Photo : Sophie Pétronin, ici après sa libération en octobre 2020
Le souvenir de sa libération ne date pas encore d’un an et l’ex-otage d’Aqmi au Mali, Sophie Pétronin, fait de nouveau parler d’elle. Oui, libérée en octobre 2020 non seulement en compagnie d’un opposant malien, mais de deux autres captifs occidentaux, aussi et surtout en échange de la libération de 200 jihadistes, la septuagénaire suissesse est retournée au Sahel en mars dernier. Un retour secret immédiatement mis sous tension dans le Mali des putschistes. En effet, les autorités sécuritaires ont publié le samedi 30 octobre dernier, une note interne de la gendarmerie malienne demandant « à toutes les unités » de l’appréhender et de la ramener « sous bonne escorte » à Bamako. Pourquoi ? Ni Paris ni Genève ou encore l’entourage de l’étrangère n’a aucune réponse. Le signe donc que la travailleuse humanitaire est retournée dans le pays, et ce en dépit de l’opposition ferme des autorités françaises et suisses de lui délivrer à plusieurs reprises un visa. L’information gardée aussi secrète pour des raisons de sécurité par Bamako, depuis plus de sept mois, a fini par être révélée ce mardi 2 novembre, notamment sur le plan avec lequel l’ex-otage est parvenue à se retrouver sur le territoire malien.
Rappelons qu’immédiatement après sa libération, Sophie Pétronin expliquait déjà à la presse vouloir retourner sur place, précisément pour continuer à s’occuper des enfants en état de sous-nutrition pour lesquels elle avait créé un centre dédié. Mais son principal objectif est de retrouver sa fille adoptive, à laquelle elle avait été arrachée au moment de sa capture au Nord du Mali par les jihadistes d’Aqmi. Sur le chemin du retour de sa libération, elle était rentrée avec son fils Sébastien en Suisse, là où ce dernier est installé. C’est encore avec le même fils qu’elle retraverse les frontières maliennes pour rester dans le pays. Mais éloignée de ses protégés, désœuvrée au sortir de quatre ans de captivité, installée dans une Europe transfigurée par rapport à celle qu’elle avait quittée un quart de siècle plus tôt et ne touchant qu’une maigre pension, la tentation du retour s’est rapidement faite trop forte. Ce qu’elle souhaite par dessus tout, c’est « serrer dans mes bras la petite Zeinabou et sécher les larmes qui coulent sur ses joues. », a confié Sophie Pétronin. Au point d’entamer des démarches pour obtenir un visa et repartir au Mali. Sans succès, et ce, à plusieurs reprises, jusqu’à pousser la septuagénaire à mettre au point un plan complexe.
Comme le décrivent nos confrères français de France International, Sophie Pétronin et son fils sont ainsi partis depuis Genève, au printemps dernier, pour le Sénégal. Un pays de l’Afrique de l’Ouest qui ne réclame pas de visa pour entrer sur son territoire et où le duo prétextait partir en vacances. De là a suivi un périple sur la route, en bus et en moto-taxi appelée Zémidjan ici au Bénin, pour gagner Bamako sans cacher son identité, puisqu’elle n’était pas visée par un mandat d’arrêt international ou recherchée par une juridiction africaine. Et cela en traversant notamment la frontière entre le Mali et le Sénégal grâce à des douaniers particulièrement coopératifs, comme l’intéressée l’a encore raconté. Depuis le mois de mars dernier, elle résidait paisiblement dans la capitale malienne, Bamako, avec la bénédiction d’autorités religieuses. Et donc, jusqu’à l’avis de recherche encore non justifié lancé par la gendarmerie malienne, avec l’assentiment aussi des autorités locales comme françaises, évidemment au courant de sa présence à Bamako. Reste désormais à expliquer (y compris pour les journalistes en contact régulier avec l’humanitaire) le revirement de l’avis de recherche. « Nous avons des préoccupations et des questions à lui poser. », a simplement daigné expliquer le service de communication du ministère malien de la Sécurité publique.
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