Photo : Le gouverneur de la Virgine, Glenn Youngkin, à Chantilly, ce mardi 2 novembre
Coup dur pour Joe Biden. Le républicain Glenn Youngkin a réussi à remporter le poste de gouverneur de l’État de Virginie, ce mercredi 3 novembre, selon les projections des télévisions américaines, à l’issue d’un scrutin considéré comme un test pour les démocrates et le président américain. Après le décompte de plus de 95% des votes, l’homme d’affaires de 54 ans, sans expérience politique, devance de 2,7 points d’avance son adversaire, Terry McAuliffe, 64 ans, ancien gouverneur de cet État de l’Est des États-Unis (2014-2018). « Nous avons gagné. », a-t-il lancé devant ses partisans en liesse au milieu de la nuit, évoquant un « moment déterminant » qui allait « changer la trajectoire » de la Virginie après huit ans de contrôle démocrate. Glenn Youngkin, qui a emporté le vote rural traditionnellement conservateur, a aussi réussi de bons scores dans les fiefs démocrates du Nord de l’État. Jusqu’au bout, les démocrates ont voulu croire à leur victoire : « nous allons continuer à compter les bulletins de vote parce que tous les habitants de Virginie méritent que leur vote soit compté. », a affirmé Terry McAuliffe devant ses supporteurs en fin de soirée. « Le combat continue. », a lancé ce vétéran de la politique, qui a reçu le soutien des poids lourds du parti pendant la campagne. « Nous allons gagner » cette élection même si elle est « serrée » , avait encore affirmé avant la fermeture des bureaux de vote Joe Biden depuis Glasgow, où il participe à la COP26. Ce scrutin était considéré comme un baromètre du soutien à la politique du président américain, même s’il s’en est défendu. Joe Biden avait fait 54,33% en 2020 dans cet État de la côte-Est des États-Unis.
La popularité du président s’est effritée depuis le chaotique retrait américain d’Afghanistan. Et ses grands plans d’investissements (l’un dans les infrastructures, l’autre sur un volet social et climatique) sont bloqués au Congrès, victimes de dissensions entre les démocrates. La victoire de Glenn Youngkin offre aux républicains une stratégie pour reconquérir le Congrès, où les démocrates disposent d’une majorité fragile, aux élections de mi-mandat en novembre 2022. La large avance de Terry McAuliffe a fondu en quelques semaines dans cet État qui avait pourtant massivement voté pour Joe Biden lors de la présidentielle il y a juste un an. Terry McAuliffe, dont l’électorat est essentiellement urbain, avait mis en garde contre une victoire républicaine qui rimerait avec « quatre ans de théories du complot et de politique extrémiste ». Glenn Youngkin a misé sur la popularité de Donald Trump, dont il a reçu le soutien, sans reprendre les prises de position les plus outrancières de l’ancien président pour ne pas effrayer les modérés et les indépendants. L’ancien président américain s’est d’ailleurs félicité de la victoire de Youngkin dans un communiqué publié ce mercredi 3 novembre. Une victoire qu’il a largement attribuée à… lui-même. Le candidat démocrate McAuliffe aurait tellement parlé de Trump, que cela aurait contribué à renforcer la position de Youngkin. « Il semblerait que la campagne de Terry McAuliffe contre une certaine personne nommée ‘Trump’ a beaucoup aidé Glenn Youngkin. », s’est amusé Trump.
Opposé au port obligatoire du masque et à l’obligation de vaccination pour les enfants ou pour certaines professions, il a axé avec succès sa campagne sur l’éducation, assurant que les parents devaient avoir une influence sur les programmes scolaires de leurs enfants. « Nous allons introduire la possibilité de choisir au sein de notre système scolaire publique et des programmes qui écoutent les parents. », a-t-il promis à ses partisans après sa victoire. Il combat farouchement l’enseignement de « la théorie critique de la race », courant de pensée qui analyse le racisme comme un système plutôt qu’au niveau des préjugés individuels, même si les démocrates assurent que cette théorie ne fait pas partie du programme en Virginie. Et il est accusé de chercher à bannir des écoles certains livres d’auteurs noirs, comme le classique de la littérature « Beloved » de Toni Morrison, ce que le républicain nie. La question du racisme est très sensible dans cet État dont le passé esclavagiste fait régulièrement l’objet de débats brûlants. Catherine Jimenez, responsable locale du parti républicain à Falls Church, dans le Nord de l’État, a estimé que les adversaires de Glenn Youngkin voulaient le dépeindre en « quelqu’un qu’il faut haïr ». Dans l’élection du gouverneur-adjoint, la républicaine Winsome Sears, une afro-américaine, était aussi en passe de remporter une victoire historique en devenant la première femme issue des minorités à cette fonction. Un républicain était également en tête de l’élection pour le poste de gouverneur du New Jersey, selon des résultats partiels. Jack Ciattarelli devançait de deux points le démocrate Phil Murphy, qui brigue un second mandat. Il convient de souligner que les démocrates ont toutefois emporté une victoire attendue avec l’élection d’Eric Adams, un afro-américain, ancien policier et syndicaliste antiraciste, comme prochain maire de New York.
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