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Allemagne : La CDU prépare le changement de sexe à la tête du pays, rupture ou continuité ?

Photo : Les candidats Friedrich Merz, Norbert Röttgen et Armin Laschet (de G. à D.), lors d’un débat organisé entre les trois candidats à la présidence de la CDU, le vendredi 8 janvier


Les 15 et 16 janvier, le parti chrétien-démocrate (CDU) se choisit un nouveau président, en prévision des élections législatives du 26 septembre prochain, et du départ d’Angela Merkel. C’est un grand changement de taille que prépare le parti au pouvoir en Allemagne. Après dix-huit (18) années de présidence Merkel et deux (02) années de présidence « AKK » (du nom d’Annegret Kramp-Karrenbauer,  la dauphine d’Angela Merkel), la principale formation politique allemande aura bientôt de nouveau un homme à sa tête. Trois candidats se disputent le poste. Lors du congrès extraordinaire du parti qui se tient dès ce jour, vendredi 15 et demain samedi 16 janvier, en visioconférence, les mille et un (1001) délégués devront choisir entre Friedrich Merz, Armin Laschet et Norbert Röttgen. En plus d’appartenir tous trois à la gent masculine, ces candidats sont tous catholiques, pères de trois enfants et issus de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, région de l’ouest du pays, la plus peuplée d’Allemagne. Le changement sera quasi total face à une Angela Merkel, protestante, sans enfant et originaire de l’ex-Allemagne de l’Est.

Différences dans la nuance

Les trois candidats en lice se retrouvent aussi sur les grands thèmes actuels. Tous trois sont des européens convaincus, désireux de concurrencer les écologistes sur les questions climatiques et opposés à toute coopération avec le parti d’extrême droite, Alternative pour l’Allemagne (AFD). Leurs différences concernent davantage leurs styles et priorités. Le premier candidat, le favori, Friedrich Merz, est le plus critique des années Merkel et du glissement de la CDU vers le centre. « Je veux que notre parti retrouve un positionnement clair », rappelle-t-il souvent. Au niveau économique et fiscal, Friedrich Merz est le plus libéral des trois, et sur la question migratoire, centrale depuis 2015, il se montre le plus strict. « Friedrich Merz incarne des positions conservatrices fortes au niveau social et culturel et a le plus de chances de regagner les électeurs de l’AFD », juge Nils Diederich de l’Université libre de Berlin. Cet avocat financier se présente ainsi comme l’homme du changement même si pour certains, il incarne la CDU du début des années 2000. Ancien député européen et ex-chef du groupe parlementaire de la CDU/CSU, il n’exerce plus de fonction élective depuis 2009. La faute, entre autres, à une brouille avec Angela Merkel.

Rupture ou continuité ?

Le deuxième candidat, Armin Laschet, est en revanche un proche de la chancelière et incarne la continuité tout en prônant une adaptation face aux nouveaux défis liés de la pandémie. Actuel ministre-président de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, il dispose de la plus grande expérience gouvernementale, et le rappelle souvent en cette période de lutte contre la pandémie. Représentant le centre de la CDU, cet élu au physique rond se veut un « homme d’équipe », (en opposition avec Friedrich Merz), et s’est associé au très populaire ministre fédéral de la santé, Jens Spahn, pour cette course à la présidence. Soutenu entre autres par l’actuelle présidente Annegret Kramp-Karrenbauer, il a effectué une remontée ces derniers jours dans les sondages et se place en seconde position, devant Norbert Röttgen. Ce dernier, président de la Commission des Affaires Étrangères au Bundestag, souhaite un « parti plus féminin, plus jeune, plus urbain ». Outsider de cette course, ce député de 55 ans a choisi une femme pour le seconder, soutient des quotas dans son parti et prône un vaste plan pour numériser le pays. « Norbert Röttgen est le plus libéral, au niveau social, mais manque de soutien au sein de la population et du parti », constate le politologue Nils Diederich.

Le candidat à la chancellerie attendra

Norbert Röttgen a toutefois un atout aux yeux de certains. En effet, il est le seul des trois candidats à ne pas lier son éventuelle élection à la tête de la CDU à une candidature pour la chancellerie au nom de la famille chrétienne démocrate. Il se dit ainsi ouvert à une candidature de Markus Söder, ministre président de Bavière et chef du parti frère de la CSU. Car si le futur patron de CDU est bel et bien connu ce week-end, le candidat à la chancellerie, lui, sera choisi en concertation avec l’union chrétienne sociale, d’ici au printemps. Avec Norbert Röttgen, les portes restent donc ouvertes. « Qui que soient le futur président de la CDU et le candidat à la chancellerie de la CDU/CSU, Angela Merkel, avec son talent à diriger, modérer, trouver des équilibres et des compromis, ne pourra pas être remplacée », constate Herfried Münkler, de l’université Humboldt de Berlin. L’élection de demain, samedi 16 janvier marque donc un tournant majeur dans la politique allemande.

Les conservateurs en tête, à 9 mois des élections

26 septembre 2021. Élection fédérale. La CDU d’Angela Merkel et son alliée bavaroise, la CSU, sont données en tête des sondages avec plus de 30 % des intentions de vote. Les Verts avec 18 à 20 % des intentions de vote, sont suivis des sociaux-démocrates du SPD, évalués entre 14 et 17 %. Les pronostics vont bon train sur la possibilité d’une coalition gouvernementale alliant la CDU-CSU, les Verts et le SPD. Le parti d’extrême droite AFD, première force d’opposition, pourrait ne recueillir qu’entre 8 et 10 % des suffrages. La Gauche et les libéraux du FDP sont donnés entre 6 et 8 %.

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