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Cinéma : « Mourir peut attendre », le 25ème film de James Bond en salle ce jour, mercredi 6 octobre

Photo : Daniel Craig alias James Bond et Ana de Armas dans « Mourir peut attendre »


James Bond est né en 1953, sous la plume d’Ian Fleming et de son premier roman Casino Royal. Le romancier britannique, officier du renseignement naval pendant la Seconde Guerre mondiale, a écrit 14 volumes dont 2 publiés à titre posthume, des aventures de l’agent 007. « Mourir peut attendre », au cinéma ce jour, mercredi 6 octobre, est le 25ème film inspiré de son œuvre. Une question est de savoir si le James Bond incarné par Daniel Craig ressemble-t-il encore au héros imaginé par son « papa » ? Les détails du Guillaume Evin, auteur d’ouvrages sur le cinéma et spécialiste français de James Bond. En résumé, dans le long-métrage de 2h45 réalisé par Cary Joji Fukunaga (Beast of no nation, Maniac), Daniel Craig alias James Bond est tiré de sa douce retraite en Jamaïque pour affronter ses meilleurs ennemis : Blofeld (Christoph Waltz), le chef de l’organisation criminelle Spectre et surtout Safin (Rami Malek) détenant de redoutables armes technologiques. Si le James Bond retraité était plus en pantalon-baskets qu’en smoking, les incontournables du genre semblent bien là : courses-poursuites spectaculaires, fusillades nourries, gadgets et paysages grandioses, de la Norvège à la Jamaïque et dans le Sud de l’Italie. Mais ce « Mourir peut attendre » montre aussi un espion plus humain et faillible que jamais, profondément amoureux de Madeleine Swann (Léa Seydoux) depuis Spectre.

« Ce côté tourmenté, sombre et vulnérable était déjà très présent dans les romans. Daniel Craig, comme Timothy Dalton avant lui [Tuer n’est pas jouer et Permis de tuer, ndlr], empruntent beaucoup au personnage d’Ian Fleming »

Guillaume Evin

Un James Bond tourmenté dans les livres déjà. « Ce côté tourmenté, sombre et vulnérable était déjà très présent dans les romans. Daniel Craig, comme Timothy Dalton avant lui [Tuer n’est pas jouer et Permis de tuer, ndlr], empruntent beaucoup au personnage d’Ian Fleming », réagit l’auteur d’ouvrages sur le cinéma et spécialiste français de James Bond, Guillaume Evin. « Fleming joue sur deux registres : il montre le tueur redoutable, implacable, pragmatique et fiable, mais il décrit aussi quelqu’un de pratiquement névrosé, sensible et qui fait face à beaucoup d’états d’âme. », explique-t-il. Dans les livres, James Bond a été amoureux de deux femmes : Vesper Lynd, présente dès le tout premier roman de Fleming (jouée par Eva Green dans l’adaptation ciné) et la comtesse Tracy di Vicenzo qui apparaît dans Au service secret de Sa Majesté. « La première se suicide, l’autre est assassinée le jour de ses noces avec James Bond, et ces pertes créent un lourd traumatisme en lui. », détaille Guillaume Evin. Pourtant pour le « bondologue », le côté « cœur d’artichaut » du personnage de « Mourir peut attendre » qui retombe fou amoureux de Madeleine Swann juste après la mort de Vesper Lynd n’est pas fidèle au héros historique. « Ce portrait de dur au cœur de tendre ne va pas. On bascule dans le sentimentalisme et on perd de vue 00 ». D’ailleurs dans les romans, James Bond était tout sauf un homme sympathique. « Le Bond d’Ian Fleming est assez déprimant au quotidien. Il fuit les dîners mondains, les cocktails, ne va jamais au cinéma. C’est un bulldozer, brut de décoffrage et qui manque de tact. », décrit l’auteur de « Il était une fois James Bond », biographie fictive du plus célèbre agent secret.

« Il y a quantité de pages consacrées au plaisir de la chair dans les romans de Fleming. Les vins fins, les bons plats, les œufs brouillés aux fines herbes… Un côté esthète et raffiné qu’on retrouvait chez Roger Moore. »

Guillaume Evin

Outre la non-ressemblance physique à ce jeu-là, c’est plutôt le grand et athlétique Sean Connery qui en était le plus proche, il manque d’autres choses au personnage incarné par Daniel Craig. Dans « Mourir peut attendre », si le héros descend ses traditionnelles vodka-martini, on ne le voit par exemple jamais manger. « Il y a quantité de pages consacrées au plaisir de la chair dans les romans de Fleming. Les vins fins, les bons plats, les œufs brouillés aux fines herbes… Un côté esthète et raffiné qu’on retrouvait chez Roger Moore. », décrit l’expert. Enfin si la touche d’humour british n’est pas absente de « Mourir peut attendre », c’est plutôt de géniaux nouveaux personnages qu’elle vient, à l’image d’Ana de Armas en Paloma, espionne de la CIA à Cuba pas si ingénue que ça, ou de Lashana Lynch en agent Nomi, nouvelle détentrice du matricule 007 au MI-6, bien décidée à rappeler à son prédécesseur qu’il est dépassé. « C’est vrai que depuis l’ère Craig, on n’est pas dans un humour à tous crins. On a un humour plus froid, qui correspond à son personnage. Au contraire dans les ouvrages, Bond est toujours dans le ping-pong verbal, avec son ami Felix Leiter, avec les femmes, mais aussi avec ses adversaires. Il aime ses petits uppercuts verbaux parce qu’il sait qu’il peut provoquer et déstabiliser ses ennemis comme cela. », rappelle Guillaume Evin. En quinze (15) ans de service qui s’achèvent avec « Mourir peut attendre », Daniel Craig aura « apporté de sa personnalité, mais aussi pris du héros ‘flemingien’ » comme tous les autres interprètes avant lui, tandis que les scénaristes eux aussi grossissent, lissent ou gomment quantités d’éléments du complexe héros créé en 1963 pour coller aux époques qu’il traverse. Il convient de relever que dès que le nom du ou de la successeur de Daniel Craig pour endosser le costume de James Bond sera connu, l’éternel jeu des ressemblances et des différences reprendra de plus belle. 

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