener à terme au rétablissement de sanctions de l’ONU, qui, selon de nombreux analystes, sonneraient le glas définitif de l’accord de 2015. Engagé depuis plus de six mois dans un plan de désengagement de l’accord, l’Iran dépasse notamment le stock d’uranium enrichi prévu par le texte, le taux d’enrichissement et la quantité d’eau lourde autorisés et modernise ses centrifugeuses. L’Iran a annoncé pour début 2020 une étape supplémentaire d’intensification de son programme nucléaire, renforçant la pression sur les pays restant parties à l’accord. « L’accumulation des infractions risque de provoquer une rupture. » abonde l’ancien ambassadeur de France en Iran, François Nicoullaud. « Ce ne sera peut-être pas cette fois-ci, mais ce sera certainement en arrière-plan des discussions. », ajoute-t-il. La décision de déclencher le mécanisme de règlement des conflits prévu dans l’accord est cependant délicate car c’est « risquer à terme de perdre tout contrôle sur la situation », reconnaît un diplomate européen. De son côté, l’Iran a menacé de « sérieusement reconsidérer » ses engagements envers l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA) si ce mécanisme est enclenché. La présence en Iran des inspecteurs de l’AIEA chargés du contrôle des activités nucléaires menées dans le pays est l’un des principaux acquis de l’accord de 2015. Le dialogue avec les responsables iraniens est également brouillé par la multiplication des points de discorde : chercheurs français emprisonnés en Iran, saisies de pétroliers par Téhéran, forces du régime accusées de répression meurtrière envers la contestation sociale qui a éclaté dans les villes iraniennes mi-novembre. Mercredi 4 décembre, le président iranien, Hassan Rohani, a réaffirmé que son pays n’envisageait pas de discuter avec Washington si les États-Unis ne lèvent pas leurs sanctions contre la République islamique.
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