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France – Coronavirus : Pas de reconfinement, Emmanuel Macron fait un choix risqué

Photo : Le président français, Emmanuel Macron, le 24 novembre 2020


Les français attendaient une allocution de leur président, Emmanuel Macron, c’est finalement le chef du gouvernement français, Jean Castex, qui a pris la parole. Un reconfinement « serré » ou au minimum « hybride », se pressentait, le Premier ministre français n’a annoncé qu’un « léger » durcissement des mesures déjà en vigueur dans le pays et la fermeture de ses frontières. L’exécutif français a surpris son monde, hier, vendredi 29 janvier, en choisissant de temporiser face au spectre d’une troisième vague épidémique de malades atteints du Coronavirus, à contre-courant du consensus scientifique et des décisions prises par la majorité des pays européens. Et pour quel but ? « Gagner du temps et limiter la casse. », explique le ministre français de la Santé, Olivier Véran, cité ce dimanche 31 janvier par le quotidien dominical français le JDD. Une façon pour le chef de l’État français, Emmanuel Macron, de rester « le maître des horloges », même dans cette crise sanitaire. Mais surtout de ne pas éprouver davantage les français dont le moral est déjà touché par un an de restrictions, deux confinements, des semaines de couvre-feu et d’innombrables fermetures ou annulations. Une sorte de « dernière cartouche » utilisée malgré son lot de risques politiques, alors que l’adhésion à de strictes restrictions semble, selon les enquêtes d’opinion, moins forte qu’en mars et en octobre derniers.

« J’ai confiance en nous. Les heures que nous vivons sont cruciales. Faisons tout pour freiner l’épidémie ensemble. »

Emmanuel Macron

« L’idée est de donner une énième dose de freinage qui peut permettre de passer dans ce trou de souris », plaide un Conseiller de l’exécutif français. Emmanuel Macron en appelle donc à la mobilisation générale. « J’ai confiance en nous. Les heures que nous vivons sont cruciales. Faisons tout pour freiner l’épidémie ensemble. », écrivait le locataire de l’Élysée, ce samedi 30 janvier, sur Twitter, laissant une épée de Damoclès en suspension au dessus des français. Que se passera-t-il si l’épidémie continue de progresser ? Dans quelle mesure la crédibilité du chef de l’État français sera-t-elle écornée si un reconfinement était finalement décrété dans une semaine ? Certains membres de l’opposition, à qui ont été présentées en fin de semaine des projections épidémiques alarmantes par le Premier ministre français, se sont très rapidement engouffrées dans cette brèche, à l’image du patron des sénateurs socialistes. « La procrastination nous amène dans le mur. », affirmé sur twitter, Patrick Kanner.

« Pour Emmanuel Macron, il y a le risque, si on arrive tout de même à un reconfinement, de donner le sentiment d’y arriver trop tard et on revisiterait alors la durée du confinement en disant : ‘ah si on l’avait fait une semaine plus tôt’. », analyse le Directeur général France de Kantar, Emmanuel Rivière, citant l’exemple du Premier ministre britannique, Boris Johnson, au Royaume-Uni, à qui la population fait encore grief d’avoir tardé à agir au printemps. Le choix de ne pas reconfiner, en tout cas pas encore, interroge également la communauté médicale. « Ce n’est pas reculer pour mieux sauter, c’est reculer pour moins bien sauter : plus vous reculez, plus ça monte et ça va monter, et plus ça va être dur. », estimait par exemple le chef du service de néphrologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Professeur Gilbert Deray, hier samedi sur BFMTV.

Conséquences économiques, sociales, psychologiques

Il faut dire que la modération affichée par Jean Castex tranche avec les nombreux appels de scientifiques à une troisième mise sous cloche globale du pays en raison des risques de propagation de variants du Coronavirus plus contagieux et potentiellement plus mortels, et ce alors que la vaccination ne va pas aussi vite que prévu. Le Premier ministre français a pris le contre-pied à la fois de la presse, inondée d’échos d’un reconfinement imminent, et de l’exécutif français lui-même, qui par la voix de son porte-parole Gabriel Attal avait émis l’hypothèse d’un « confinement très serré ». Mais les indicateurs sanitaires ne sont plus les seules boussoles du gouvernement français. Il doit composer, plus que jamais avec de nombreux autres facteurs et données comme le moral des jeunes, dont la détresse, documentée par plusieurs études s’est récemment affichée en Une de tous les médias, la santé économique du pays, ou le degré « d’acceptabilité » des français. Car, faut-il le souligner encore, si les sondages montrent que la population est majoritairement favorable à l’idée d’un troisième confinement, la progression d’opinions négatives est particulièrement notable.

« Dans ces conditions, le moindre mois, la moindre semaine, le moindre jour de confinement qu’on peut éviter aux français, il faut qu’on le prenne. »

Gabriel Attal

Selon une étude Odoxa réalisée pour Le Figaro et franceinfo, 62% des français y sont favorables, mais 42% des sondés se disent prêts à transgresser les restrictions. « Dans ces conditions, le moindre mois, la moindre semaine, le moindre jour de confinement qu’on peut éviter aux français, il faut qu’on le prenne. », expliquait ce dimanche Gabriel Attal sur BFMTV. « On le doit à nos commerçants, à nos artisans, aux PME et aux français, pour qui c’est extrêmement difficile depuis près d’un an. », a ajouté le porte-parole du gouvernement français. Malgré tout, pour de nombreux scientifiques l’issue ne fait guère de doute et la question est désormais celle du timing. « On voit bien qu’il y a une volonté d’attendre, probablement pour faire concorder une décision de restrictions supplémentaires avec les vacances de février. », avançait Bruno Megarbane, hier sur LCI, en réaction aux annonces de Jean Castex. « Ça va être un confinement d’au moins un mois, donc il faut peser la nécessité. », a poursuivi sans trop d’illusion, le chef du service de réanimation de l’hôpital Lariboisière à Paris.

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