Le déplacement du président français, Emmanuel Macron, à Belfort, jeudi 10 février prochain, sur le rôle de l’atome en France, recevra un accueil plus que plus que chaleureux. En effet, le Conseil d’Administration (CA) de l’Énergie de France (EDF) a franchi une étape ce lundi 7 février, vers un achat des activités nucléaires de General Electric (GE). Après plusieurs mois de négociation entre le groupe américain et l’électricien français, le dossier a eu un aboutissement heureux, grâce bien sûr à la contrainte exercée par le gouvernement français. Il a fallu attendre sept ans, après le rachat controversé de la branche énergie d’Alstom par GE, promu par Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie sous la gouvernance de l’ancien président français François Hollande. Sept bonnes années pour voir les activités nucléaires du géant américain en énergies renouvelables se préparent à regagner le giron du groupe énergétique français. Ceci, à la faveur d’une relance du programme nucléaire national.
Au printemps 2021, sur fond de plan social annoncé dans la branche nucléaire de GE, le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire annonçait rechercher « une solution française pour les turbines Arabelle », produites par l’américain, afin de « sécuriser cet actif unique, les compétences qui vont avec et qui sont indispensables à notre avenir énergétique ». Quelle vision cachée derrière cette opération de l’État français ? « Une telle opération permettrait de conforter la capacité d’EDF à construire l’avenir de notre système énergétique, et répondrait pleinement à notre ambition industrielle en faveur de cette filière stratégique. », expliquait Bruno Le Maire en septembre dernier, au moment de l’officialisation des discussions entre les deux groupes. Quatre mois plus tard, les deux groupes se sont accordés pour qu’EDF débourse 273 millions de dollars afin de reprendre l’activité de turbines, dont 73 millions de dettes, selon les Echos. Le groupe est dans les faits valorisé environ 1 milliard de dollars, précise une source proche du dossier, mais bénéficie de trésorerie liée à des avances sur contrats.
Selon plusieurs sources, Le Conseil d’Administration d’EDF a eu lieu lundi en fin de journée, mais n’était pas encore décisif. « C’est un protocole d’accord engageant à continuer les négociations qui a été présenté. », a précisé l’une de ces sources à l’issue du Conseil. Ces avancées interviennent alors qu’un déplacement du chef de l’État français, Emmanuel Macron, est prévu jeudi à Belfort, « sur le thème du nucléaire », indique l’Élysée. Le Territoire accueille le principal site de GEAST, où sont fabriquées les turbines Arabelle qui équipent les centrales nucléaires françaises et bien d’autres à l’étranger. À en croire GE, GEAST emploie 3.400 personnes (aux trois quarts en France), dans la fabrication des turbines et leur maintenance. « EDF, dont les capacités financières sont par ailleurs tendues, était réticent au départ », rappelle une source proche du dossier, son métier étant de produire et vendre de l’électricité comme « architecte ensemblier » de centrales et non fabricant de pièces. « Il n’y avait pas pour eux de logique industrielle car ils pouvaient mettre en concurrence GEAST et Siemens et jouer sur les coûts. », explique la même source.
Mais avec cette acquisition, EDF reçoit en retour le feu vert pour des commandes de turbines, soit « plusieurs milliards d’euros », avec en outre le renouvellement d’un parc nucléaire français en fin de vie, ajoute cette source. Du côté du groupe américain, c’est une bonne note. « GEAST compte à ce jour un carnet de commandes d’une valeur de 5,5 milliards de dollars, contre 500 millions en 2015. », assure-t-on chez GE. Pour ce qui est de la France, Emmanuel Macron avait annoncé début novembre dernier, que le pays s’apprêtait à lancer la construction de réacteurs, une vingtaine d’années après la mise en service des derniers, mais il n’a depuis donné aucun détail sur ce projet. À souligner qu’EDF a déjà remis à l’État français une proposition pour construire six réacteurs EPR2 (version améliorée de l’EPR) pour une cinquantaine de milliards d’euros. Son PDG ne cesse de dire qu’« il est désormais urgent de lancer des actions concrètes ». L’exécutif français a évoqué une première mise en service d’EPR2 « en 2035-2037 », mais sans encore préciser les contours de ces futurs chantiers.
Quelles sont les principaux points sur lesquelles Emmanuel Macron, locataire sortant et candidat à sa propre succession à l’Élysée, mais toujours par encore officialiser, va intervenir dans 48 heures ? « Le président devrait parler décarbonation, énergies et faire des annonces au sujet du nucléaire, jeudi à Belfort, terre d’industries en lien avec la production énergétique. », confie la source proche du dossier. Pour la CGT, « si la sortie de GE peut être perçue par une partie des salariés comme une espérance d’un renouveau, il convient de s’interroger sur sa finalité industrielle. », note le syndicat, qui appelle à « engager un programme palier d’EPR2, en parallèle de la prolongation des réacteurs actuels ». Il faut relever que la France, qui tire environ 70% de son électricité de l’atome, un record mondial, construit actuellement sur son sol un seul réacteur EPR, à Flamanville (Manche), qui a rencontré des déboires multiples, source de retards et rallonges budgétaires.
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