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France – bronchiolite : 2377 enfants (-2 de ans) passés aux urgences au bout d’une semaine, la maladie bouleversée par Coronavirus

Entre le lundi 11 et le dimanche 17 octobre, 2377 enfants de moins de deux ans sont passés aux urgences. Selon les derniers chiffres de Santé Publique France (SPF) publiés ce mercredi 20 octobre au sujet de la maladie hivernale qui touche les jeunes bébés en France. Il s’agit de la bronchiolite. Elle a été bouleversée par la pandémie de Coronavirus et se comporte bizarrement depuis plus d’un an. Les médecins le redoutaient, et chaque semaine semble confirmer une augmentation forte de l’épidémie. On ne parle pas ici de Coronavirus, qui semble remonter lui-aussi, mais de la bronchiolite. C’est une hausse de 33% par rapport à la semaine précédente. C’est surtout bien plus élevé que la moyenne des dernières années sur cette période dans le pays. « Nous avons 799 hospitalisations après passage aux urgences alors qu’en général, nous nous situons à cette période autour de 350. », a expliqué l’épidémiologiste chez Santé Publique France, spécialiste de la bronchiolite, Delphine Viriot. Normalement, on ne voit pas ce genre de chiffres avant la mi-novembre en France.

Ici le graphique qui montre la part de passages aux urgences pour bronchiolites (sur 10.000 passages) permet de s’en rendre compte.

Impossible de dire avec certitude quelle sera la taille de cette épidémie et quel sera son impact sur le système de santé français, avec le risque de manquer de lits en réanimation adaptés aux nourrissons. Pour comprendre pourquoi l’épidémie de bronchiolite pourrait avoir une ampleur exceptionnelle, il faut remonter un peu le temps, s’arrêter à l’hiver dernier, mais surtout se concentrer sur le printemps et l’été 2021.

Une mini épidémie au printemps et un plateau à l’été

Une des conséquences « positives » de la pandémie de Coronavirus a été la diminution drastique des autres maladies hivernales plus classiques, de la grippe à la gastro-entérite en passant par la bronchiolite. En réalité, ce n’est pas le Coronavirus, mais plus probablement les gestes barrières et les confinements qui ont limité la propagation de ces virus. Mais si l’hiver a été particulièrement calme du côté des bronchiolites, un pic épidémique a eu lieu au printemps, jusqu’au mois d’avril dernier. Mais ensuite, l’épidémie n’est pas du tout revenue à la normale. « La circulation s’est poursuivie à l’été, mais de manière atypique et modérée, avec des niveaux inhabituellement hauts, mais sans pic. », détaille Delphine Viriot.

Ici le graphique qui permet de mieux se rendre compte de cette situation.

On remarque aussi que le pic du printemps était bien moins important que le pic hivernal habituel. Au lieu d’avoir environ 5000 passages aux urgences par semaine, les hôpitaux voyaient affluer 2500 bébés de moins de deux ans pour une bronchiolite. « Au global, sur l’épidémie du printemps 2021, on a eu deux fois moins de cas que pour une saison hivernale classique. », explique Delphine Viriot. Comment expliquer ces courbes étranges ? Difficile à dire avec une certitude, mais une hypothèse ressort notamment. Le virus respiratoire syncytial qui cause la bronchiolite est extrêmement contagieux, à peu près autant que le Coronavirus avant l’apparition de variant (R0 ou taux de reproduction du virus entre 3 et 4). Ce qui veut dire qu’il contamine très facilement et très vite et qu’il faut beaucoup d’immunisés au sein de la population pour qu’une épidémie s’éteigne.

Plus d’enfants « naïfs » pouvant être contaminés

« Chaque année, on a une nouvelle réserve d’individus naïfs, des bébés qui viennent de naître, qui permettent au virus de circuler. », détaille une autre épidémiologiste pour Santé Publique France, Sibylle Bernard-Stoecklin. Et comme ce virus est très contagieux, la plupart des nourrissons l’attrapent (sans gravité pour l’écrasante majorité des cas). « Pour les enfants de 4 à 5 ans, on a environ 90% de la population qui a rencontré ce virus et possède une immunité. », précise la chercheuse. Mais comme il n’y a pas eu d’épidémie lors de l’hiver 2020, certainement grâce aux multiples gestes barrière, les nourrissons nés après l’hiver 2019 étaient toujours « naïfs ». Il suffisait que le virus de la bronchiolite revienne pour qu’ils soient infectés. C’est ce qui semble s’être passé au printemps, sauf que l’épidémie a été bien plus faible qu’habituellement. Cela peut être dû aux gestes barrière, au troisième confinement avec la fermeture des crèches et des écoles, à des questions de climat, de comportement… Difficile d’avoir une certitude. En tout cas, le « pic » a été bien plus faible et beaucoup d’enfants étaient encore naïfs, contaminables.

« Les gestes barrières ont entraîné moins d’infections, il faut donc continuer à les appliquer, mais reste à voir à quel point cette consigne sera respectée. »

Delphine Viriot

Cette hypothèse permettrait d’expliquer la circulation inhabituelle du virus pendant l’été et la hausse soudaine et précoce du nombre de cas en septembre. Auquel cas, le risque, c’est un pic bien plus élevé cet hiver que les autres années, car il faudrait rajouter aux nouveaux nourrissons ceux qui n’ont pas été contaminés depuis un an. Le problème, c’est qu’un pic plus élevé risque d’entraîner une possible saturation des services de réanimation dans certains territoires français. « Une épidémie de grande ampleur cet hiver est un des scénarios. », explique Delphine Viriot, tout en rappelant qu’il n’est pas possible de prédire ce qui va se passer. « Les gestes barrières ont entraîné moins d’infections, il faut donc continuer à les appliquer, mais reste à voir à quel point cette consigne sera respectée. », note l’épidémiologiste.

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