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États-Unis : Demain, mardi 3 novembre, l’élection présidentielle américaine se jouera dans ces 8 États à surveiller

Photo : Les candidats Joe Biden (G) et Donald Trump (D)


Dans 24 heures, les américains seront appelés aux urnes pour élire leur nouveau président, le 46ème des États-Unis d’Amérique. Eh bien, du fait du Coronavirus, des positions du président sortant sur l’immigration Donald Trump et des stratégies électorales de son adversaire, Joe Biden, les « swing states » les plus importants de 2020 ne seront pas forcément ceux des scrutins précédents. Demain, mardi 3 novembre, plusieurs États seront à surveiller de très près à l’occasion de l’élection présidentielle américaine entre Joe Biden et Donald Trump. Et pour cause, ce sont eux qui feront le scrutin. Rappelons qu’en politique américaine, c’est le nombre d’or : le total de grands électeurs qu’il faut rallier à sa cause pour être élu président des États-Unis. Un modèle qui se veut représentatif de la diversité d’un pays où les disparités sont multiples en fonction des États, que ce soit au regard de la densité de population, de sa composition ou de son Histoire. Il faut noter que dans chaque État, les règles peuvent varier. Il y a le winner takes all, c’est-à-dire le cas de figure où tous les représentants de l’État sont automatiquement attribués au vainqueur même s’il l’emporte avec un seul bulletin d’avance, et d’autres endroits où une dose de proportionnelle a été ajoutée (dans le Maine et le Nebraska). Ce qui donne un savant mélange de batailles diverses à mener pour les candidats qui rêvent d’atteindre le fameux nombre recherché, et une élection qui peut basculer, comme en 2016, sur quelques milliers de voix. Car si certains États sont on ne peut plus fidèles à un parti (l’Alaska, le Kansas ou l’Idaho pour les républicains, le district de Columbia pour les démocrates), d’autres changent très régulièrement d’allégeance, à l’image de la Floride ou de l’Ohio. Ce sont les fameux swing states. Et en 2020, dans le contexte de l’épidémie de Coronavirus, des petits nouveaux devraient être particulièrement importants. Voici le point sur les États qu’il faudra nécessairement surveiller durant l’affrontement entre Joe Biden et Donald Trump.

 Le Wisconsin et le Michigan, conquêtes trumpistes de 2016

En 2016, si personne ou presque n’avait anticipé la victoire de Donald Trump face à Hillary Clinton, c’est parce que le milliardaire l’avait emporté dans des États vus comme imprenables. À l’image du Wisconsin, entièrement favorable à l’ancien président des États-Unis Barack Obama durant la décennie précédente et où l’ancienne Première dame n’avait même pas songé à donner un meeting tant la victoire semblait lui tendre les bras. Mais dans cet État rural et blanc, l’Histoire a prouvé que le discours du « Make America Great Again » avait fait mouche. Jusqu’à l’emporter d’un rien. Or quatre ans plus tard, le public et les démocrates sont prévenus, et pas question donc d’oublier certains États. C’est pour cela qu’il faudra garder un œil attentif sur le Wisconsin donc, mais aussi sur le Michigan, ce 3 novembre. Ce dernier État avait été le théâtre de la plus courte victoire de Donald Trump en 2016, 10.704 voix d’écart seulement sur près de cinq millions de suffrages exprimés. Et après cinq présidentielles successives où le bleu avait gagné, la casquette rouge du Maga avait su inverser la tendance. D’après les enquêtes d’opinion publiées quotidiennement par la presse et les sondeurs américains, Joe Biden est cette année très en avance sur son concurrent dans ces deux États. Comme Hillary Clinton il y a quatre ans. Une bonne raison de rester très attentif à la couleur politique des 26 grands électeurs qu’ils attribueront. 

En Pennsylvanie, le spectre du Coronavirus

D’un point de vue européen, l’exemple de la Pennsylvanie est édifiant pour appréhender la complexité de l’élection américaine. Il s’agit de l’État de naissance de Joe Biden, on y a plébiscité Bill Clinton, Al Gore ou Barack Obama par le passé, on y trouve de grandes villes cosmopolites comme Philadelphie. Bref, un terreau fertile en théorie pour voir les idées démocrates (et les 20 grands électeurs qui les accompagnent) prospérer. Sauf que là encore, en 2016, c’est Donald Trump qui l’a emporté. Et qu’il compte bien réitérer sa performance, en agitant un argument massue en 2020 : la pandémie de Coronavirus. Alors que sa gestion de l’épidémie peut légitimement être mise en doute au vu du lourd bilan humain outre-Atlantique, le président en exercice multiplie les campagnes de publicité et les meetings dans cet État de la côte Est pour y dénoncer… la gestion des démocrates. En effet, puisqu’en 2016 il avait su séduire les populations blanches peu éduquées et rurales de l’État, il espère récidiver en expliquant à ces électeurs que les démocrates (qui gèrent l’exécutif local) les ont confinés, leur ont fait perdre leur travail et sont responsables de la crise économique qui s’abat sur le pays. Le 3 novembre dira si cette stratégie était la bonne, car pour le moment, les sondages donnent peu ou prou le même écart entre Biden et Trump qu’entre Hillary Clinton et le milliardaire. Une marge dans laquelle tout pourrait se passer.

