Photo : Le président français Emmanuel Macron, à Paris, ce vendredi 31 décembre
Ce vendredi 31 décembre, alors que les français s’apprêtent à célébrer le Nouvel An partout dans le monde, leur président Emmanuel Macron a adressé ses traditionnels (et derniers) vœux à la Nation. « Optimiste » et surtout tourné vers l’avenir, le locataire sortant et candidat (même si l’a toujours pas officialisée) à sa propre succession à l’Élysée, n’est pas à son dernier exercice républicain. Du moins s’agissant de ce quinquennat, car le chef de l’État français s’est assez rapidement mis dans le costume de celui qui voit au-delà du mois d’avril 2022. Durant une première phase consacrée à la crise sanitaire, entre un hommage appuyé aux soignants, une pensée « aux 123.000 compatriotes qui ont perdu la vie » et un appel solennel aux « cinq millions de non-vaccinés » à « accomplir ce geste simple », le chef de l’État s’est dit convaincu que 2022 « sera l’année de sortie de l’épidémie ».
Une façon pour le locataire de l’Élysée de se projeter fissa au-delà de l’élection présidentielle. « Je suis résolument optimiste pour l’année qui vient, mais pas seulement l’année 2022, également pour les années qui viennent. », a déclaré Emmanuel Macron, avant de vanter de son bilan durant de longues minutes. « Nous n’avons cessé d’œuvrer pour attirer des entreprises et des investissements, ouvrir des usines, créer des emplois. Jamais, depuis 15 ans, le chômage n’avait été aussi bas. », a enchaîné Emmanuel Macron, avant de saluer d’autres dispositifs lancés en dépit du Coronavirus, comme le programme « un jeune une solution, qui a accompagné en un an et demi plus de trois millions de Français vers l’emploi ou la formation ». Contrat d’engagement jeune, réforme de l’assurance chômage, chèque énergie… Autant de mesures débitées « à la cavalcade » par Emmanuel Macron, qui a insisté: « la France, malgré les épreuves, est aujourd’hui plus forte qu’il y a deux ans ».
Louant « l’esprit de résistance » du peuple français (une allusion discrète à un thème développé lors d’un précédent hommage au général De Gaulle), le président de la République française a progressivement abandonné l’imparfait pour s’exprimer au futur afin d’ouvrir le chapitre de la présidence française de l’Union Européenne (UE) mais, surtout, envoyer des signaux politiques concernant « l’année décisive » qui s’ouvre. « Nous aurons donc des choix majeurs à faire, pour notre nation, que nous ferons avec la conviction que la France a un chemin singulier, unique à poursuivre. Nous les ferons en restant fidèle à l’esprit de résistance, à l’esprit de tolérance. », a déclaré Emmanuel Macron. Une référence à peine voilée au climat politique de cette précampagne présidentielle, marquée notamment par l’irruption du candidat nationaliste Éric Zemmour. Ce volet politique n’a, sans surprise, pas manqué de faire bondir l’opposition.
« D’abord un président secouriste. Et ensuite le discours du répondeur automatique du siège de LREM. Mon vœu : que ce soit la dernière fois. », a grincé Jean-Luc Mélenchon. « Les vœux du Président Macron sont ceux d’un président déjà candidat mais toujours hors sol, d’un président enfermé dans le déni. », a renchéri le patron d’EELV Julien Bayou, quand le directeur de la communication de Valérie Pécresse, Geoffroy Didier, a fustigé des « vœux de propagande ». Pour autant, le chef de l’État français a volontairement entretenu le suspens sur sa candidature. Tout juste, comme un ultime message subliminal, s’est-il laissé aller à un commentaire, convoquant l’imaginaire du rempart à l’extrême droite, en citant l’historien Marc Bloch : « et de la France, notre patrie, nul ne saura déraciner mon cœur ». Reste à savoir si citer un livre intitulé L’Étrange défaite est une bonne idée pour qui veut se lancer dans une compétition électorale.
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