Arizona et Caroline du Nord, terres rouges en grand danger

C’est acquis au vu de la base extrêmement réduite sur laquelle reposait l’élection du candidat républicain il y a quatre ans : pour faire coup double, il ne peut se permettre de perdre la moindre voix, car il ne devrait pas séduire massivement de nouveaux électeurs. Et au-delà des conquêtes de la dernière élection, il devra en plus conserver des territoires qui sont normalement acquis à la cause républicaine, mais qui semblent très fragiles cette année. À cet égard, l’exemple de l’Arizona est particulièrement significatif puisque depuis 1972, l’État n’a voté qu’une seule fois pour le candidat démocrate à la présidentielle (et d’un souffle). Or en 2020, si les sondages disent vrai, ce pourrait être une vraie raclée pour Donald Trump. Car si cette terre est historiquement républicaine, la communauté hispanique y est aussi très présente et les propos du président sur l’immigration ont, depuis quatre ans, rogné le soutien dont il bénéficiait. Ainsi en 2020, de nombreux électeurs républicains ont tourné le dos à ce candidat devenu trop extrême pour eux, donnant une avance confortable à Joe Biden que ce soit en se déclarant abstentionnistes ou plus directement encore en changeant de casquette le temps du scrutin à venir. Ajouté aux migrations intérieures avec des jeunes progressistes qui sont venus s’installer dans l’État ces dernières années, cela explique que ces terres rouges soient sur le point de basculer. Et le scénario se répète ailleurs, notamment en Caroline du Nord, où Joe Biden dispose là encore d’une belle marge, selon les enquêtes d’opinion. Preuve de la crainte d’une déroute, Donald Trump et son vice-président Mike Pence ont multiplié les déplacements dans la région ces dernières semaines. En tout cas, l’équipe de campagne du président sortant en est certaine, et elle le fait figurer en bonne position dans tous ses scénarios de victoire quelle distribue à la presse : pour gagner une seconde fois la Maison Blanche, il faudra impérativement donner tort aux sondages et l’emporter ici. 

Le Texas et la Georgie, bastions républicains défendus coûte que coûte

Face à la crainte de perdre des États qui les soutiennent d’ordinaire, les républicains sont donc à l’œuvre par des moyens conventionnels tels que les réunions publiques et la communication publicitaire. Mais pas uniquement. Il convient d’indiquer que de nombreuses tentatives de triche et de fraude sont effectivement à l’œuvre en marge de la campagne traditionnelle, et elles pourraient influencer grandement le scrutin. Et au moins la perception de sa validité. Plus généralement, une vaste stratégie de voter suppression, comme le disent les Américains (comprendre une volonté de faire disparaître de futurs bulletins, que ce soit en dégoûtant du jeu électoral leurs propriétaires, en privant d’information certains citoyens ou plus simplement en complexifiant le processus d’inscription sur les listes), est en branle. Et ce notamment dans des États tels que le Texas et la Georgie, où un électorat notamment au sein des minorités, est en train de se lever pour faire barrage à l’éventuelle réélection de Donald Trump. De ce fait, ces territoires feront en partie l’élection présidentielle de demain puisqu’une bataille légale et verbale autour des résultats des bulletins physiques et par correspondance devrait s’y engager dans la suite immédiate du scrutin. Surtout si Donald Trump y est en mauvaise posture.

La Floride, as usual

Barack Obama qui fait campagne pour Joe Biden, des files d’attente longues de plusieurs centaines de mètres pour voter par anticipation, Donald Trump qui glisse d’ailleurs son bulletin dans l’urne dans cet État… À observer la guerre d’image que se livrent les deux candidats à la Maison Blanche en Floride, aucun doute à avoir : elle sera, comme lors de chaque scrutin, décisive. Parmi les « swing states » traditionnels, l’extrémité Sud-est des États-Unis est l’État qui offre le plus de grands électeurs à son vainqueur, raison pour laquelle il est habituel de voir les candidats à la Maison Blanche s’y affronter avec ferveur. Mais cette année, de manière encore plus prosaïque, il faudra surtout garder un œil sur la Floride, car si Joe Biden l’emporte là, alors il sera impossible pour Donald Trump de le battre au niveau national. Sauf bien sûr bouleversement complet ailleurs dans le pays, et encore. Au vu des sondages extrêmement serrés entre les deux hommes dans l’État, il se pourrait en outre que l’on retrouve ici un scénario rencontré en 2000 avec le duel entre Al Gore et George W. Bush, et des recomptages répétés des voix (pour un résultat final qui ne satisfait toujours pas, en 2020, certains démocrates). Car à l’image de cette présidentielle dans son ensemble, tout porte à croire que l’après-3 novembre peut être aussi flou que l’avant. 

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